Mali : les opposants à IBK claquent la porte du dialogue

Les leaders de la contestation annoncent une nouvelle manifestation vendredi 10 juillet pour réclamer le départ d’Ibrahim Boubacar Keïta, après une rencontre avec le président malien.

Une manifestation réclamant le départ du président malien Ibrahim Boubacar Keïta, le 5 juin 2020 à Bamako. © Baba Ahmed/AP/SIPA

Une manifestation réclamant le départ du président malien Ibrahim Boubacar Keïta, le 5 juin 2020 à Bamako. © Baba Ahmed/AP/SIPA

Aïssatou Diallo.

Publié le 6 juillet 2020 Lecture : 2 minutes.

La rencontre entre Ibrahim Boubacar Keïta et les leaders du Mouvement du 5 juin dimanche avait suscité de l’espoir. Elle laissait entrevoir un début de décrispation, car, pour la première fois depuis le début des manifestations, les contestataires ont accepté l’invitation du chef de l’État. Ils se sont rendus à Koulouba, au lendemain d’une rencontre entre IBK et l’imam Dicko, figure principale du mouvement. Mais le dialogue, sitôt noué, a été rompu.

Alors que la présidence s’est félicitée dans un communiqué de la tenue de la rencontre, estimant que « cette présence en soi est une victoire du Mali », les leaders de la contestation, eux, en sont sortis galvanisés. Ils se sont fendus d’un message ferme dans la soirée, malgré l’invitation du président à les inclure dans un gouvernement d’union nationale.

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« Lors de cette brève rencontre, monsieur Ibrahim Boubacar Keïta a continué à faire la sourde oreille et preuve de mépris envers le peuple malien », écrivent-ils dans un communiqué. Et d’ajouter : « (Il) a royalement ignoré toutes les demandes et mesures contenues dans le « Mémorandum » du 30 juin 2020, en renvoyant le M5-RFP à sa « majorité présidentielle », qui ne dispose d’aucun pouvoir et pour laquelle lui-même n’a, d’ailleurs, ni respect ni considération. »

Le départ d’IBK de nouveau réclamé

« Le mouvement de contestation avait rendu publique mercredi dernier une liste d’exigences. En tête de celle-ci : la dissolution du Parlement et la formation d’un gouvernement de transition, dont le mouvement désignerait le Premier ministre. Si la liste des revendications limitait considérablement les pouvoirs d’IBK, sa démission ne semblait plus être un préalable.

En ne formulant aucune proposition concrète, le président a envoyé un très mauvais message à ses interlocuteurs. »

Mais après leur rencontre avec le chef de l’État, les leaders de la contestation sont revenus sur ce point. Ils ont annoncé une nouvelle manifestation à Bamako et dans d’autres villes du pays vendredi 10 juillet pour réclamer de nouveau le départ d’IBK.

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« Cette rencontre n’a permis aucune avancée vers une sortie de crise. En ne formulant aucune proposition concrète pour répondre aux demandes du Mouvement, ou encore aux suggestions faites par la mission de la Cedeao le 19 juin dernier, le président a envoyé un très mauvais message à ses interlocuteurs », explique Moussa Mara, député et président du parti Yelema.

« Peu d’avancées après le dialogue »

Contacté par Jeune Afrique, Cheick Sidi Diarra, qui a présidé le comité du dialogue national inclusif en décembre, estime pour sa part qu’« IBK aurait pu montrer qu’il était à l’écoute du peuple et des institutions internationales en mettant en œuvre les recommandations de la Cedeao ».

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Les médiateurs internationaux avaient entre autres proposé l’organisation d’élections partielles pour les législatives, la réforme des textes de la Cour constitutionnelle, la mise en place d’un gouvernement de consensus et la poursuite des recommandations du dialogue national inclusif.

« Il y a eu peu d’avancées après le dialogue. Sept mois plus tard, le mécanisme de suivi des recommandations n’a toujours pas été mis en place. La première résolution du dialogue était l’organisation des législatives afin de donner une nouvelle légitimité à l’Assemblée nationale. C’est à l’issue de celles-ci que la Cour constitutionnelle a nommé des députés, au mépris du choix du peuple. Cela a mis le feu aux poudres », ajoute-t-il.

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