Coronavirus : quel impact sur les entreprises ouest-africaines ?

Baisse du chiffre d’affaires, suppressions d’emplois, arrêt des investissements… La chambre consulaire de l’UEMOA s’inquiète des conséquences de la pandémie sur les entreprises de la région.

Le secteur informel a particulièrement souffert de la crise – vendeuse de légumes à Dakar, le 18 avril 2020. © Sylvain Cherkaoui/AP/SIPA

Le secteur informel a particulièrement souffert de la crise – vendeuse de légumes à Dakar, le 18 avril 2020. © Sylvain Cherkaoui/AP/SIPA

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Publié le 4 juin 2020 Lecture : 3 minutes.

Baisses de chiffre d’affaires allant de 25 % à 100 % selon les secteurs d’activité, réduction des effectifs de 25 % en moyenne, reports voire annulations de projets d’investissement… Même si la propagation de l’épidémie de coronavirus reste relativement contenue en Afrique de l’Ouest, les entreprises de l’UEMOA paient cher les retombées économiques de cette crise sanitaire.

C’est ce que démontre le rapport « Impact de la pandémie du Covid 19 sur le secteur privé de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) », réalisé par la chambre consulaire régionale, et que Jeune Afrique a pu consulter en exclusivité. Ce rapport se base sur les données recueillies tout au long du mois d’avril auprès des 56 organisations d’entreprises membres de la chambre régionale (chambres consulaires, associations d’importateurs/exportateurs, organisations patronales…).

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Ce rapport analyse sur 58 pages les répercussions sur les principaux secteurs d’activités de la mise à l’arrêt de l’économie du confinement généralisé adopté par les États pour freiner la circulation du virus.

« Les entreprises de l’espace UEMOA ont vu leurs préoccupations économiques, sociales et sécuritaires amplifiées », explique le président de la CCR, Abdoulaye Kouafilann Sory, tout en soulignant la forte implication des organisations du secteur privé auprès des gouvernants dans les actions de lutte pour contrer la propagation du coronavirus.

  • Le secteur des services, victime principale de la crise

Principale victime des mesures restrictives prises par les gouvernements, le secteur des services, dont le chiffre d’affaires « devrait connaître une baisse de plus de 50 % si la pandémie perdurerait jusqu’en fin juin 2020 », avertissent les rédacteurs, qui relèvent « l’arrêt quasi-total des activités de tourisme (100 %), d’hôtellerie (95 %), de restauration (95 %) et d’agence de voyage (95 %) ». Les auteurs du rapport appellent en conséquence à la mise en place d’un fonds de relance régional.

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Si le fret a été épargné par la fermeture des frontières, le secteur des transports de personnes (aérien, routier et ferroviaire) est très impacté. Quant à l’enseignement privé, ses promoteurs se voient eux aussi confrontés à des charges imprévus, tandis que les acteurs de la finance sont confrontés aux difficultés de remboursement de leurs clients à la baisse des demandes de crédit.

Estimée à plus 50 % pour les services, la baisse de chiffre d’affaires est évaluée à 25 % pour le commerce et l’industrie. Ce qui induit des difficultés considérables de trésorerie pour les acteurs concernés.

  • Des décisions d’investissements annulées ou différées
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« 32 % des importateurs et 40% des exportateurs ont connu une baisse de trésorerie de l’ordre de 25 % », note le document, selon lequel la proportion s’accentue tout au long de la chaîne de vente d’un produit : ainsi 63 % des acteurs du commerce de gros estiment avoir perdu plus 25 % de chiffre d’affaires, quand 72 % des acteurs du commerce de détail font le même constat. Quant aux commerçants du secteur informel, ils sont 81 % à relayer une telle perte. Une situation qui ne pourra, selon les auteurs du rapport, qu’impacter l’investissement.

De fait, seuls 23 % des acteurs de l’industrie, 20 % des acteurs de l’hôtellerie et 30 % des opérateurs du tourisme se disent prêts à maintenir leurs projets d’investissements.

  • Une industrie au ralenti

« Le chiffre d’affaires est en baisse de l’ordre de 25 % dans tous les segments du secteur industriel notamment dans l’agro-industrie, les mines et l’industrie du pétrole », note le rapport, selon lequel « la baisse des cours des matières n’est pas de nature à favoriser le niveau du chiffre d’affaires » dans le secteur.

  • Emploi : une baisse de 25 %

Quant à l’emploi, il subit une baisse d’ensemble de l’ordre de 25 %, selon les organisations professionnelles d’entreprises. « Cette baisse, si elle semble faible dans l’ensemble par rapport aux effets attendus du Covid-19, s’expliquerait par les contraintes en matière de licenciement, le sentiment de confiance des entreprises dans une reprise prochaine rapide des activités, le choix d’éviter les coûts de rotation et ceux liés à d’éventuels nouveaux recrutements », relativise toutefois l’étude.

  • L’agriculture relativement épargnée

« Le secteur de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche semble dans un premier temps le moins impacté par la crise du Covid-19, avec une baisse de moins de 25 %. Le niveau de la trésorerie est resté stable ainsi que le niveau de l’emploi », indique le rapport, qui relève toutefois que « les mesures de fermetures de frontières, de marchés, de confinements ont eu des effets sur les produits frais et sur la logistique en matière d’exportation ».

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