En Centrafrique, des soupçons sur un trafic de passeports diplomatiques

L’affaire du passeport diplomatique d’un ressortissant iranien, présumé faux par la justice centrafricaine, cache-t-elle un scandale plus vaste, impliquant notamment d’anciens ministres ?

Dans les locaux d’Africard, société de fabrication de passeports pour l’Afrique centrale qui avait été installée à Bangui, en 2013 (Archives / Illustration). © Vincent Fournier/Jeune Afrique

Dans les locaux d’Africard, société de fabrication de passeports pour l’Afrique centrale qui avait été installée à Bangui, en 2013 (Archives / Illustration). © Vincent Fournier/Jeune Afrique

Publié le 18 mars 2020 Lecture : 1 minute.

L’affaire du passeport diplomatique de l’Iranien Shahram Dantism a mis le feu aux poudres à Bangui. Sur ce document, délivré le 28 novembre 2019 et signé par Sylvie Baïpo Temon, la ministre centrafricaine des Affaires étrangères, le diplomate, qui travaille pour le Réseau des chambres des experts européens, département Afrique de l’Ouest, est qualifié d’« ambassadeur ». Problème : la justice soupçonne un faux.

Un vaste scandale

Shahram Dantism affirme avoir été en contact avec des responsables centrafricains depuis 2017

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Une information judiciaire a été ouverte, et la Direction de la surveillance du territoire a interpellé Bikouo Motchouli Omer, directeur de cabinet de Chancel Sekode Ndeugbayi, le ministre délégué aux Affaires étrangères. Proche de l’opposant Martin Ziguélé – lequel dénonce une « cabale politique » –, Sekode Ndeugbayi est lui-même soupçonné d’avoir autorisé l’émission du document litigieux.

Le scandale pourrait être plus vaste. Selon nos informations, Shahram Dantism affirme avoir été en contact avec des responsables centrafricains depuis 2017, parmi lesquels Jean-Serge Bokassa, le ministre de l’Intérieur de l’époque, Bikouo Motchouli Omer, et des envoyés de la présidence.

L’Iranien assure avoir transmis des documents à Bokassa, lequel, contacté par JA, nie le connaître. Dantism ajoute que des intermédiaires lui ont demandé de payer 9 millions de F CFA (13 700 euros) pour obtenir son passeport.

Un système connu

Ce système n’est pas nouveau à Bangui. Un homme d’affaires italo-suisse en a également été victime. Celui-ci avait souhaité obtenir deux passeports diplomatiques pour des contacts turcs.

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Un réseau les lui avait proposés en échange de 40 000 euros. Charles Armel Doubane, alors ministre des Affaires étrangères (2016-2018), avait découvert la fraude. Contacté par JA, Doubane affirme avoir alerté Faustin-Archange Touadéra, le président, et Flavien Mbata, le ministre de la Justice.

Sans succès : les auteurs des faits avaient remboursé l’homme d’affaires, mais n’avaient pas été sanctionnés.

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