Attentat de Tunis : « Cette attaque ne fait pas de la Tunisie un pays moins sûr »

Dispositions sécuritaires, réactions politiques, conséquences sur le tourisme… Deux jours après les faits, Matt Herbert, expert américain en sécurité, analyse la portée de l’attentat suicide qui a provoqué 20 blessés, lundi 29 octobre sur l’avenue Habib Bourguiba à Tunis.

L’avenue Habib Bourguiba, lundi 29 octobre, lors de l’attentat-suicide qui a fait 20 blessés en plein centre de Tunis. © DR

L’avenue Habib Bourguiba, lundi 29 octobre, lors de l’attentat-suicide qui a fait 20 blessés en plein centre de Tunis. © DR

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Publié le 31 octobre 2018 Lecture : 6 minutes.

Un policier tunisien près de la scène de l’attentat contre un bus de la garde présidentielle, à Tunis, le 24 novembre 2015. © Hassene Dridi/AP/SIPA
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La Tunisie face au terrorisme

La Tunisie a été frappée par plusieurs attentats et lutte contre des groupes armés et les trafics en tout genre à ses frontières. Depuis la révolution, le pays tente de restructurer et d’équiper ses services de la Défense et de l’Intérieur, à grands renforts de coopération internationale. Pour quels résultats ?

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Face à l’attentat-suicide qui a eu lieu lundi 29 octobre près du théâtre municipal, sur l’avenue Habib Bourguiba à Tunis, l’incompréhension est générale. Cette attaque, la première dans la capitale depuis novembre 2015, inquiète jusqu’au plus haut sommet de l’État. « Nous pensions avoir éliminé le terrorisme. Mais la vérité, c’est que j’espère que le terrorisme n’aura pas raison de nous », a déclaré, lundi depuis Berlin, le président Béji Caïd Essebsi.

Face à ce discours alarmiste, Matt Herbert, associé de la société Maharbal, un cabinet de consulting en sécurité et de stratégie – et auteur d’un rapport pour l’ONG américaine Carnegie sur l’insurrection jihadiste dans le nord-ouest tunisien – appelle à évaluer cet événement « avec réalisme ».

>>> À LIRE – Attentat à Tunis : les politiques entre règlements de compte et appels à l’unité nationale

Jeune Afrique : Le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, a qualifié cet attentat de « surprise ». Était-il prévisible, compte tenu du climat sécuritaire actuel ?

Matt Herbert : Cette attaque est la première à survenir en plein cœur de Tunis depuis l’attentat contre le bus de la Garde présidentielle en novembre 2015, qui avait fait douze morts. Elle est surprenante parce qu’un nombre important de réformes ont été mises en place pour sécuriser les villes, et particulièrement celles du littoral.

Cependant, il est important de souligner que de tels scénarios, impliquant des forces de l’ordre et des kamikazes, sont récurrents dans d’autres régions du pays. En mars dernier par exemple, un terroriste qui était poursuivi par les sécuritaires dans la région de Ben Guerdane [sud tunisien] avait activé sa ceinture explosive. Le mois suivant, alors que la Garde nationale avait encerclé la maison d’un individu suspecté de terrorisme à Sidi Bouzid, ce dernier a encore une fois commis un attentat suicide.

Lorsqu’une attaque se produit dans une zone reculée, l’écho n’est pas le même

S’il est vrai qu’une attaque sur l’avenue Habib Bourguiba n’était pas attendue, ce type d’événement n’est pas inédit en Tunisie. C’est simplement que lorsque cela se produit dans une zone reculée, l’écho n’est pas le même car les faits sont uniquement rapportés par la presse tunisienne.

L’attentat suicide a eu lieu sur l’une des plus importantes avenues du pays, tout près du ministère de l’Intérieur. Cette proximité révèle-t-elle une faille sécuritaire ?

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