[Série] Terrorisme : de Kafolo à Tengrela, comment la Côte d’Ivoire fait face à la menace (2/4)

« Les visages du Nord » (2/4). En juin 2020, la première attaque dans le Nord fut considérée comme un tournant dans la lutte contre le jihadisme. Six mois plus tard, l’armée a ajusté sa riposte, mais la menace demeure insaisissable.

Une centaine de militaires sont désormais stationnés à Kafolo – un autre groupe est positionné un peu plus loin, à Bavé (photo d’illustration). © SIA KAMBOU/AFP

Une centaine de militaires sont désormais stationnés à Kafolo – un autre groupe est positionné un peu plus loin, à Bavé (photo d’illustration). © SIA KAMBOU/AFP

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Publié le 27 janvier 2021 Lecture : 10 minutes.

C’est un préfabriqué vert pastel au milieu d’un terrain vague, comme abandonné à la va-vite. Le bâtiment est criblé de balles, ses portes ont été arrachées. À l’intérieur, plusieurs dizaines de lits de camp ont été laissés là. Une sandale, une paire de lunettes de soleil cassée, des boîtes de conserve, des canettes de Cody’s et quelques casseroles jonchent le sol… Il y a quelques mois encore, ce camp assez sommaire, situé à l’entrée sud de Kafolo, dans le nord-est de la Côte d’Ivoire, accueillait un détachement de l’armée. Dans la nuit du 10 au 11 juin, il a été la cible d’une violente attaque jihadiste, au cours de laquelle quatorze militaires ont péri. La deuxième en territoire ivoirien, après celle de Grand-Bassam en mars 2016, mais la première du genre dans cette région frontalière avec le Burkina Faso.

Devoir accompli

Cela faisait plusieurs mois que la menace se rapprochait. En juin 2019, plusieurs personnes suspectes avaient été signalées dans la zone de Ouangolodougou. D’autres l’avaient ensuite été vers Nasian. L’armée avait alors déclenché l’opération Frontière étanche et dépêché des renforts dans le Nord. Dans les jours précédant l’attaque, le chef d’état-major avait décroché son téléphone pour prévenir le camp d’un risque d’attaque imminent. Le jour même, une patrouille avait été menée, sans rien relever de particulier, et la troupe était partie se coucher avec le sentiment du devoir accompli.

Quelques heures plus tard, dans la nuit noire, les habitants sont réveillés par des tirs nourris. Il est 3 h 02. Les assaillants sont une quarantaine. Certains ont traversé le fleuve Comoé à la nage, d’autres sont arrivés à moto, mais la majorité se déplace à pied. Ils sont divisés en trois groupes.

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