Burkina Faso : « Le nouveau code électoral exclut une partie des Burkinabè »

Les députés burkinabè ont adopté mardi un nouveau code électoral. Celui-ci prévoit qu’en cas de « force majeure ou de circonstances exceptionnelles », seuls les résultats des bureaux de vote ayant ouvert seront pris en compte. Pour Aziz Diallo, le député-maire de Dori, ce changement exclut les électeurs vivant dans les régions les plus touchées par l’insécurité.

Dans un bureau de vote à Ouagadougou, lors du scrutin présidentiel du 29 novembre 2015. © AP Photo/Theo Renaut

Dans un bureau de vote à Ouagadougou, lors du scrutin présidentiel du 29 novembre 2015. © AP Photo/Theo Renaut

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Publié le 27 août 2020 Lecture : 4 minutes.

Dans un bureau de vote de Ouagadougou, lors de la présidentielle et des législatives de 2015. © Theo Renaut/AP/SIPA
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Présidentielle et législatives au Burkina Faso : les enjeux du double scrutin

L’élection présidentielle burkinabè, couplée aux législatives, se tient dans un contexte sécuritair plus que tendu dans une large partie du pays. Le président sortant, Roch Marc Christian Kaboré, candidat à un second mandat lors du scrutin du 22 novembre, n’en défends pas moins son bilan, face à une opposition bien décidée à en découdre. Parmi ceux qui veulent lui ravir son siège au palais de Kozyam, le chef de file de l’opposition Zéphirin Diabré, Kadré Desiré Ouédraogo ou encore Eddie Komboïgo, qui se présente sous les couleurs du parti de Blaise Compaoré, l’ancien président déchu, qui vit en exil en Côte d’Ivoire.

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C’est une modification majeure, apportée à quelques encablures seulement des élections présidentielle et législatives fixées au 22 novembre prochain. Adopté mardi 25 août par 107 députés sur 120 à l’Assemblée nationale, le nouveau code électoral prévoit notamment qu’en cas de « force majeure ou de circonstances exceptionnelles » empêchant d’organiser les scrutins sur une partie du territoire, les élections seront validées sur la base des résultats des bureaux de vote ayant ouvert.

Selon la majorité, ce texte doit permettre de sauvegarder les institutions et la démocratie, malgré la hausse de l’insécurité dans certaines zones du pays. Mais pour certains députés, ce nouveau code électoral est anti-démocratique et va priver de nombreux Burkinabè de leur droit de vote. Aziz Diallo, député-maire de Dori, dans la région du Sahel, l’une des plus touchées du pays, a voté contre ce texte. Il explique pourquoi.

Jeune Afrique : Pourquoi avez-vous voté contre la modification du code électoral ?

Aziz Diallo : J’estime que le texte qui nous a été présenté n’est pas de nature à renforcer la démocratie et la cohésion sociale, déjà mises à rude épreuve dans notre pays. Ce texte va servir à légitimer des élections malgré le fait que des centaines de milliers de Burkinabè ne vont potentiellement pas pouvoir voter pour des raisons de sécurité. Avec ce texte, c’est comme si l’État leur disait : « Nous ne sommes pas en mesure d’assurer votre sécurité, vous ne pouvez pas voter, mais ne vous en faites pas, nous formons une seule et même nation burkinabè ». De facto, ce texte créé une catégorie de Burkinabè qui sera exclue du processus électoral.

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