Depuis Paris, Soro maintient sa candidature mais ne veut pas d’une élection le 31 octobre

Trois jours après avoir été écarté de la présidentielle ivoirienne, Guillaume Soro a assuré qu’« il n’y aura pas d’élection le 31 octobre », tout en réaffirmant vouloir maintenir sa candidature.

Guillaume Soro, lors d’une conférence de press à l’hôtel Bristol, à Paris, le 17 septembre 2020. © Bruno Levy

Guillaume Soro, lors d’une conférence de press à l’hôtel Bristol, à Paris, le 17 septembre 2020. © Bruno Levy

BENJAMIN-ROGER-2024

Publié le 17 septembre 2020 Lecture : 4 minutes.

Faute de QG de campagne à Abidjan, c’est à l’hôtel Bristol, à Paris, qu’il a pris ses habitudes. Près de neuf mois après y avoir annoncé qu’il était candidat à la présidentielle du 31 octobre, Guillaume Soro y organisait une nouvelle conférence de presse ce jeudi 17 septembre, trois jours après l’invalidation de sa candidature par le Conseil constitutionnel ivoirien.

Déterminé et offensif, l’ancien président de l’Assemblée nationale, en exil dans la capitale française depuis qu’il est poursuivi par la justice de son pays, a attaqué Alassane Ouattara sur tous les fronts pendant près de deux heures. D’emblée, il a réaffirmé que sa candidature à la présidentielle était « ferme, irréductible et irrévocable ».

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S’appuyant sur les récentes décisions en sa faveur de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), dont la dernière en date du 15 septembre demande à la Côte d’Ivoire de lui restituer son droit à l’éligibilité, Soro a sévèrement taclé les juges du Conseil constitutionnel – et en particulier son président, Mamadou Koné, régulièrement moqué tout au long de la conférence de presse. « Ils ont servilement obéit au pouvoir exécutif et porté le déshonneur sur leur institution », a-t-il dénoncé.

Sur le fond, le président de Génération et peuples solidaires (GPS) a martelé que « maintenir cette élection dans ces conditions n’avait aucun sens » et qu’y participer revenait à « cautionner la forfaiture » d’Alassane Ouattara et à « accompagner son coup d’État institutionnel ». Il a ensuite appelé l’opposition à « faire bloc » face aux projets de troisième mandat du président sortant.

« Faire barrage »

« J’en appelle à une unité d’action de l’opposition pour stopper Alassane Ouattara dans sa folle aventure par tous les moyens légaux et légitimes. Je demande aux candidats, retenus ou non, et plus spécifiquement au président Bédié, au président Gbagbo, au Premier ministre Affi N’Guessan, au ministre Amon-Tanoh, au ministre Mabri Toikeusse, de prendre ensemble nos responsabilités et de faire bloc (…) Ensemble, nous devons organiser la mobilisation de tout le peuple ivoirien depuis la campagne, les hameaux, les villages et les villes pour faire barrage au troisième mandat anticonstitutionnel de Ouattara. »

Selon le président de Génération et peuples solidaires (GPS), la Côte d’Ivoire est « au bord du gouffre ». « Il y a un véritable risque de déflagration si la communauté internationale ne se mobilise pas », a-t-il alerté, en appelant à la Cedeao, l’Union africaine (UA), l’Union européenne (UE) et les Nations unies pour garantir des « élections démocratiques transparentes et inclusives ».

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Après avoir plusieurs fois critiqué Emmanuel Macron pour son positionnement sur la situation politique ivoirienne, lequel lui a fait passer le message de cesser ses attaques personnelles à son égard, Soro a exprimé « reconnaissance [au président français] d’avoir tenu un langage de vérité à Ouattara » lors de leur déjeuner en tête-à-tête à l’Élysée, le 6 septembre.

Il a également eu un mot de gratitude envers le président nigérian Muhammadu Buhari, dont il a salué le « leadership » et auquel il a assuré qu’il rendrait visite « sous peu » au Nigeria, ainsi qu’à ses homologues nigérien, Mahamadou Issoufou, et bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embaló, pour leurs « postures reconnues » contre les troisièmes mandats sur le continent.

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Appel à la « synergie »

Après son discours d’introduction, celui qui longtemps été un allié d’Alassane Ouattara, avant leur séparation brutale en 2019, a précisé sa pensée lors d’une séance de questions-réponses. Il a notamment asséné qu’« il n’y aura pas d’élection le 31 octobre ».

Aux journalistes qui le pressaient de savoir comment il pouvait en être si certain, Soro a répondu que « le peuple n’en voulait pas et qu’il se mobiliserait » pour faire barrage au troisième mandat de Ouattara.

Quid de ses relations avec l’armée, alors que nombre d’observateurs prêtent à l’ancien chef de la rébellion des connexions toujours solides parmi les militaires ? « L’armée ne m’intéresse pas, ce qui m’intéresse c’est l’arène politique », a-t-il assuré, ajoutant qu’il n’avait « pas besoin d’armes » pour remporter des victoires.

Quant aux autres opposants, sans lesquels ses projets d’union ne feront long feu, il a affirmé qu’il était en « synergie » avec eux. Il a indiqué qu’il « parlait » avec Laurent Gbagbo, lui aussi recalé de l’élection présidentielle par le Conseil constitutionnel, et qu’il était aussi en contact avec Henri Konan Bédié, dont la candidature a été validée.

Que compte-t-il faire si Bédié reste candidat et créée, de facto, une scission au sein de l’opposition ? « Je suis convaincu que mon appel sera retenu », répond-t-il. Voyant dans le récent refus du Parti démocratique de Côte d’Ivoire – Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA) de prendre part aux élections des Commissions électorales indépendantes (CEI) locales un « indice », Soro a laissé entendre que Bédié pourrait refuser de participer à un scrutin dont Ouattara aurait « déjà fixé les résultats ».

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