[Tribune] Festival de Cannes : Spike Lee, un choix audacieux ou « politiquement correct » ?

Le Festival de Cannes a frappé un grand coup en désignant le réalisateur américain Spike Lee comme prochain président du jury. Il sera ainsi le premier Noir à occuper cette fonction. Une première dont il faut se féliciter, mais qui vient bien tard et qui paraît quelque peu opportuniste. À moins que Spike Lee ne fournisse la preuve du contraire.

Le réalisateur Spike Lee, au Festival de film de Berlin,  le 16 février 2016 © Axel Schmidt/AP/SIPA

Le réalisateur Spike Lee, au Festival de film de Berlin, le 16 février 2016 © Axel Schmidt/AP/SIPA

Renaud de Rochebrune

Publié le 20 janvier 2020 Lecture : 4 minutes.

La direction du festival de Cannes a annoncé à la mi-janvier que le prochain président du jury de la plus grande manifestation cinématographique mondiale serait le célèbre réalisateur Spike Lee. L’information a vite fait le tour du monde et la grande majorité des commentateurs ont salué cette grande première : aucun cinéaste afro-américain et, plus encore, aucun cinéaste noir n’avait en effet jamais occupé cette prestigieuse fonction.

Une nomination sans précédent d’autant plus remarquée, et un choix considéré comme d’autant plus audacieux, que Spike Lee n’est pas n’importe quel artiste appartenant à ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui une minorité. Militant revendiqué de la « cause noire » aux États-Unis, auteur de très nombreux films consacrés au conflit racial qui empoisonne la société américaine, de Do the right thing à Malcolm X, il n’est pas seulement un auteur engagé, ce que tout le monde respecte, mais aussi un spécialiste de la contestation radicale voire, disent ses nombreux critiques, un provocateur.

Souvent en colère, il ne déteste pas, il est vrai, choquer les « bien-pensants » et alimenter la polémique en défendant ses convictions bien arrêtées. Pour ne citer que ses « sorties » les plus saillantes envers d’autres cinéastes consacrés, il s’est attaqué en 2008 à Clint Eastwood, qu’il considérait illégitime pour s’intéresser à l’histoire de la communauté noire avec son long métrage Bird évoquant la vie du jazzman Charlie Parker, puis en 2012 à Quentin Tarantino, auquel il reprochait lors de la sortie de Django Unchained d’être « irrespectueux » envers « ses ancêtres » (car « l’esclavage en Amérique n’est pas un western spaghetti ») et d’utiliser excessivement le terme « nigger » dans nombre de ses films.

Bien s’informer, mieux décider

Abonnez-vous pour lire la suite et accéder à tous nos articles

Image
Découvrez nos abonnements
la suite après cette publicité

La rédaction vous recommande

[Tribune] Cinéma : « Oscars so black »

Cinéma : Spike Lee met le feu au Ku Klux Klan

Contenus partenaires