Algérie : les « prudentes » recommandations du FMI aux équipes d’Abdelmadjid Tebboune

Soulignant qu’il est « urgent de rétablir une stabilité macroéconomique » dans le pays, le FMI a adressé plusieurs conseils sur les politiques budgétaire, fiscale et de change d’Alger.

Le président Abdelmadjid Tebboune, lors d’une conférence de presse, en décembre 2019. © Fateh Guidoum/AP/SIPA

Le président Abdelmadjid Tebboune, lors d’une conférence de presse, en décembre 2019. © Fateh Guidoum/AP/SIPA

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Publié le 8 octobre 2021 Lecture : 3 minutes.

Suite à une visioconférence entre les autorités algériennes et le Fond monétaire international (FMI), Geneviève Verdier, chef de division pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale, a rendu compte de ses conclusions préliminaires.

Creusement des déficits budgétaire et extérieur, croissance en dents de scie, passée de 0,8 % en 2019 à -4,9 % en 2020 mais qui devrait remonter à +3 % cette année, inflation de 4,1 % en moyenne annuelle…

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Ces résultats sont des dommages collatéraux de la pandémie mais aussi le reflet de la baisse concomitante de production et des prix du baril de pétrole.

Ajustement budgétaire général

Pour venir à bout de ces déséquilibres macroéconomiques, le FMI préconise un ajustement budgétaire général qui devrait être entamé en 2022 et « s’échelonner sur plusieurs années » afin de « maintenir la viabilité de la dette ».

Alger doit renforcer la résilience de son économie aux chocs externes

Cet ajustement devrait s’accompagner de politiques « visant à améliorer le recouvrement des recettes, à réduire les dépenses et à accroître leur efficacité ». Mais aussi de l’interdiction de recourir à la « planche à billets » pour endiguer l’inflation périlleusement en hausse et « l’épuisement rapide des réserves de change » qui sont passées de 62,8 milliards de dollars en 2019 à 48,2 milliards de dollars à la fin de 2020, selon le FMI.

Réserves internationales brutes détenues par la Banque centrale en Algérie, en dollars américains. Source : FMI © Réserves internationales brutes détenues par la Banque centrale en Algérie, en dollars américains. Source : FMI

Réserves internationales brutes détenues par la Banque centrale en Algérie, en dollars américains. Source : FMI © Réserves internationales brutes détenues par la Banque centrale en Algérie, en dollars américains. Source : FMI

L’institution recommande également à Alger de miser sur une meilleure flexibilité du taux de change pour « renforcer la résilience de l’économie aux chocs externes ».

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En effet, comme le souligne l’institution de Bretton Woods, la persistance de déficits budgétaires élevés engendrerait des « besoins de financement sans précédent, épuiserait les réserves de change, et présenterait des risques pour l’inflation », ce qui aurait des conséquences négatives sur la croissance. Des indicateurs qui justifient « l’urgence » d’agir.

Recours au financement extérieur

Pour financer tous ces ajustements, Geneviève Verdier et son équipe conseillent à Alger de diversifier ses sources de financement budgétaire ; notamment à travers des emprunts extérieurs. Un recours auquel le pays s’est refusé depuis le début des années 1990. Selon un communiqué officiel paru en juillet 2021, la présidence est fière du « non-recours à l’endettement extérieur, contrairement aux multiples prévisions fixant la fin de 2020 et le début de 2021 comme date de recours à cette mesure ». Le chef de l’État algérien avait d’ailleurs insisté sur l’importance d’« emprunter auprès des citoyens plutôt qu’auprès du FMI ou de la Banque mondiale ».

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En effet, depuis 2005, la dette extérieure algérienne est inférieure à 5 % du PIB.

Dette extérieure en Algérie % du PIB. Source : FMI - FRED Economic Data © Dette extérieure en Algérie en % du PIB. Source : FMI – FRED Economic Data

Dette extérieure en Algérie % du PIB. Source : FMI - FRED Economic Data © Dette extérieure en Algérie en % du PIB. Source : FMI – FRED Economic Data

« Dans un contexte de réduction des projets d’investissements décidée en 2020, et des politiques actuelles qui limiteraient le crédit au secteur privé, la croissance devrait s’essouffler » peut-on lire dans le document du FMI.

La mission et les autorités estiment que, pour atteindre un niveau satisfaisant de croissance, l’Algérie devra, en plus des mesures macroéconomiques, mettre en place des réformes majeures. Ces dernières devront avoir pour objectif de « renforcer la transparence et la gouvernance des institutions juridiques, budgétaires et monétaires dans l’ensemble du secteur public » et de réduire les obstacles à l’entrée dans l’économie formelle.

De bons points pour Alger

Malgré les déséquilibres mis en avant, le FMI salue certaines mesures opportunes instaurées par Alger. Notamment les reports d’impôts, les réductions du taux directeur de la banque centrale et du ratio de réserves obligatoires, les allocations chômage et les transferts ponctuels adressés aux ménages à faible revenu, l’augmentation des dépenses liées à la santé, mais aussi l’assouplissement des règles prudentielles pour les banques.

Même si elles ne se sont pas avérées suffisantes pour compenser les vulnérabilités structurelles du pays, ces mesures ont permis de « protéger » son économie, admet le FMI.

Le Fonds a également salué les efforts déployés pour réduire les restrictions aux investissements directs à l’étranger (IDE) et les plans de modernisation du cadre juridique de l’investissement et de la concurrence. Selon les représentants de l’institution internationale, les changements présentés ouvriront la voie à une diversification de l’économie, favoriseront l’investissement du secteur privé et la création d’emplois, tout en réduisant la dépendance de l’Algérie aux hydrocarbures.

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