Décès de Manu Dibango : le beat légendaire de « Papagroove » interrompu par le coronavirus

Pilier de la musique africaine, Manu Dibango s’est éteint au terme d’une carrière de 60 ans, terrassé par le Coronavirus. Depuis ses débuts dans les clubs de jazz de Saint-Germain-des-Prés, il aura mixé, à travers les notes rauques de son saxophone, sonorités traditionnelles, classiques ou jazzy.

Manu Dibango au Caveau de la Huchette, en septembre 2019. © Elodie Ratsimbazafy pour JA

Manu Dibango au Caveau de la Huchette, en septembre 2019. © Elodie Ratsimbazafy pour JA

leo_pajon

Publié le 24 mars 2020 Lecture : 3 minutes.

« Papa Manu » était partout. Ces dernières années, on avait croisé l’infatigable octogénaire à l’inauguration du Fespam, le festival de musique de Brazzaville ; sur une scène de Montréal pour les 30 ans du festival Nuits d’Afrique ; à l’Unesco (dont il avait été nommé artiste pour la paix, en 2004) ; buvant un verre à la table du Coq Noir, le restaurant-club camerounais, son QG de Clichy fréquenté par le gotha musical afro-parisien…

Le natif de Douala semblait être chez lui dans tous les pays. Sur le continent évidemment, où il était, avec Angélique Kidjo, l’un des derniers grands musiciens panafricains en activité, mais aussi en Europe ou aux États-Unis, où il avait multiplié ses concerts. Et à chaque apparition, le géant produisait la même impression : une énergie douce que rien ne paraissait pouvoir altérer, une joie communicative, une générosité qu’il imprimait jusque dans sa musique, avec ce saxo qui semblait vissé à son être et dévoiler son âme.

L’un des plus grands

La légende camerounaise, que l’on pensait tirée d’affaires après les déclarations rassurantes de ses proches la semaine dernière, a donc finalement succombé à 86 ans après avoir contracté le coronavirus. C’est un pilier de la musique qui tombe. On ne précisera pas musique « jazz », musique « africaine », « classique », « moderne » ou « traditionnelle »… Car là encore, Emmanuel Dibango était partout.

Sa dernière tournée avec le Soul Makossa Gang et un orchestre symphonique résume bien la souplesse dont était encore capable le virtuose. Nous avions eu la chance d’assister, le 17 octobre, à son dernier spectacle dans la salle du Grand Rex, pleine à craquer, où, avec bonhomie, le « Papagroove » s’était lancé dans un « safari symphonique » éclectique, s’accommodant de tous les genres, mêlant la musique de son Cameroun natal à ses héros : Count Basie, Duke Ellington et Lionel Hampton.

Bien s’informer, mieux décider

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