Maroc : Nasser Bourita, alias Monsieur Cedeao

Le nouveau chef de la diplomatie chérifienne vient de boucler avec succès la phase politique préalable à l’adhésion du Maroc à l’organisation continentale. Mais le processus ne fait que commencer…

Le ministre des Affaires étrangères marocain Nasser Bourita, le 14 février 2017. © Mohamed Abbassi/CC/wikimedia commons

Le ministre des Affaires étrangères marocain Nasser Bourita, le 14 février 2017. © Mohamed Abbassi/CC/wikimedia commons

fahhd iraqi

Publié le 14 juin 2017 Lecture : 3 minutes.

«Son emploi du temps ? Il est partagé entre les avions, les salles de réunion et les palais présidentiels, surtout africains en cette période. » Ainsi résume un diplomate marocain à propos de l’agenda de Nasser Bourita. Le ministre des Affaires étrangères est effectivement sur tous les fronts : rien que sur les deux dernières semaines, il a dû se déplacer à Abidjan pour porter un message de Mohammed VI au président Alassane Ouattara, retourner au pays afin d’assister à une séance parlementaire et à un conseil de gouvernement, puis s’envoler à nouveau pour Monrovia à la tête d’une délégation pour défendre la demande marocaine (présentée en février dernier) d’intégrer la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) lors du 51e sommet des chefs d’État.

De retour du Liberia avec un accord de principe pour cette demande d’adhésion, il enchaîne avec la Journée de l’Afrique, un événement d’envergure que le département des Affaires étrangères veut installer durablement pour marquer le retour du royaume au sein de l’Union africaine.

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Une rencontre avec Marcel de Souza prévue

Le dynamisme de ce ministre quadragénaire, qui incarne le nouveau visage de la diplomatie marocaine, n’a d’égal que sa grande maîtrise des dossiers et son efficacité à les traiter. Que ce soit pour le retour du Maroc dans l’UA ou pour la demande d’adhésion à la Cedeao, dont il est la cheville ouvrière, l’approche Bourita consiste à travailler méthodiquement, une séquence après l’autre. « Avec l’accord de principe accordé à notre demande au sommet de Monrovia, nous avons bouclé la phase politique de l’adhésion du Maroc à la Cedeao, indique Nasser Bourita de sa voix posée. Nous entrons désormais dans une phase juridique pour formaliser cet accord.

Une rencontre avec le président de la commission, Marcel de Souza, est en cours de préparation. Il sera question de discuter le traité, de savoir s’il convient de le ratifier dans l’état ou plutôt de commencer par l’amender avant sa ratification. » Le préambule du traité de la Cedeao liste en effet les pays membres actuels de cette zone économique qui, avec l’intégration du Maroc, passerait à seize pays et à un PIB de 800 milliards de dollars (712 milliards d’euros).

Nous espérons achever cette phase juridique d’ici au prochain sommet des chefs d’État, prévu avant la fin de l’année, pour formaliser définitivement notre adhésion

Le traité ne prévoit pas la moindre procédure pour le processus d’adhésion et devra donc forcément être révisé. « Nous espérons achever cette phase juridique d’ici au prochain sommet des chefs d’État, prévu avant la fin de l’année, pour formaliser définitivement notre adhésion, projette Nasser Bourita. Viendra par la suite une autre séquence technique pour négocier secteur par secteur les dispositions d’exécution de ce traité. »

« J’ai appris à être précis »

Cette approche séquentielle est en accord avec le parcours du nouveau chef de la diplomatie. Ce natif de Taounate (ville aux portes du Rif) a grimpé un à un les échelons du département des Affaires étrangères, qu’il a intégré en 1992. Premier secrétaire d’ambassade, ambassadeur, chef de division, directeur de département, chef de cabinet du ministre, secrétaire général, ministre délégué, puis enfin ministre…

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Pendant vingt-cinq ans, Bourita a eu le temps de maîtriser les rouages de la diplomatie chérifienne. « J’ai appris ce qu’on appelle, dans le jargon du ministère, les éléments de langage et à être précis, pointilleux et bref, car la diplomatie impose cela », avait-il résumé le 5 avril 2017 quand il a pris officiellement les commandes du ministère des Affaires étrangères. Un département dont il est le premier diplomate de carrière à prendre les rênes.

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