Présidence de la CAF : Patrice Motsepe poussé par la Fifa, Jacques Anouma ne s’avoue pas vaincu

Dernière ligne droite, et dernières négociations, dans la course à la présidence de la Confédération africaine de football. Tandis que le milliardaire sud-africain Patrice Motsepe profite du ralliement du Sénégalais Augustin Senghor et du Mauritanien Ahmed Yahya, l’Ivoirien Jacques Anouma ne s’avoue pas vaincu.

Patrice Mostepe et Jacques Anouma, tous deux candidats à la présidence de la CAF. © Photos : Reuters

Patrice Mostepe et Jacques Anouma, tous deux candidats à la présidence de la CAF. © Photos : Reuters

Alexis Billebault

Publié le 4 mars 2021 Lecture : 4 minutes.

Il reste à peine plus d’une semaine avant que les présidents des 54 fédérations qui forment la Confédération africaine de football (CAF) ne se retrouvent à Rabat, vendredi 12 mars, pour élire celui qui présidera l’instance durant les quatre prochaines années. À mesure que l’échéance approche, les évènements s’accélèrent, entre batailles d’influence entre les candidats en lice et alliances de circonstance.

Le dernier épisode de cette campagne riche en rebondissements est la décision de la Fédération sénégalaise de football (FSF), mercredi 3 mars, de valider le « protocole de Rabat ». Augustin Senghor, président de la Fédération sénégalaise qui était jusque-là en lice pour la présidence de la CAF, accepte donc de faire un pas de côté et de se ranger derrière la candidature du Sud-Africain Patrice Motsepe, dont il serait le vice-président en cas d’élection.

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Mais si ce retrait a été entériné à l’issue d’une réunion du comité d’urgence de la FSF, composé de sept membres, le principe en avait en fait été acquis lors de la rencontre des 27 et 28 février à Rabat. Gianni Infantino, le président de la Fédération internationale de football association (Fifa), y avait envoyé deux émissaires,  le Congolais Véron Mosengo Omba et le Suédois Mattias Grafström, pour demander aux quatre candidats en lice de s’entendre. Augustin Senghor, Jacques Anouma, Ahmed Yahya et Patrice Motsepe se sont vu proposer le « deal » suivant, sous réserve de parvenir à un consensus autour d’un programme commun : la présidence pour Motsepe, Senghor premier vice-président, Yahya deuxième vice-président et Anouma conseiller spécial du président.

Le Mauritanien a, lui aussi, donné son accord et en a informé son gouvernement. Ahmed Yahya doit cependant encore l’officialiser. Ce sera le cas samedi 6 mars à Nouakchott, en marge de la finale de la Coupe d’Afrique des nations des moins de 20 ans (CAN-U20), que la Mauritanie organise.

Anouma fait de la résistance

Jacques Anouma, au contraire, refuse de se ranger derrière le « consensus » proposé par Infantino. « Il aurait en outre très mal vécu la fameuse “réunion de Rabat”. Il ne s’attendait pas à ce que Motsepe soit là », assure un membre du comité exécutif de la CAF sous couvert d’anonymat. La même source précise également que « dans l’entourage [d’Anouma], mais aussi plus largement à la tête de plusieurs fédérations africaines, il y a du monde pour l’encourager à maintenir sa candidature à la présidence. »

Jacques Anouma ne cache pas sa colère, et n’hésite pas à la faire savoir. « Ce qui se passe n’est pas trop démocratique, on impose aux électeurs un schéma. Qui vous dit qu’ils sont preneurs ? » a-t-il notamment réagi auprès de l’AFP mercredi, le jour où la FSF a officialisé le ralliement de Senghor à la candidature de Motsepe. « Je consulte, j’explique à ceux qui me soutiennent, tant en Côte d’Ivoire qu’au niveau international. Mais la décision finale de me présenter ou non m’appartient », précise l’Ivoirien contacté ce jeudi 4 mars par Jeune Afrique. « Je serai bien présent à Nouakchott. Il y a eu une réunion à Rabat, mais ce qui compte, c’est ce que pensent les votants », ajoute Anouma, qui se trouve actuellement à Ouagadougou où il a rencontré Lazare Banssé, le président de la Fédération burkinabè de football (FBF).

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Une posture qui fait craindre à la Fifa qu’Anouma ne torpille sa stratégie en décidant de maintenir sa candidature, le 12 mars. À la suite d’un article paru sur le site insideworldfootball.com affirmant que l’État ivoirien lui avait apporté un soutien financier de 15 millions d’euros, la Fifa lui a demandé des éclaircissements. Anouma, qui estime que l’injonction ne doit rien au hasard, affirme y avoir répondu « dans les délais » et assure qu’il « ne reçoit pas d’argent des autorités de son pays », lesquelles se bornent, à l’en croire, « à mener des actions diplomatiques et relationnelles » pour promouvoir sa candidature. Anouma, qui sera également présent à Nouakchott samedi, le jour où doit théoriquement être officialisé le « protocole de Rabat », espère profiter de l’occasion pour convaincre des présidents de fédération de se rallier à sa candidature.

Le cas Ahmad Ahmad

Reste, en outre, l’inconnue persistante du cas Ahmad Ahmad. Suspendu pour cinq ans de toute activité liée au football au niveau national ou international par la Commission d’éthique indépendante de la Fifa le 23 novembre dernier, sur fond de soupçons de détournements de fonds et d’abus de pouvoir, le Malgache est redevenu président de la CAF à la faveur d’une décision du Tribunal arbitral du sport (TAS) du 20 janvier.

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Il devra cependant attendre pour être fixé sur son sort : le président sortant de la CAF attend en effet les résultats de la procédure rapide engagée par le TAS le 2 mars. Toutefois, même en cas de décision en sa faveur, il semble peu probable que le Malgache, qui a retrouvé Mahajunga, sa ville natale, depuis plusieurs mois, se lance dans la bataille. « Il n’a pas pu faire campagne, et on se demande surtout s’il a vraiment envie d’y aller », glisse l’un de ses proches. Le TAS a promis de se prononcer avant le 12 mars.

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