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René Trabelsi est ministre du Tourisme depuis début novembre.
Jeune Afrique : L’une des deux attaques du 27 juin a eu lieu à deux pas de l’entrée de la médina de Tunis, un passage obligé pour les touristes. Y a-t-il eu des annulations ou une baisse des réservations depuis ?
René Trabelsi : Nous avons mis en place une cellule pour coordonner les contacts avec les hôtels. Ils n’ont signalé aucune annulation et nous indiquent que les réservations continuent. Au lendemain de ces attaques, on a pu constater tout au plus des réticences de la part de touristes à visiter le quartier de l’avenue Bourguiba.
Mais, contrairement à 2015, aucune annulation sèche traduisant un manque de confiance n’a été signalée. Nous avons aussi reçu le soutien des tour-opérateurs étrangers, qui nous ont promis de booster la destination et qui estiment que ces deux attentats n’affecteraient pas la saison, d’autant que le tourisme n’a pas été ciblé directement.
Qu’est-ce qui a été mis en œuvre pour sécuriser les hôtels et les circuits touristiques ces dernières années ?
La police a évité de nombreuses tentatives d’infiltration, même si, comme ailleurs, il reste difficile de tout prévenir. Le plan de vigilance a été renforcé, notamment au niveau de l’aéroport, où les bagages sont systématiquement scannés dès l’entrée.
Avec le ministère de l’Intérieur, nous faisons des rappels réguliers auprès de nos partenaires hôteliers et agents de voyages pour qu’ils ne relâchent pas leur vigilance, car la routine est l’ennemie de la sécurité. Pour être autorisés à fonctionner, les hôtels doivent être sécurisés par des caméras situées à l’entrée, dans les parkings et dans les espaces communs.
Un nombre d’agents de sécurité est imposé selon la superficie. Les services de sécurité des ambassades participent à leur formation. Les inspecteurs de tourisme contrôlent la mise en place de ces moyens, et mènent des opérations blanches pour tester les dispositifs de sécurité. La police touristique patrouille aussi autour des zones touristiques, à l’entrée desquelles sont érigés des barrages de police. Des policiers en quad ou en civil ratissent les fronts de mer. Ces derniers travaillent aussi en toute discrétion dans les souks, les discothèques, les restaurants et sont à même de réagir.
Comment s’annonce l’année 2019 ?
Tous les marchés progressent, notamment l’anglais et le chinois. Notre objectif est d’attirer 9 millions de touristes d’ici à la fin 2019. Le marché français, qui comptait 1,4 million de visiteurs en 2010 n’en comptait plus que 800 000 en 2018. Cette année, nous visons le million.
Les engagements des tour-opérateurs sont rassurants. Les réouvertures de clubs comme le Club Med, aussi
En juin, nous recensions déjà 340 000 visiteurs français. Nous en attendons encore beaucoup en juillet-août. Les touristes russes devraient être 750 000 cette année, contre 625 000 l’an dernier. Les engagements des tour-opérateurs sont rassurants. Les réouvertures de clubs comme le Club Med, aussi. Avec 14 % du PIB, 500 000 emplois directs et 2 millions en indirect, le secteur est vital pour notre économie !