Maroc : le nouveau visage de l’université Al Quaraouiyine de Fès
Complètement restructurée, la vieille université de Fès a renoué avec son histoire millénaire. Et représente désormais un élément incontournable de la diplomatie religieuse du royaume.
Mardi 23 mai, l’Université Al Quaraouiyine et ses annexes, nichées dans la médina de Fès, étaient à l’honneur. Dans la salle de conférences de la bibliothèque, Mohammed VI a présidé une cérémonie de présentation du programme de réhabilitation des medersas restaurées et de leur ouverture au profit d’étudiants de l’université. L’occasion pour le ministère des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq, de faire, entre autres, le point sur la réorganisation de cette université, considérée comme la plus ancienne institution d’enseignement supérieur islamique dans le monde.
Medersas rénovées
Ainsi, les six medersas (écoles coraniques) relevant de l’université ont retrouvé leur fonction d’origine. Après des décennies de fermeture (pour certaines), ces édifices construits par les rois Mérénides au 14e siècle ont été restaurés, réhabilités et accueillent depuis le début de l’année une centaine d’étudiants d’Al Quaraouyine. Un budget de 43 millions de dirhams a été mobilisé pour rénover à l’identique ces monuments historiques et plus de trois ans de travaux ont été nécessaires pour redonner vie à ces medersas où désormais quelques cours sont dispensés, en plus de servir d’unités d’hébergement pour les étudiants du cycle terminal de l’université. Il s’agit de « renouer avec la finalité première qui a motivé la création de ces institutions, à savoir fournir l’hébergement et les cours d’enseignement et ce, dans le souci de prévenance envers les étudiants et de renforcement de la vie urbaine dans l’ancienne médina, à travers la dynamisation de ces medersas qui sont au cœur de son tissu urbain », comme l’a expliqué Ahmed Toufiq dans son allocution devant le roi Mohammed VI.
Nouveau cursus
Le renouveau d’Al Quaraouyine ne se limite pas à la restauration de ses vestiges. Suite à la promulgation, en septembre 2016, d’un Dahir faisant d’elle un établissement d’enseignement supérieur et de recherche scientifique investi de la mission de formation dans la science de la charia, de la pensée islamique et des sciences des religions et de leurs histoires, le rectorat de l’université a lancé de nouveaux cursus. En plus de l’enseignement traditionnel dans son cycle terminal, l’institution offre désormais une maîtrise en sciences religieuses et humaines.
Dit « Al-Alimya Al’Ulya », ce master lancé au début de l’année a accueilli sur concours des bacheliers se prévalant de la mémorisation intégrale du Coran et qui vont poursuivre durant cinq ans à l’université un régime d’études que l’on promet densifié et rigoureux. « Ce type de formation convient on ne peut mieux au genre d’institution qu’est l’université Al Quaraouyine, en droite ligne de sa vocation de renforcer les compétences requises pour l’effort d’interprétation (Ijtihad) et argumenter judicieusement le dialogue au sujet de cette religion et ce, de la manière la plus convenable qui soit », a fait observer le ministre.
Al Quaraouyine a par ailleurs lancé une filière de calligraphie arabe. Là aussi, une première promotion composée de quinze étudiants a déjà démarré la formation sous l’encadrement d’experts de l’Académie des arts de Casablanca. Les cours se tiennent à la Medersa Sahrij, un édifice du 14e siècle, une des six medersas ressuscitées grâce au programme de réhabilitation de la médina de Fès.
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