CAN au Cameroun : pourquoi les stades restent vides

L’ambiance exceptionnelle du match d’ouverture de la CAN est retombée et le pays hôte peine à remplir ses gradins. Plusieurs obstacles ont douché l’enthousiasme des supporters…

Avant le match entre la Mauritanie et la Gambie au stade de Limbé, le 12 janvier 2022 A Gammbia’s supporter waves a flag before the Group F Africa Cup of Nations (CAN) 2021 football match between Mauritania and Gambia at Limbe Omnisport Stadium in Limbe on January 12, 2022.
© ISSOUF SANOGO/AFP

Avant le match entre la Mauritanie et la Gambie au stade de Limbé, le 12 janvier 2022 A Gammbia’s supporter waves a flag before the Group F Africa Cup of Nations (CAN) 2021 football match between Mauritania and Gambia at Limbe Omnisport Stadium in Limbe on January 12, 2022. © ISSOUF SANOGO/AFP

Franck Foute © Franck Foute

Publié le 12 janvier 2022 Lecture : 3 minutes.

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Des enceintes sportives flambant neuves, des pelouses praticables, des affiches alléchantes… et des gradins qui sonnent creux. Les premières journées de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2021 offrent une image contrastée, qui ne laisse pas les autorités camerounaises indifférentes. Passée la mobilisation exceptionnelle du match d’ouverture du 9 janvier autour de l’équipe nationale du Cameroun, le pays hôte, la température est redescendue, notamment en raison de l’absence de public dans les différents stades.

Une heure après la rencontre entre Lions indomptables et les Étalons burkinabè, les tribunes du stade Olembe s’étaient déjà pratiquement vidées quand les joueurs éthiopiens et capverdiens sont entrés en scène. Le stade de Bafoussam, où se jouent les rencontres de l’un des favoris, le Sénégal, celui de Mfandena, où est logé le Maroc, celui de Douala Japoma, dans lequel l’Algérie a disputé ce 11 janvier son premier match… Aucun n’a pu relever le pari de la mobilisation. Seul exception, jusqu’à présent : le duel entre le Nigeria et l’Égypte, qui s’est joué au stade Roumde Adja de Garoua, rempli pour l’occasion à hauteur des 60% autorisés par la Confédération africaine de football (CAF).

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Protocole sanitaire trop strict ?

Plusieurs raisons expliquent le fait que les supporters boudent ainsi les stades, et la principale est sans nul doute la lourdeur du protocole sanitaire adopté par la CAF et le comité d’organisation pour limiter la propagation du Covid-19. Des règles particulièrement strictes, exigées par de nombreux clubs – européens notamment – avant d’autoriser la participation de leurs joueurs à cette compétition. Ne peuvent assister aux matchs que les personnes dûment vaccinées, qui doivent en outre présenter un test négatif datant de moins de 48 heures.

Dans un pays où moins de 2,5 % de la population avait reçu ses doses une semaine avant le coup d’envoi de la CAN, l’obligation vaccinale exclut une large partie des supporters potentiels. « Il faut que la CAF revienne sur certaines dispositions. On peut maintenir les test anti-covid et les masques, mais se passer de l’obligation vaccinale, juge Landry, un supporteur de Yaoundé. Il en va de la qualité du spectacle. »

Il faudra débourser au moins 5 000 F CFA pour les quarts et pas moins de 7000 pour la finale

Les horaires de certains des matchs programmés pendant cette première phase de la compétition – dès 14h pour certains – et le prix des billets, sont aussi en cause. En fonction des catégories, les billets vont de 3 000 à 8 000 F CFA (de 4,5 à 12 euros environ). Et les tarifs grimpent à mesure que la compétition avance : lors des quarts de finale, il faudra débourser au moins 5 000 F CFA – et jusqu’à 15 000 F CFA. Et pour la finale, les précieux sésames coûteront de 7 000 à 20 000 F CFA. « Vendre des billets d’entrée à ces tarifs dans un pays où le smic mensuel est à moins de 60 euros, il y a de quoi en décourager beaucoup », constate un journaliste sportif d’une télévision camerounaise. Sur Twitter, la journaliste camerounaise Annie Payep estime également qu’il faut « revoir les prix à la baisse » et qu’il conviendrait d’« alléger les conditions d’accès dans les stades ».

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L’appel de Kamto

Pendant que certains appelaient ainsi à lever les obstacles sanitaires, d’autres ont au contraire avancé l’idée d’un boycott de la compétition pour des raisons politiques. Plusieurs activistes ont en effet brandi la menace d’un appel à déserter les stades, à l’instar du prêtre jésuite Ludovic Lado, qui voulait dénoncer de cette manière les « arrestations arbitraires d’opposants » et attirer l’attention sur la crise sécuritaire que traverse le pays dans les régions anglophones, notamment. Ce projet a cependant été contrarié par une sortie du leader de l’opposition, Maurice Kamto, qui a enjoint les Camerounais à « accueillir dans la dignité et l’hospitalité africaine l’ensemble des étrangers, tout en portant les Lions indomptables à la victoire ».

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Pour tenter de remplir les stades, le gouvernement a adressé de multiples messages à la population. Dans un communiqué rendu public ce 11 janvier, le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, a ainsi appelé à « une mobilisation de tous afin de garnir les gradins des stades tout au long de la compétition et dans tous les sites abritant les rencontres ». Pas sûr que l’appel soit entendu si la CAF n’accepte pas d’assouplir les règles sanitaires et que les prix des billets restent à leur niveau actuel.

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