Présidentielle au Mali : Bamako sous haute surveillance dans l’attente des résultats

Alors que les résultats de l’élection présidentielle étaient attendus jeudi matin à 9h30, heure de Bamako, les autorités ont déployé un impressionnant dispositif sécuritaire à Bamako. La capitale malienne est quadrillée par la police et l’armée, épaulées par les Casques bleus de la Minusma.

Une patrouille de policiers maliens, lors du second tour de la présidentielle, le 12 août 2018. © REUTERS/Luc Gnago

Une patrouille de policiers maliens, lors du second tour de la présidentielle, le 12 août 2018. © REUTERS/Luc Gnago

Publié le 15 août 2018 Lecture : 4 minutes.

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Présidentielle au Mali : dernière ligne droite

Ibrahim Boubacar Keïta et Soumaïla Cissé s’affrontent dimanche 12 août pour le deuxième tour de la présidentielle malienne. Si le premier bénéficie d’une confortable avance, le second croit encore dans ses chances de retourner la situation. Le point ici sur les résultats, les ralliements, l’enjeu de l’abstention et les défis sécuritaire et organisationnels du scrutin.

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Sur l’avenue Kwame Nkrumah, une voiture de l’armée et une voiture de police circulent lentement. A l’arrière des pick-up, une cagoule couvrant leur visage et un AK47 entre les mains, soldats et policiers – d’habitude simplement armés de pistolets – scrutent les alentours avec une attention redoublée.

À quelques centaines de mètres de là, devant le commissariat de police situé au cœur du quartier des affaires Hamdallaye ACI 2000, des soldats remplissent des sacs de sable qu’ils entassent pour protéger le bâtiment. À l’intérieur, dans le centre de vidéosurveillance et de commandement, une dizaine de policiers ont les yeux rivés sur de grands écrans de contrôle qui retransmettent en direct les images des principales artères de la ville.

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Craintes et tensions

Mardi 14 août, le dispositif sécuritaire a pris une ampleur impressionnante, à quelques jours – voire quelques heures – de la proclamation des résultats du second tour qui a opposé le président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta, à Soumaila Cissé.

Le dispositif déployé pour sécuriser l’élection présidentielle a pris une ampleur inédite. La tension est d’autant plus grande que de part et d’autre, les déclarations accentuent la crainte de voir le pays basculer dans une crise post-électorale.

Le chef de file de l’opposition a d’ores et déjà annoncé qu’il ne reconnaîtrai pas les résultats que doit annoncer le ministère de l’Administration territoriale. Du côté du président sortant, Boukary Treta, directeur de campagne de la coalition Ensemble pour le Mali, a affirmé mardi 14 août dans la soirée : « Les résultats issus du système de centralisation de notre QG de campagne indiquent que le candidat Ibrahim Boubacar Keïta serait réélu de manière large et confortable. »

>>> A LIRE – Présidentielle au Mali : Soumaïla Cissé rejette à l’avance les résultats

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Lieux stratégiques

La sécurité a été renforcée au niveau des lieux stratégiques de la capitale. Les rues qui mènent au ministère de l’Administration territoriale et à la Cour constitutionnelle, qui doit valider les résultats, sont fermées à la circulation.

Nous avons déployés des agents des renseignements généraux, mais aussi des militaires et des policiers en civil

Le 13 août, lors d’un point de presse organisé au lendemain du vote, le général Salif Traoré, ministre de la Sécurité intérieure, a surpris les journalistes en se présentant en uniforme. « Nous avons déployé des agents des Renseignements généraux, mais aussi des militaires et des policiers en civil. C’est de la prévoyance », explique-t-il à Jeune Afrique.

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Autre mesure prise ces derniers jours : dans les camps militaires, la sécurité entourant les magasins d’armement a aussi été relevée.

Les autorités ont annoncé avoir déployé 36 000 militaires sur l’ensemble du territoire malien pour sécuriser le second tour de l’élection. Combien sont-ils à Bamako ? Le ministre de la Sécurité intérieure ne donne pas de chiffres. Des sources sécuritaire maliennes évoquent quant à elles près de 3 000 agents mobilisés pour sécuriser la capitale.

Opposition sous surveillance ?

Un dispositif qui a notamment vocation à rassurer les habitants mais qui inquiète aussi dans les cercles proches de l’opposition. Des rumeurs circulent faisant état de la surveillance vingt-quatre heures sur vingt-quatre des membres de l’opposition. « Des patrouilles militaires sont venues me voir à plusieurs reprises. Je suis militaire et je sais que dans des missions officielles, il arrive que l’on en glisse d’autres, non officielles celle-là », nous confie un général malien à la retraite, très actif ces derniers temps aux côtés de l’opposition.

Il n’est pas le seul : d’autres leaders politiques se sentent sous surveillance. « Je n’ai jamais demandé de protection, mais je vois des militaires passer plusieurs fois par jour devant mon domicile », affirme Mountaga Tall, le président du Congrès national d’initiatives démocratiques (Cnid-Faso Yiriwaton), qui soutient Soumaila Cissé.

>>> A LIRE – Présidentielle au Mali : pourquoi les faiseurs de roi n’ont pas donné de consignes de vote

« Aucun d’entre-eux n’est sous surveillance », assure pourtant à JA le ministre malien de la Sécurité intérieure. « Au tout début de la campagne, à la demande de certains candidats, nous avions posté des soldats devant leur domicile pour assurer leur sécurité. Ce dispositif a été maintenu à cause des ralliements et du rôle qu’ils ont joué durant le second tour. Mais une fois les élections terminées, ce dispositif sera levé », affirme le ministre Salif Traoré.

Depuis plusieurs mois, les services de sécurité sont sur le qui-vive. La manifestation du 11 août, qui avait rassemblé les pro-Soumaïla Cissé pour protester contre les « fraudes », a ravivé les craintes. Dans la foule, à côté des slogans réclamant la transparence du scrutin, certaines pancartes invitaient implicitement l’armée à intervenir.

Une enquête a été ouverte pour déterminer qui sont les auteurs de ces slogans. « L’opposition a demandé cette marche, qui a été acceptée dans le cadre du jeu démocratique. Mais ces pancartes ne demandaient pas la démocratie », déplore un haut responsable du dispositif  sécuritaire malien.

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