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Classement JA des écoles de commerce 2019 : les business schools africaines en quête d’un modèle

Face à l’implantation d’établissements français sur le continent et l’offensive des investisseurs s’esquisse peu à peu un modèle d’école de commerce purement africain. Découvrez notre analyse et notre classement 2019.

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Mis à jour le 12 novembre 2019 à 16:23

La Rabat Business School décroche encore une fois la note de quatre étoiles pour son excellence pédagogique, son attractivité et sa sélectivité. © UIR

Voilà quatre ans que Jeune Afrique n’avait pas enquêté sur les écoles de commerce africaines. Assez longtemps pour observer la transformation d’une filière de l’enseignement supérieur qui ne cesse d’évoluer. Toutefois, un constat demeure : le manque de formations locales de qualité – gage de souveraineté et condition du développement économique. Est-ce à dire qu’aucun acteur n’a émergé dernièrement ? Loin de là, mais ils sont encore trop peu pour absorber le flux annuel d’étudiants en quête d’un bon diplôme.

Un chiffre fourni par le cabinet de conseil Paxter résume la situation : le continent comptera 22 millions d’étudiants supplémentaires en 2030. Tous ne s’inscriront pas dans une business school, mais la perspective d’un tel défi mérite que soient rappelées les grandes tendances du secteur.

Le Maroc de plus en plus attractif

En quatre ans, c’est surtout en Afrique du Nord que les établissements franco­phones ont le plus bourgeonné. Le dynamisme du Maroc se caractérise par l’arrivée d’établissements français venus concurrencer les historiques Iscae, HECI, Esca, HEEC, HEM ou l’université Al-Akhawayn. L’EM Lyon a ouvert à Casablanca, en 2015, suivi de l’Essec à Rabat, en 2016, puis de l’université Paris-Dauphine et de Toulouse Business School à Casablanca, en 2017. Toutes profitent de l’essor d’une classe moyenne qui n’hésite pas à investir pour la formation de sa progéniture.

Ces implantations locales renforcent l’influence de l’Hexagone dans la région, alors que la France perd en attractivité depuis qu’elle a décidé d’augmenter les frais universitaires pour les étudiants étrangers extracommunautaires. Mais sur le continent, et notamment en Afrique subsaharienne, nul doute que cette offre de proximité saura séduire ceux qui n’auront pas préféré les écoles espagnoles, turques ou allemandes.


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Face à cette offensive pourtant, les acteurs historiques marocains continuent de résister, notamment dans leur offre de niveau master, comme le démontre notre classement 2019.

Fonds d’investissement

Au sud du Sahara, deux modèles dominent. Augmenter la capacité d’accueil tout en garantissant une qualité pédagogique est la voie choisie par Amadou Diaw, fondateur de l’Institut supérieur de management (ISM), à Dakar.

En 2017, il a ouvert son capital au français Galileo Global Education, deuxième acteur mondial de l’enseignement supérieur privé, qui rêve de détrôner son concurrent américain Laureate Education. Galileo n’a pas tardé à placer ses agents. En deux ans, il a augmenté les effectifs étudiants de 30 % et a rationalisé les finances ainsi que la gestion interne. Sur le plan qualitatif, il faudra patienter pour observer les résultats obtenus par cette nouvelle gouvernance.


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L’arrivée des fonds d’investissement dans l’enseignement supérieur privé africain est récente. Outre l’américain Providence Equity Partners, qui possède Galileo Global Education, le britannique Actis est présent à travers Honoris United Universities, qui se développe en Afrique australe et au Maghreb avec notamment l’université centrale de Tunis. Avec DPI et Mediterrania Capital Partners, le fonds marocain KMR Holdings Pédagogique possède quant à lui l’université internationale de Casablanca et l’université privée de Marrakech.

Le second modèle est incarné par des écoles aux ambitions locales et plus modestes en matière d’effectifs. Telle l’Esca, une école de management qui a obtenu fin novembre 2018 la prestigieuse accréditation de l’Association to Advance Collegiate Schools of Business (AACSB), un organisme américain qui garantit la qualité de plus de 800 écoles dans le monde. Outre les filiales d’établissements étrangers, l’école casablancaise est la première, et la seule, à avoir décroché ce label en Afrique francophone. De son côté, Sup de Co Dakar assure privilégier la qualité pédagogique à sa capacité d’accueil. Pour ses 25 ans en mars, l’école a organisé un grand raout et mis en avant ses travaux de recherche.


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Exigences panafricaines

Le manque de moyens financiers et humains aboutit également au développement de standards locaux. Ainsi, l’Association of African Business Schools (AABS), née en 2007, a créé en 2018 une accréditation purement panafricaine, conçue à partir de critères liés aux réalités locales. L’AABS préfère observer, par exemple, l’impact socio-économique de la recherche scientifique plutôt que le nombre de publications dans les grandes revues occidentales. De quoi créer, petit à petit, le profil idéal de la future école de commerce africaine.


Les meilleurs masters au Maghreb :

Classement Jeune Afrique 2019 des écoles de commerce au Maghreb © Jeune Afrique/2019.

Classement Jeune Afrique 2019 des écoles de commerce au Maghreb © Jeune Afrique/2019.

Les meilleurs masters en Afrique subsaharienne :

Classement Jeune Afrique 2019 des écoles de commerce francophone en Afrique subsaharienne © Jeune Afrique/2019.

Classement Jeune Afrique 2019 des écoles de commerce francophone en Afrique subsaharienne © Jeune Afrique/2019.


Notre méthodologie :

Ce palmarès 2019 compare des parcours diplômants de niveau bac + 5 en management, commerce, gestion et administration des affaires ayant récompensé une première promotion il y a au moins trois ans. Les écoles ont choisi elles-mêmes le parcours qu’elles voulaient faire évaluer. Le classement a été établi à partir des réponses à une liste de 44 questions envoyée à 57 écoles de pays francophones d’Afrique subsaharienne et d’Afrique du Nord. Ont été analysées l’attractivité et la sélectivité des écoles, leur ouverture à l’international, la qualité de leur pédagogie et les liens qu’elles cultivent avec les entreprises. Cette année, une attention particulière a été portée à l’importance de la recherche appliquée dans les enseignements. Malgré plusieurs relances, des établissements réputés, comme l’université privée Al-Akhawayn et HEM, au Maroc, et le Cesag, au Sénégal, n’ont pas souhaité participer à notre enquête. Enfin, certaines données fournies par les antennes locales d’écoles françaises ont été pondérées, afin de garantir une comparaison équitable.