Pour Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, le Sénégal « doit rester un modèle de démocratie pour l’Afrique »

Les autorités ont interdit une manifestation à l’appel de la société civile pour réclamer le maintien de l’élection présidentielle reportée par Macky Sall. Ses organisateurs ont finalement décidé de la repousser.

Macky Sall a décidé de reporter l’élection présidentielle initialement prévue le 25 février 2024. © JOHANNA GERON/REUTERS

Macky Sall a décidé de reporter l’élection présidentielle initialement prévue le 25 février 2024. © JOHANNA GERON/REUTERS

Publié le 13 février 2024 Lecture : 3 minutes.

Abdou Diouf et Abdoulaye Wade ont demandé au président Macky Sall d’organiser « dans les plus brefs délais le dialogue national qu’il a annoncé », dans un courrier daté du 11 février signé par les deux ex-présidents sénégalais. Ils appellent les jeunes à « arrêter immédiatement les violences ».

Dans ce courrier daté du 11 février, Diouf et Wade s’adressent solennellement à la nation en tant que « pères, avec Leopold Sédar Senghor, de la démocratie sénégalaise obtenue de haute lutte, mais aussi anciens irréductibles adversaires politiques qui nous sommes vigoureusement opposés par le passé. »

la suite après cette publicité

Ils soulignent qu’ils ont « su discuter et dialoguer dans l’intérêt du Sénégal pour mettre un terme à nos différends et aux crises politiques, et cela dans le but de préserver la paix et les vies ». Tout en interpellant les Sénégalais : « Vous n’avez pas le droit de faire moins que nous. »

Marche silencieuse

Les organisateurs d’une marche de la société civile prévue mardi contre le report de la présidentielle ont décidé de la repousser après son interdiction par les autorités. « Nous allons reporter la marche car nous voulons rester dans la légalité. La marche a été interdite. C’est un problème d’itinéraire. Donc nous allons changer cela », a dit Malick Diop, un coordinateur du collectif qui a appelé à manifester.

Le président Sall cherche, lui, comment extraire le Sénégal d’une des plus graves crises qu’il ait connues depuis des décennies. Des médias ont fait état de pourparlers pour renouer les fils du dialogue avec l’opposition, y compris avec Ousmane Sonko, qui a livré au pouvoir un bras de fer de plus de deux ans avant d’être emprisonné en 2023. D’autres ont évoqué la possibilité d’une amnistie dont pourraient bénéficier Sonko, mais aussi son second Bassirou Diomaye Faye, également détenu depuis 2023, et les personnes mises en prison lors des troubles de mars 2021 et juin 2023.

Les conditions du dialogue

Macky Sall a justifié le report par les querelles suscitées par l’homologation de vingt candidatures par le Conseil constitutionnel et la disqualification de dizaines d’autres. Il a dit vouloir une élection incontestable, s’inquiétant du risque de nouveaux accès de violence après ceux de 2021 et 2023. Il a affirmé sa volonté « d’apaisement et de réconciliation » et a proposé un dialogue au reste de la classe politique.

la suite après cette publicité

Cette tentative de main tendue soulève une multitude de questions, en particulier sur son acceptation par l’opposition et sur le sort fait aux opposants Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye. Leur parti a jusqu’alors rejeté l’offre de dialogue. Or la détente paraît presque impossible sans libérer les deux hommes et sans permettre à Sonko de concourir à la présidentielle, estiment différents experts.

L’opposition soupçonne le camp présidentiel de s’arranger avec le calendrier électoral parce qu’il est sûr de la défaite de son candidat, le Premier ministre Amadou Ba, désigné par Macky Sall pour lui succéder. Elle suspecte une manœuvre pour que le président Sall, dont le mandat expirait officiellement le 2 avril, reste au pouvoir, même si celui-ci répète qu’il ne se représentera pas.

la suite après cette publicité

Depuis le 12 février, les huit universités publiques du Sénégal ont entamé une grève très suivie par les enseignants pour protester contre la mort d’un étudiant, le 9 février, à Saint-Louis (nord). Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, des universitaires « exigent le rétablissement immédiat du calendrier électoral » et le respect des droits humains.

(Avec AFP)

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires