Émirats arabes unis – Jalel Harchaoui : « Au Maghreb, MBZ veut jouer le rôle d’aîné »

Aussi bien sur le plan politique qu’économique, l’influence des Émirats Arabes Unis et de son puissant émir Mohammed bin Zayed est de plus en plus grande au Maghreb. Chercheur au Clingendael Institute, Jalel Harchaoui, décrypte pourJeune Afrique cette nouvelle hégémonie régionale.

Mohamed bin Zayed al-Nahyan (MbZ), le prince héritier d’Abou Dhabi. © Alexei Nikolsky/TASS/Sipa USA/SIPA

Mohamed bin Zayed al-Nahyan (MbZ), le prince héritier d’Abou Dhabi. © Alexei Nikolsky/TASS/Sipa USA/SIPA

Publié le 16 mars 2020 Lecture : 4 minutes.

Depuis les soulèvements arabes de 2011, le Maghreb est devenu une région stratégique pour les pays du Golfe, et en particulier pour les Émirats arabes unis, qui mobilisent leur impressionnante force de frappe financière et leurs réseaux diplomatiques pour s’acheter de l’influence. De la Tunisie au Maroc, en passant par le Maroc et la Libye, leur priorité est d’empêcher l’islam politique de gagner du terrain.

Mais au-delà du réflexe sécuritaire, les Émirats ont également à l’œil les opportunités économiques offertes par lesÉtats qui bordent la côte nord de l’Afrique. Leur emplacement géographique idéal est propice au développement d’infrastructures portuaires, qui est le cœur de métier de Dubaï et de sa compagnie DP World.

Ces derniers mois, le gouvernement émirien semble plus actif que jamais au Maghreb, multipliant les visites d’état au Maroc, en Algérie, tandis que son soutien au maréchal Haftar, sur le théâtre de la guerre libyenne, ne faiblit pas. Récemment, la Mauritanie a rejoint le ballet des états courtisés par Abu Dhabi, qui a promis 2 milliards pour le développement de ce pays clé dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Décryptage avec Jalel Harchaoui, chercheur en sciences politiques au Clingendael Institute.

Jeune Afrique : Les Émirats arabes unis semblent, pour l’instant, être sur tous les fronts au Maghreb. Entre les deux milliards accordés à la Mauritanie, le soutien actif au maréchal Khalifa Haftar en Libye et les visites d’état au Maroc et en Algérie, quelle est la stratégie émirienne dans cette région ?

Jalel Harchaoui : On peut parler d’hégémonie régionale, qui n’est pas forcément un terme impérialiste, mais qui traduit plutôt un sentiment de responsabilité, une volonté de superviser la dynamique dans les différentes capitales.

Les Émirats veulent sélectionner les modèles de gouvernance autorisés à survivre dans la région

Les Émirats, désormais, veulent jouer le rôle d’aîné, de celui qui veut sélectionner les modèles de gouvernance autorisés à survivre dans la région. Ils ont une vision profonde de la direction à prendre et tentent d’influer en employant des moyens différents d’un théâtre à l’autre.

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