Maroc : l’hôpital public au bord de la crise de nerfs

Alors que la crise sanitaire met le secteur sous tension, le gouvernement doit faire face à une grogne croissante des médecins.

Sous pression en raison de la pandémie de Covid-19, les médecins du secteur public dénoncent leurs conditions de travail. © Youssef Boudlal/REUTERS

Sous pression en raison de la pandémie de Covid-19, les médecins du secteur public dénoncent leurs conditions de travail. © Youssef Boudlal/REUTERS

fahhd iraqi

Publié le 21 octobre 2020 Lecture : 3 minutes.

Le temps où le Maroc se targuait de sa gestion exemplaire de la crise sanitaire du Covid-19 semble bien révolu. Depuis fin juillet, la pandémie a pris une nouvelle ampleur et fait des ravages : les cas recensés atteignent chaque semaine des records (plus de 175 000 cas cumulés) et les décès se comptent désormais par dizaines quotidiennement (près de 2500 en tout).

Et les perspectives sont loin d’être rassurantes : une dernière étude du Haut commissariat au plan (HCP) anticipe jusqu’à 500 000 cas d’ici mars prochain. Surtout, l’organisme s’alarme de « la saturation » du système sanitaire national si le cap des 31 000 cas actifs est atteint. Alarmant, sachant qu’on en compte déjà 26 000 actuellement.

Une grève nationale de 48 heures est prévue à partir du 4 novembre

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Alors que la situation épidémique est préoccupante, les tensions entre les médecins du public et le gouvernement reprennent de plus belle. Après la trêve annoncée au début de la crise sanitaire, le Syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP) déterre la hache de guerre : une grève nationale de 48 heures est prévue à partir du 4 novembre, avec l’organisation de sit-in simultanés aux quatre coins du pays.

Ce débrayage devrait néanmoins épargner les urgences, ainsi que les services de réanimation où sont déjà actuellement admis 540 patients atteints du Covid-19.

Revendications

« Nos revendications sont toujours les mêmes depuis des années : l’amélioration de la situation financière des médecins ainsi que leurs conditions du travail », synthétise Abdellah El Montadar Alaoui, secrétaire général du SIMSP. Comme ses collègues de l’hôpital public, il se dit déçu de voir les autorités de tutelle renier leurs engagements.

Le 6 août dernier, le ministre de la Santé — qui recevait pour la première fois ce syndicat — répondait favorablement à l’une de ses principales revendications. Khalid Aït Taleb s’est engagé via un communiqué de presse à ajuster « dans les plus brefs délais » les salaires des médecins sur l’indice 509 de la grille salariale de la fonction publique.

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Une injustice qui aurait du être réparée il y a bien longtemps, sachant qu’un médecin généraliste est rémunéré actuellement au même échelon qu’un titulaire de master (indice 336), alors qu’avec leur bac+8, les médecins peuvent prétendre au statut de docteur (échelon 509).

Le gouvernement tourne le dos au corps médical, qui se retrouve otage de calculs politiciens

« Plusieurs semaines après que le ministre nous a assuré que cette revendication est juste et acquise, aucune mesure n’a été prise », assure Abdellah El Montadar Alaoui. « Le gouvernement tourne le dos au corps médical, qui se retrouve otage de calculs politiciens ou de guerres intestines au sein de la majorité ».

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Résultat, le bureau national du SIMSP a décidé de relancer le mouvement de contestation, suspendu depuis le déclenchement de la crise sanitaire. Concrètement, les médecins ont décidé de remettre les blouses noires ornées du brassard 509 et d’entamer des sit-in devant le parlement ainsi que des veillées devant les ministères de la Santé et des Finances.

Les médecins brandissent même à nouveau le spectre des démissions collectives. « Si le gouvernement ne veut pas nous assurer de bonnes conditions pour travailler, qu’il nous libère alors. Nous ne pouvons plus rester otage de ce système sanitaire défaillant, tout en devant le justifier auprès des citoyens », s’insurge le syndicaliste. Pendant ce temps, le département de la Santé continue de faire la sourde oreille.

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