Secret d’histoire : Fayçal Ier d’Irak ou le rêve brisé d’un royaume arabe

Tout au long de ses douze ans de règne, le roi Fayçal Ier a tenté de construire un État neuf en Irak, tout en essayant de négocier une indépendance aux contours difficiles à définir.

JAD20210315-MMO-Irak-Fayçal-Photo2 © Portrait du roi Fayçal Ier d’Irak, cerca 1914.

JAD20210315-MMO-Irak-Fayçal-Photo2 © Portrait du roi Fayçal Ier d’Irak, cerca 1914.

ProfilAuteur_LaurentDeSaintPerier

Publié le 15 mars 2021 Lecture : 12 minutes.

Fin mars 1921, un prince de La Mecque, chérif descendant du Prophète, vainqueur d’armées ottomanes en 1918 mais chassé de son éphémère royaume de Syrie par les canons français deux ans plus tard, apprend qu’il a retrouvé un trône et qu’il va unir son destin à la naissance d’une nation aujourd’hui encore fragile : il sera Fayçal Ier d’Irak.

L’affaire a été discutée quelques jours auparavant, entre gentlemen britanniques, dans le secret des salons soyeux du palace Sémiramis au Caire. Réunie entre le 12 mars et le 30 mars 1921 sous les auspices du nouveau Secrétaire d’État aux Colonies Winston Churchill, cette conférence a scellé les destins torturés de la Palestine et de la Mésopotamie, donnée en mandat à la Grande-Bretagne par la Société des Nations, quand la France avait reçu la Syrie. La Mésopotamie dépendait jusque-là du Raj britannique de Calcutta, qui avait envoyé dans la région des forces combattre les Ottomans.

Théâtre colonial britannique

Calcutta, considérant la zone comme le débouché naturel de l’Inde, poussait pour une colonisation pure et simple. Mais Winston Churchill, qui préside la Conférence du Caire, voit le jeu d’un autre œil : après les ravages de la Première guerre mondiale, la Grande Bretagne n’a plus les moyens, ni en fonds, ni en troupes d’occuper un si vaste pays, l’opinion publique est aux aguets et des résistances anti-coloniales s’expriment déjà dans tout l’empire.

Dans le pays qui est devenu l’Irak, un premier débarquement britannique en 1915 avait déjà poussé les influents clercs chiites à appeler au jihad pour repousser, avec les armées ottomanes sunnites, l’envahisseur étranger. À Al-Kut, les Britanniques avaient subi une défaite cuisante, la première d’une armée occidentale contre une armée non occidentale depuis celle de la Russie contre le Japon en 1905. En 1920, une révolte soulève à nouveau la Mésopotamie contre la présence armée anglaise, qui est réprimée dans le sang, sous les bombes de la Royal Air Force (RAF).

Fayçal Al-Hachémi, fils de Hussein, émir du Hedjaz et protecteur des Lieux saints, est un acteur assez extérieur pour que son pouvoir dépende de la puissance britannique, mais suffisamment local pour apparaître comme à même de gérer les disputes domestiques

Bien s’informer, mieux décider

Abonnez-vous pour lire la suite et accéder à tous nos articles

Image
Découvrez nos abonnements
la suite après cette publicité

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires