Star Wars, Indiana Jones… La Tunisie mise sur les lieux de tournage de films cultes

Alors que le Covid-19 freine la délicate reprise du tourisme, la Tunisie lance un projet de « route cinématographique » autour de lieux de tournage de célèbres films. Pour attirer des visiteurs et, pourquoi pas, des productions.

Dans le désert tunisien, le décor de la ville de Mos Espa, sur la planète Tatooine, du film Star Wars © GILLES BADER/SIPA

Dans le désert tunisien, le décor de la ville de Mos Espa, sur la planète Tatooine, du film Star Wars © GILLES BADER/SIPA

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Publié le 25 novembre 2020 Lecture : 4 minutes.

« La Tunisie regorge de sites culturels à valoriser », soutient Mouna Methlouthi, directrice générale de la coopération internationale au ministère tunisien du Tourisme. Ce constat a beau être devenu une antienne, les avancées en la matière restent lentes. Par delà les plages des hôtels all inclusive et les rares musées nationaux, tout un patrimoine attend encore d’être mis en lumière, voir redoré.

C’est ce qu’ambitionne, à son échelle, la nouvelle « route cinématographique » mise en œuvre par le ministère et l’Agence allemande de coopération internationale (GIZ). Ce parcours en cours de création devrait ouvrir d’ici la fin 2021. Des studios tunisiens aux nombreux décors naturels dont regorge le pays, c’est 18 sites de tournage de films à succès qui ont été sélectionnés dans dix régions pour accueillir du public.

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De Star Wars aux Monty Python

Ils concernent six productions culte : « Star Wars » (réalisé par George Lucas), « Monty Python : La Vie de Brian » (Terry Jones), « Indiana Jones » (Steven Spielberg), « Le patient anglais » (Anthony Minghella), « La dernière légion » (Doug Lefler) et « Or noir » (Jean-Jacques Annaud). Certains de ces succès ont beau remonter aux années 1970, 1980 et 1990, ils ont fait date. Quant aux deux derniers longs-métrages, tournés entre 2005 et 2010, ils font partie des trop rares productions internationales accueillies dans le pays ces dernières décennies.

Jusqu’à présent, seul le site de Star Wars près de Tataouine a fait l’objet d’une attention particulière, grâce aux fans qui se cotisent depuis 2014 pour restaurer ses décors et grâce à l’organisation du festival des Dunes électroniques. Des guides privés proposent aussi des escales dans les autres sites, mais tous ne sont pas pensés pour accueillir des visiteurs. Des appels d’offres seront donc lancés dans les prochains mois afin de dispenser des formations à leurs propriétaires et à leurs exploitants.

Le village de Ksar Hadada, où Georges Lucas a tourné "La menace fantôme", l'épisode I de Star Wars, en 1997 © NORBERT SCANELLA/ ONLYWORLD.NET

Le village de Ksar Hadada, où Georges Lucas a tourné "La menace fantôme", l'épisode I de Star Wars, en 1997 © NORBERT SCANELLA/ ONLYWORLD.NET

« Espaces d’accueil, sanitaires, mises aux normes, rénovations… des aides nécessaires à l’aménagement des 18 sites sélectionnés seront par ailleurs distribuées sous la houlette de la Coopération allemande et de l’Union européenne et dans le cadre du volet « Promotion du tourisme durable » de « Tounes Wijhetouna ». Ce programme d’appui à la diversification du tourisme compte en tout 50 millions d’euros qui seront déployés d’ici à 2024.

Redynamiser le tourisme

Outre les décors, les costumes des tournages et les souvenirs des habitants pourraient être mis à l’honneur, dans des localités aussi variées que le théâtre romain de Carthage (grand Tunis), les Ribat de Monastir et de Kairouan (Littoral Est et Centre), ou des sites restés à l’état brut comme le canyon de Sidi Bouhlel (dans le Sud). « Avec ces initiatives nous comptons aussi développer le tourisme dans les régions de l’intérieur et offrir une offre alternative au balnéaire, pourquoi pas en développant des modes d’hébergement tels que des gîtes et maisons d’hôtes », détaille Mouna Methlouthi.

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« Nous ambitionnons également de créer des services autour de ces sites comme des des lieux de restauration ou des petits musées, et de créer une dynamique à même de créer des emplois en incluant des entreprises mais aussi des municipalités et des associations », explique José Froehling, chef de composantes du projet « Promotion du tourisme durable » à la GIZ.

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Il faut dire que la crise du Covid a durement frappé le secteur. Selon les derniers chiffres du ministère de tutelle, de janvier à fin septembre 2020, les entrées ont chuté de 75 % et entraîné la perte de près de 47 000 emplois (soit 13 % de l’activité), dont 11 700 emplois directs. Un coup dur pour ce secteur clef.

Attirer de nouvelles productions

Au delà de cette activité autour des lieux de tournage passés, la Tunisie peut-elle aujourd’hui séduire de nouveau les cinéastes étrangers ? « Cette route cinématographique est une bonne initiative car nous avons des décors naturels magnifiques. Mais si on veut attirer des productions, il faut revoir en urgence la législation, qui est obsolète », prévient Dora Bouchoucha, productrice chez Nomadis Images et directrice des Journées Cinématographiques de Carthage.

Avec les décors naturels tunisiens, on peut figurer sept pays dans un même film »

« Les tournages étrangers ont fui la Tunisie bien avant la révolution, car nos dirigeants n’ont pas su communiquer sur l’infrastructure disponible ni la développer, contrairement à leurs homologues marocains, alors que nos sites sont très avantageux en matière de tarifs et de compétences », regrette Sami Ben Mlouka, producteur à CTV (Cinéma Télévision Vidéo Services), dont le père, Abdelaziz Ben Mlouka, a participé à la production des premiers Star Wars.

Ces dernières années, leur société a continué à accueillir des projets venus de France, d’Allemagne, du Royaume-Uni, du Portugal ou encore de Russie, mais c’est encore trop peu à son goût. La route cinématographique pourrait donc remettre un coup de projecteur sur un secteur largement sous-exploité. « Il est important de montrer qu’il n’y a pas que le désert ici mais qu’on peut trouver une grande diversité de paysages. Nous avons récemment identifié des lieux pour figurer sept pays – du Niger à l’Afghanistan en passant par Cuba – dans un même film », souligne-il.

Si le pays ne compte que deux studios, à Ben Arous (grand Tunis) et à Latrach (vers Hammamet), « nous pouvons construire des décors comme nous l’avons fait pour « Peut-être » [1999] de Cédric Klapisch, qui représentait Paris sous le sable, et pour bien d’autres productions », assure Ben Mlouka.

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