Niger – Mohamed Bazoum : « Mahamadou Issoufou, Hama Amadou, les troisièmes mandats et moi… »

C’est à lui que Mahamadou Issoufou souhaite passer le relais à l’issue de la présidentielle du 27 décembre. Un ami de trente ans, très connecté, parfois clivant, qui revendique sa liberté de ton.

Mohamed Bazoum, candidat à la présidentielle nigérienne et dauphin de Mahamadou Issoufou. © Louis Vincent

Mohamed Bazoum, candidat à la présidentielle nigérienne et dauphin de Mahamadou Issoufou. © Louis Vincent

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Publié le 27 novembre 2020 Lecture : 18 minutes.

Deux mandats de cinq ans et puis s’en va. Le fait est suffisamment rare de nos jours en Afrique pour que Mahamadou Issoufou mérite les éloges que lui décerne la communauté internationale. Mais le chef d’État sortant du Niger n’en a pas moins pris ses précautions : pour l’élection présidentielle, dont le premier tour se déroulera dans un mois, le 27 décembre, il s’est choisi un dauphin, qui, espère-t-il, sera son successeur. « Mon parti a des valeurs, et Mohamed Bazoum porte ces valeurs », confiait-il à Jeune Afrique en août 2019 pour expliquer sa décision d’adouber son compagnon de trente ans.

Choix logique puisque le candidat du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarayya) est l’un des cofondateurs de la formation au pouvoir et un fidèle de la première heure. Mais choix audacieux tout de même que celui d’un ressortissant d’une communauté arabe de l’Est, très minoritaire, dont l’élection démontrerait que la société nigérienne a été suffisamment détribalisée pour que ce fait ne constitue plus un handicap.

Celui qui aura 60 ans le 1er janvier prochain part avec le statut de favori face à une opposition émiettée. Natif de la région de Diffa, diplômé en philosophie de l’université de Dakar, ancien syndicaliste étudiant puis enseignant, marxiste converti à la social-démocratie, Mohamed Bazoum a connu la clandestinité et les cellules des commissariats sous les régimes militaires de Seyni Kountché et d’Ibrahim Baré Maïnassara.

Élu député de Tesker à cinq reprises, cet homme de réseaux, excellent orateur, a été un ministre des Affaires étrangères actif et apprécié des chancelleries et, surtout, de 2016 à 2020, un ministre de l’Intérieur et de la Sécurité à poigne et au verbe volontiers tranchant. Cette image parfois clivante – qu’il réfute –, Mohamed Bazoum la compense par la science de topographe qu’il possède de son pays, dont il a arpenté tous les recoins.

Alors que Mahamadou Issoufou s’apprête à passer la main après avoir réussi la première transition entre deux présidents démocratiquement élus dans l’histoire du Niger, Mohamed Bazoum se tient prêt à être celui qui prendra le relais. À condition que le choix de son camarade soit aussi celui de ses concitoyens.

Jeune Afrique : À ce jour, trente candidats sont en lice pour l’élection présidentielle. Est-ce le signe que la démocratie nigérienne est en bonne santé ?

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Mohamed Bazoum : Certainement, même si ce nombre élevé peut aussi avoir quelques inconvénients. C’est surtout la preuve que bon nombre d’acteurs ont confiance dans la sincérité du scrutin qui va être organisé. Si ce n’était pas le cas, ils ne se présenteraient pas.

Une partie de l’opposition considère que la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) est acquise à votre formation, le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS)…

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Elle ne peut l’être de par sa composition. Les membres de la Ceni ont tous été désignés par des structures qui n’ont rien à voir avec le pouvoir. Issaka Souna, son président, a été choisi dans le cadre du Conseil national de dialogue politique, qui regroupe tous les partis. Il a déjà occupé ce poste lors de la présidentielle de 1999 et dispose de l’expérience nécessaire. On ne lui connaît aucune affiliation politique, et il n’est pas réputé proche du PNDS. D’ailleurs, en 1999, notre parti avait perdu les élections.

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