Côte d’Ivoire : pourquoi Alassane Ouattara sera candidat

Après le décès de son Premier ministre et dauphin désigné, Amadou Gon Coulibaly, le président ivoirien s’est finalement résolu à briguer un troisième mandat. Histoire secrète d’un revirement qui s’annonce lourd de conséquences.

Cérémonie d’hommage de la nation au Premier ministre Amadou Gon Coublibaly, le mardi 14 juillet 2020, au palais de la présidence à Abidjan, en présence d’Alassane Ouattara et de son homologue sénégalais, Macky Sall. © DR / Service de presse de la présidence ivoirienne

Cérémonie d’hommage de la nation au Premier ministre Amadou Gon Coublibaly, le mardi 14 juillet 2020, au palais de la présidence à Abidjan, en présence d’Alassane Ouattara et de son homologue sénégalais, Macky Sall. © DR / Service de presse de la présidence ivoirienne

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Publié le 18 juillet 2020 Lecture : 7 minutes.

Amadou Gon Coulibaly à Abidjan, le 8 décembre 2019. © Issam Zejly pour JA
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Présidentielle en Côte d’Ivoire : le décès d’Amadou Gon Coulibaly rebat les cartes

A trois mois du scrutin présidentiel, le décès brutal de l’ancien Premier ministre laisse la Côte d’Ivoire sous le choc et le RHDP sans candidat. Retour sur le parcours du « Lion de Korhogo », dont Alassane Ouattara avait fait son successeur désigné…

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Abidjan, esplanade du palais présidentiel, le 14 juillet en milieu de matinée. Tout de noir vêtu et portant un masque chirurgical, comme les règles sanitaires l’imposent, Alassane Ouattara écoute les hommages rendus à Amadou Gon Coulibaly par la ministre de l’Éducation nationale, Kandia Camara, puis par le secrétaire général de la présidence, Patrick Achi.

Le chef de l’État semble perdu dans ses pensées, tiraillé entre le chagrin qui l’étreint – ravivé par l’émotion qui transpire de cette cérémonie en l’honneur de son Premier ministre –, la nécessité de faire bonne figure et celle, plus insidieuse, de remettre sur le métier l’ouvrage qu’il avait si méticuleusement confectionné : sa succession.

Malgré près de trois décennies de combat politique au cours desquelles il affronta bien des tempêtes, dont une guerre civile qui fit plus de 3 000 morts, Alassane Ouattara est aujourd’hui confronté à l’une des séquences les plus pénibles de sa carrière. Son fidèle compagnon, son fils spirituel, celui en qui il avait une confiance aveugle, s’est éteint le 8 juillet.

Un vide immense

Cérémonie d'hommage de la nation au Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, mardi 14 juillet 2020, en présence du président Alassane Ouattara. © C.Ibou.T/Service presse de la présidence

Cérémonie d'hommage de la nation au Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, mardi 14 juillet 2020, en présence du président Alassane Ouattara. © C.Ibou.T/Service presse de la présidence

Le cœur du « Lion », fragile au point de lui valoir une transplantation cardiaque en 2012 et deux mois de convalescence en France cette année, en mai et juin, après un infarctus, a lâché. Amadou Gon Coulibaly, celui qui a cheminé trente ans durant dans l’ombre de son mentor sans une seule anicroche, celui qui souffrait de devoir prendre la lumière pour être président à sa place et qui ne vivait que pour servir son chef, n’est plus. Il laisse autour de ce dernier un vide immense. Plus de Premier ministre, plus de dauphin, plus de confident, plus de « fils ».

Le sort s’acharne : au même moment, le vice-président Daniel Kablan Duncan, autre proche parmi les proches et vieux compagnon de route, contraint Ouattara à rendre publique sa démission, remise fin février. Ce n’est pas une foucade décidée un soir de déprime : Kablan avait déjà envoyé une première lettre de démission en… juin 2018. C’est désormais un secret de polichinelle, Kablan nourrissait des ambitions présidentielles, qui se sont heurtées au choix d’AGC.

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S’il avait fini par intégrer cette donne, il aurait au moins aimé que les formes soient mises, qu’une primaire ou une sorte de consultation aient été organisées pour désigner le dauphin, sentir que le chef hésitait. Kablan n’a guère supporté ce qu’il a ressenti comme un manque de considération et a préféré se retirer la tête haute.

Bien s’informer, mieux décider

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