[Chronique] RDC : Joseph Kabila coûte-t-il trop cher ?

Alors que la présidence congolaise enregistre des dépassements budgétaires importants, les partisans de Félix Tshisekedi pointent du doigt la pension d’ancien chef de l’État de Joseph Kabila.

 © Damien Glez

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Publié le 25 novembre 2020 Lecture : 2 minutes.

Les instituts d’études politiques africains devraient créer un module « Politique en RDC », tant l’histoire récente de l’ex-Zaïre concentre tous les ingrédients que l’on retrouve dans la vie publique de nombreuses nations du continent. Encore « jeune », le taiseux Kabila, pourrait bien, en cette matière, animer des masterclasses. Machiavel ne renierait pas cet orfèvre politicien, celui que ses opposants avaient cru ne pas pouvoir écarter avant de penser qu’il l’avait fait et de constater que… pas vraiment.

En 2018, après avoir propulsé le leurre Emmanuel Ramazani Shadary en Medvedev poutinien, Kabila a embarqué le Cach tshisekedien dans un storytelling qui esquissera son omniprésence parcimonieuse. « Autorité morale » de la majorité à l’Assemblée nationale et vrai-faux allié de l’exécutif, le secret sénateur à vie continue de tisser sa toile sous les yeux de politiciens quelque peu hagards.

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Accusé de dilapidation

Et comme l’histoire du XXe siècle a montré qu’on saisissait souvent l’insaisissable via les cordons de la bourse, c’est vers le « coût » de l’ancien chef de l’État que pointent récemment les doigts accusateurs. Qui veut noyer son prédécesseur l’accuse de dilapidation. À ce jeu, les partisans de Félix Tshisekedi n’y vont pas avec le dos de la cuillère : l’action de l’actuel pouvoir est présentée comme quasiment bloquée, ceci en grande partie à cause des frais que le gouvernement réserverait à Joseph Kabila, au titre de pension spéciale allouée à l’ancien président.

Kabila a-t-il vraiment touché 680 000 dollars pour le seul mois de février 2019 ?

En réalité, c’est depuis mars 2019 qu’un document intitulé « Titre de paiement transféré à la Banque centrale du Congo » à mis le feu aux poudres des réseaux sociaux. Si l’on en croit ce fac-similé diffusé notamment sur Twitter, l’ex-chef de l’État aurait touché 680 000 dollars pour le seul mois de février 2019. Une somme qui, souligne le mouvement citoyen La Lucha, représente « 8 500 fois le salaire mensuel d’un policier congolais ». Peut-être Kabila s’amuse-t-il de voir le fer de lance de la société civile défendre aujourd’hui des forces de l’ordre souvent honnies…

« C’est celui qui dit qui est »

Si cette polémique est revenue au centre des débats, c’est que les élus viennent d’examiner le projet de loi sur la reddition de comptes de l’exercice 2019. Et voilà donc une nouvelle composante de la politique à la congolaise qui se met en branle : le jeu du « c’est celui qui dit qui est ».

Marcellin Bilomba, conseiller principal en Économie et Finances de Félix Tshisekedi, explique que « les indemnités de retraite de Joseph Kabila émargent sur des lignes budgétaires de la présidence de la République », tandis que le ministre des Finances José Sele Yalaghuli affirme que cet argent est plutôt puisé au ministère du Budget. Que chacun vide ses poches…

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