Législatives au Mali : le parti au pouvoir en difficulté sur fond d’abstention

Les résultats provisoires du premier tour des législatives illustrent un recul du Rassemblement pour le Mali, parti du président Ibrahim Boubacar Keïta, et une faible participation, sur fond d’insécurité et d’inquiétudes liées à la pandémie de coronavirus.

Le président Ibrahim Boubacar Keïta, le 29 mars 2020, à Bamako. © Présidence du Mali

Le président Ibrahim Boubacar Keïta, le 29 mars 2020, à Bamako. © Présidence du Mali

Aïssatou Diallo.

Publié le 5 avril 2020 Lecture : 5 minutes.

Seuls 35,73% des électeurs, sur quelque 7,5 millions d’inscrits, ont fait le déplacement aux urnes le 29 mars à l’occasion du premier tour des législatives. Si le scrutin s’est déroulé sur toute l’étendue du territoire comme s’en réjouissent les autorités, « la participation reste encore un défi à relever », a reconnu jeudi 2 avril le ministre de l’Administration territoriale, Boubacar Alpha Bah, lors de la proclamation des résultats provisoires.

Ce taux de participation cache des disparités. Dans le centre et le nord du pays, de nombreux incidents ont émaillé le scrutin. « Les populations ont reçu des menaces de groupes terroristes. Dans certains villages, ils leur ont dit que s’ils votaient, il y aurait des représailles après le départ de l’armée qui supervise le processus », explique Ibrahima Sangho, président de l’Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali (POCIM).

Des agents électoraux et des observateurs ont de fait été enlevés dans les cercles de Ménaka, Douentza et Ansongo. Certains des bureaux de vote y sont restés fermés. L’enlèvement du chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, et de son équipe de campagne le 25 mars dans le cercle de Niafunké illustre cette insécurité dans cette partie du pays.

Mais pour Ibrahima Sangho, une deuxième raison, plus politique, justifie ce fort taux d’abstention : « les listes contre nature, où figurent à la fois des membres de l’opposition et de la majorité ». « L’opposition et la majorité sont divisés et ont du mal à se donner la main pour sauver le Mali. Mais lorsqu’il s’agit de conquérir ou de conserver des sièges, on les voit sur les mêmes listes. Les gens se disent donc que les partis politiques servent uniquement leurs propres intérêts », ajoute-t-il.

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