Hommage à Amadou Gon Coulibaly : l’adieu de la nation à celui qui aurait pu être président

La Côte d’Ivoire a rendu mardi un grand hommage national à Amadou Gon Coulibaly, Premier ministre et candidat à la présidentielle décédé le 8 juillet d’une crise cardiaque à 61 ans.

Le président ivoirien Alassane Ouattara se recueille devant le cercueil d’Amadou Gon Coulibaly, lors de l’hommage national le 14 juillet. © Présidence ivoirienne

Le président ivoirien Alassane Ouattara se recueille devant le cercueil d’Amadou Gon Coulibaly, lors de l’hommage national le 14 juillet. © Présidence ivoirienne

Publié le 14 juillet 2020 Lecture : 2 minutes.

Amadou Gon Coulibaly à Abidjan, le 8 décembre 2019. © Issam Zejly pour JA
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En pleurs, la ministre de l’Éducation, Kandia Camara a regretté au microphone le « grand président qu’il aurait été ». Son cercueil recouvert du drapeau ivoirien placé sur le parvis du palais présidentiel a reçu les honneurs civils et militaires sous le regard de nombreuses personnalités dont le président Alassane Ouattara, son homologue sénégalais Macky Sall ou le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. Il a été fait grand-croix de l’Ordre national, la plus haute distinction du pays, à titre posthume.

« Cruel destin »

Cérémonie d’hommage de la Nation au Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly, ce mardi 14 juillet 2020, au Palais de la Présidence de la République.

Publiée par Présidence de la République de Côte d'Ivoire sur Mardi 14 juillet 2020

Les Ivoiriens avaient découvert un homme qui incarnait l’humilité mais qui avait la posture d’homme d’État

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« Il est mort au travail. On n’organise pas de telles cérémonies pour une personne si elle ne représente rien pour la Nation. Il a été un grand serviteur de l’État », a déclaré Kobenan Adjoumani, ministre de l’Agriculture, à l’issue d’un défilé militaire qui a précédé la levée du corps.

Amadou Gon Coulibaly est décédé quelques heures avoir dirigé le Conseil des ministres du 8 juillet, moins d’une semaine après son retour d’un séjour de deux mois en France pour tenter de régler ses problèmes cardiaques. Il avait été greffé du coeur en 2012.

Désigné en mars comme son dauphin par Alassane Ouattara, dont il a été le « plus proche collaborateur pendant 30 ans », il partait comme un des grands favoris de la présidentielle du 31 octobre.

« Le destin est cruel », reconnait Adama Bictogo, un des poids lourds du parti présidentiel. Amadou Gon Coulibaly « s’était installé dans la conscience collective des Ivoiriens. Les Ivoiriens avaient découvert un homme qui incarnait l’humilité mais qui avait la posture d’homme d’État ».

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Lors de son discours sur le parvis, Patrick Achi, le secrétaire général de la présidence, a assuré que le défunt avait été « l’image visible de toutes les décisions qui ont conduit à la renaissance prodigieuse du pays » après une décennie de crise ponctuée par des violences ayant fait 3 000 morts en 2010 et 2011.

Très ému, il a ensuite confié : « Il avait cette particularité d’être très discret. Ce n’était pas quelqu’un qui apparaissait sur les écrans mais en arrière-plan, il abattait un travail énorme. Quand il était secrétaire général de la présidence, il était le métronome du Palais ».

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« Comme Premier ministre, il a relancé un certain nombre de projets importants et il était également le concepteur du grand projet Côte d’Ivoire 2020-2030 qui devait permettre » au pays « de faire un autre pas important. C’est tombé en vol », regrette-t-il.

Le « Lion de Korhogo »

Roch Marc Christian Kaboré et Macky Sall, lors de l'hommage national à Amadou Gon Coulibaly, le 14 juillet 2020. © DR / Présidence sénégalaise

Roch Marc Christian Kaboré et Macky Sall, lors de l'hommage national à Amadou Gon Coulibaly, le 14 juillet 2020. © DR / Présidence sénégalaise

Lors de la cérémonie, la ministre Kandia Kamara a évoqué son surnom de « Lion de Korhogo » (Nord), sa ville natale, comparant le défunt au légendaire empereur Samory Touré, héros de la résistance à la colonisation.

Comme Samory Touré qui à l’âge de 7 ans avait sauvé sa mère de l’esclavage en travaillant pour ses ravisseurs, en 1999, il a « posé un acte héroïque » en se « constituant prisonnier de son plein gré », a dit Mme Kamara. Il entendait ainsi protester contre l’arrestation de Henriette Diabaté, alors secrétaire générale du parti d’Amadou Gon Coulibaly et Alassane Ouattara, a-t-elle ajouté.

Après un hommage de son parti mercredi au Palais des Sports, son corps sera transporté à Korhogo où il sera inhumé vendredi, concluant une semaine de deuil national.

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