Au Mali, IBK annonce une « dissolution de fait » de la Cour constitutionnelle

Après deux jours de vives tensions à Bamako, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé samedi une « dissolution de fait » de la Cour constitutionnelle.

Des manifestants anti-gouvernement à Bamako, le 10 juillet 2020. © Baba Ahmed/AP/Sipa

Des manifestants anti-gouvernement à Bamako, le 10 juillet 2020. © Baba Ahmed/AP/Sipa

Publié le 12 juillet 2020 Lecture : 2 minutes.

Tard dans la soirée, samedi 11 juillet, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta s’est adressé à la nation. Afin d’apaiser les tensions qui ont secoué Bamako pour la deuxième journée consécutive, le président a annoncé une « dissolution de fait » de la Cour constitutionnelle.

« J’ai décidé d’abroger le décret de nomination des membres restants de la Cour constitutionnelle et d’aller vers la mise en œuvre des recommandations issues de la mission de Cedeao », a déclaré Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).

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« Cette dissolution de fait de la Cour va nous conduire dès la semaine prochaine à demander aux autorités compétentes la désignation de membres pour que, rapidement, une Cour reconstituée nous aide à trouver les solutions aux contentieux issus des élections législatives , a-t-il poursuivi.

Une récente mission de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) avait recommandé aux autorités maliennes d’organiser des élections législatives partielles dans les zones où les résultats du scrutin du mois de mars sont contestés.

Gaz lacrymogène, crépitements d’armes

L’intervention du président malien est intervenue alors que durant la journée, le gaz lacrymogène et les crépitements d’armes s’étaient emparés du quartier Badalabougou, samedi 11 juillet.

Au lendemain des arrestations d’Issa Kaou Djim, de Clément Dembélé et de plusieurs autres membres du mouvement dit du 5 juin, les leaders de la contestation ont tenté d’organiser un point-presse au siège de leur coalition.

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Mais les forces de l’ordre ont dispersé la foule avant de s’en prendre aux locaux de la coalition, qui est aussi le siège de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko (CMAS) .

Nouvelles arrestations

Les leaders du mouvement du 5 juin se sont alors repliés au siège de l’opposition politique, dans l’espoir d’y tenir leur conférence de presse.  Mais là aussi, les forces de l’ordre sont intervenues et ont arrêté Choguel Maïga et Mountaga Tall, deux anciens ministres, membres du comité stratégique du mouvement du 5 juin.

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Chez les manifestants, la tension est montée car ces derniers craignaient que les forces de l’ordre n’arrêtent Mahmoud Dicko. Une foule s’est alors rendue sur place pour barricader les lieux afin de protéger l’imam.

« Il est plus facile de prendre IBK que de prendre l’imam Mahmoud Dicko », lançait ainsi un manifestant devant la maison de Mahmoud Dicko.

Heurts violents

Face à la résistance des manifestants, une confrontation a éclaté avec les forces de l’ordre. Un blindé a même fini sa course dans le caniveau.

Au moins deux personnes sont mortes dans ces heurts et plusieurs autres ont été blessées, selon la CMAS. Tard dans la soirée, les manifestants ont fini par se disperser.

« Il est difficile aujourd’hui d’arrêter cette déferlante, prévient Baba Dakono, analyste politique. Les forces de sécurité essayent de décapiter le mouvement en procédant à des arrestations mais cela ne fonctionnera pas. » Puis de conclure : « Seul le dialogue permettra de sortir de l’impasse ».

Dimanche, Mahmoud Dicko a appelé ses partisans au calme. « Ne provoquez personne. Ne vous attaquez à personne. Je parlerai cet après-midi et cela sera diffusé à la télévision. Avant cela, ne mettez pas le feu aux stations essence ni à (cet) arrondissement. Du calme, s’il-vous-plaît! Du calme ! », a dit l’imam Mahmoud Dicko en s’adressant à des fidèles dans une vidéo tournée dans sa mosquée.

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