Cameroun – Joshua Osih : « Le SDF ne collabore pas avec Paul Biya »

Contesté par l’aile dure du Social Democratic Front (SDF), qui réclame une stratégie plus offensive vis-à-vis du pouvoir, Joshua Osih se défend et insiste sur la nécessité de jouer le jeu démocratique pour peser face au chef de l’État.

Joshua Osih, le 31 août 2018 au siège de Jeune Afrique, à Paris. © Francois Grivelet pour JA

Joshua Osih, le 31 août 2018 au siège de Jeune Afrique, à Paris. © Francois Grivelet pour JA

Franck Foute © Franck Foute

Publié le 23 mars 2021 Lecture : 6 minutes.

Pour Joshua Osih, le répit aura été de très courte durée. Il a certes été reconduit au poste de questeur du bureau de l’Assemblée nationale le 18 mars. Mais trois jours plus tard, les tensions qui secouent son parti, le Social Democratic Front (SDF), ont été ravivées par des militants, réunis au sein du comité exécutif régional du Littoral. Parmi eux : le député de Douala, l’influent Jean-Michel Nintcheu, qui ne fait pas mystère de ses ambitions. Déterminé à succéder à John Fru Ndi, l’emblématique chairman, Nintcheu conteste depuis des mois le leadership d’Osih, qui avait été choisi pour porter les couleurs du SDF lors de la dernière élection présidentielle.

Au cours d’une assemblée extraordinaire tenue au domicile de Nintcheu, et à laquelle Osih n’a pas pris part, les militants du SDF ont condamné le fait que ce dernier a signé une pétition adressée aux parlementaires américains au sujet de l’expulsion des Camerounais présents illégalement aux États-Unis – texte par ailleurs majoritairement endossé par des élus du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir). « Le comité exécutif régional constate l’auto-exclusion [de Joshua Osih] conformément aux statuts du parti », en ont conclu les participants à cette réunion.

Cette décision n’a aucune valeur contraignante, jusqu’à son éventuel examen par le Comité exécutif national (NEC), mais elle est hautement symbolique dans la bataille pour la direction du parti. Qu’en pense Joshua Osih ? Regrette-t-il d’avoir signé cette pétition qui a défrayé la chronique ?  Se sent-il menacé par les frondeurs ? Pourrait-il collaborer avec Paul Biya ? Interview.

Jeune Afrique : Était-il opportun, pour les parlementaires du SDF, de s’associer à cette lettre adressée à leurs homologues américains au sujet du rapatriement des demandeurs d’asile camerounais ?

Joshua Osih : Cette lettre a été initiée par l’Assemblée nationale, sous la coordination de l’un de ses vice-présidents [Hilarion Etong]. C’est lui qui a mobilisé les députés qui étaient présents à Yaoundé durant l’intersession et qui les a consultés. Ce document était nécessaire parce que, depuis quatre ans, nous interpelons l’administration américaine sur le fait qu’il y a beaucoup trop de personnes qui, depuis les États-Unis, alimentent la guerre dans les régions anglophones du Cameroun, que ce soit par le biais de financements ou via des activités de propagande.

Les États-Unis ont le devoir de respecter les textes internationaux qui régissent la lutte contre la criminalité transfrontalière

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