Présidentielle au Bénin : Patrice Talon, un candidat seul face à lui-même ?

Le « président-patron » est candidat à un second mandat, avec un bilan économique honorable compte tenu du contexte de crise mondiale. Face à lui, une opposition affaiblie, profondément bousculée par les réformes politiques, dénonce un scrutin joué d’avance.

Le président Talon en tournée présidentielle, durant son étape à Cotonou. © Présidence de la République du Bénin

Le président Talon en tournée présidentielle, durant son étape à Cotonou. © Présidence de la République du Bénin

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Publié le 16 janvier 2021 Lecture : 8 minutes.

Une affiche du président béninois Patrice Talon, en tournée à Ouidah, le 8 décembre 2020. © Présidence béninoise
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Bénin : doit (encore) mieux faire

Les progrès réalisés ces dernières années ont permis au pays d’éviter la récession malgré le Covid-19. Mais le prochain président aura la lourde tâche de maintenir cet élan et de renouer le dialogue entre majorité et opposition pour rendre sa vigueur à la démocratie béninoise.

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« Je serai candidat pour défendre la démocratie, nos libertés et la bonne gouvernance. » Depuis Adjohoun, dans l’Ouémé, Patrice Talon a officialisé vendredi 15 janvier son intention de briguer un deuxième mandat, le 11 avril prochain. Une candidature « pour rendre durable la bonne gouvernance jusqu’à ce que cela soit un acquis pour chacun et pour tous », a-t-il affirmé, affichant sa volonté de « rester dans la dynamique ».

Cette annonce met fin à un faux suspens entretenu depuis plusieurs semaines.

Mi-décembre, seul sur la scène du Palais des Congrès de Cotonou, qu’il arpente d’un pas nonchalant, visiblement à l’aise, Patrice Talon s’adresse à la salle comme le ferait un patron de la Silicone Valley. Ministres, députés, élus locaux, représentants des corps constitués, des partis de la mouvance présidentielle… À voir le public, on pouvait alors déjà penser à un discours d’investiture à la présidentielle. Mais Patrice Talon n’est alors pas encore — officiellement — candidat.

Dans sa veste saharienne couleur sable claire, sans notes et sans bafouiller, le président béninois conduit le show d’une main de maître pendant près de deux heures, ne faisant une pause que le temps de laisser Wilfried Houngbedji, son responsable de la communication, énumérer les chantiers et réformes conduites au cours du mandat qui s’achève.

Qu’était, en somme, le Plan d’action du gouvernement (PAG), feuille de route de l’exécutif ? Un moyen de « prouver enfin que nous ne sommes pas condamnés à la pauvreté », lance celui qui, quelques semaines auparavant, assumait dans un entretien à Jeune Afrique avoir « pris le risque d’être impopulaire ». Mais en ce 14 décembre, l’heure est au contraire à la séduction. À la reddition des comptes, même. Le discours est d’autant plus rôdé que, depuis le 12 novembre, Patrice Talon s’est lancé dans une tournée marathon qui l’a conduit aux quatre coins du pays. Fidèle à son image de président-patron, le PDG de Bénin S.A. en a profité, à chaque étape, pour dresser le bilan comptable des travaux réalisés et assurer que ce qui n’avait pas encore été fait le sera bientôt. Mais ce dont il se proclame le plus fier, c’est d’avoir « créé une dynamique ».

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