Togo : l’ambition déçue d’Agbéyomé Kodjo

« Présidents » en salle d’attente (2/4). Qui aurait cru qu’Agbéyomé Kodjo engagerait un jour un bras de fer avec le système qui l’a façonné ? L’ancien Premier ministre en est pourtant convaincu : c’est lui, et non Faure Essozimna Gnassingbé, qui a remporté la présidentielle du 22 février dernier.

Agbéyomé Kodjo, à la sortie d’un bureau de vote de Lomé lors de la présidentielle du 22 février 2020 au Togo. © REUTERS/Luc Gnago

Agbéyomé Kodjo, à la sortie d’un bureau de vote de Lomé lors de la présidentielle du 22 février 2020 au Togo. © REUTERS/Luc Gnago

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Publié le 5 mai 2020 Lecture : 6 minutes.

Enquête sur les « présidents » en salle d’attente. © JA
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Série : Ping, Kamto, Fayulu, Kodjo… Enquête sur ces « présidents » en salle d’attente 

Jean Ping, Maurice Kamto, Martin Fayulu, Agbéyomé Kodjo… Les institutions de leur pays leur ont donné tort, douchant leur rêve présidentiel, mais ils continuent de revendiquer la magistrature suprême au Gabon, au Cameroun, en RDC et au Togo. Plongée dans le quotidien de ces « présidents élus » qui n’abandonnent pas, mais ne gouvernent pas.

Sommaire

Agbéyomé Kodjo pensait-il vraiment qu’il parviendrait à forcer son destin ? Voilà bientôt deux mois qu’il s’obstine à revendiquer la victoire à l’élection du 22 février ; deux mois qu’il s’est autoproclamé « président élu » alors que les résultats officiels ne lui donnaient que 19,46 % des suffrages face au président sortant, Faure Essozimna Gnassingbé ; deux mois que la police et la gendarmerie togolaises ont à l’œil cet ancien Premier ministre jusque-là peu connu pour sa radicalité.

Le 21 avril, il a été arrêté et conduit manu militari dans les locaux du Service central chargé des renseignements et des investigations criminelles (SCRIC) de la gendarmerie. L’une de ses filles s’en est inquiétée, nous racontant les douleurs lombaires de son père, sa difficulté à se déplacer et le fait qu’il a dû dormir « dans un bureau, sur un matelas jeté à même le sol ».

Trois jours plus tard, Agbéyomé Kodjo, 65 ans, était libéré et placé sous contrôle judiciaire. Accusé « d’atteinte à la sûreté de l’État, de diffusion de fausses informations et de trouble aggravé à l’ordre public », il risque jusqu’à trente-cinq ans de réclusion. « Je peux aller en prison, avait-il lancé, bravache, face la presse il y a quelques semaines. La prison, je l’ai déjà connue deux fois. Y aller une troisième fois ne m’inquiète pas. » De fait, rien ne dit que son interpellation ait affaibli sa détermination.

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