Kenya : Lupita Nyong’o, super-héroïne de la fierté noire

Actrice oscarisée qui triomphe dans « Black Panther », militante au grand cœur… À 35 ans, Lupita Nyong’o s’impose comme une Wonder Woman de la fierté noire.

La star mexicano-kényane 
au Royal Albert Hall, 
à Londres, le 18 février. © Matt Baron/Shutterstock/SIPA

La star mexicano-kényane au Royal Albert Hall, à Londres, le 18 février. © Matt Baron/Shutterstock/SIPA

leo_pajon

Publié le 7 mars 2018 Lecture : 3 minutes.

En janvier, une campagne virale a enflammé Twitter : le #BlackPantherChallenge. L’idée ? Recueillir des fonds pour permettre à des enfants défavorisés de voir le « blackbuster » de Marvel, qui a pour héros la « superpanthère ». Le 22 février, Lupita Nyong’o, l’une des principales actrices du film, révélait avoir offert des places de cinéma à 600 élèves de Kisumu, la troisième ville du Kenya.

« Je voulais que les enfants de ma ville natale voient les images positives que véhiculent Black Panther et les super-héros dont ils peuvent s’inspirer », a-t-elle expliqué sur son compte Instagram. Ce geste plein de panache ne surprendra pas ceux qui suivent la trajectoire de cette star mexico-kényane de 35 ans engagée sur tous les fronts.

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En matière de militantisme, elle a de qui tenir. Son père, Peter Anyang’ Nyong’o, ancien ministre et sénateur du comté de Kisumu, est un homme politique d’envergure. Sa mère, Dorothy, est l’une des directrices de la Fondation africaine contre le cancer. Opposée au président Daniel arap Moi, la famille a subi la prison, la torture, la perte d’un proche (l’oncle de Lupita, Charles, a été jeté d’un ferry), avant de s’exiler à Mexico, où l’actrice est née en 1983. De retour au Kenya, les Nyong’o, victimes de tentatives d’intimidation, ont dû plusieurs fois déménager avec leurs six enfants.

À 24 ans, elle signe un documentaire, In my Genes, sur le calvaire qu’endurent les albinos du Kenya

C’est dans cette ambiance oppressante que Lupita s’est forgé un mental de battante, avant de connaître une ascension fulgurante. À 14 ans, elle monte sur les planches, au Kenya National Theatre. À 24 ans, elle signe un documentaire, In my Genes, sur le calvaire qu’endurent les albinos du Kenya, qui lui vaut d’être repérée dans les réseaux de festivals. Mieux, elle obtient une reconnaissance internationale dès sa première apparition dans un long-métrage.

Pour son rôle dans 12 Years a Slave, où elle campe Patsey, esclave dans une plantation de coton en Louisiane, elle obtient l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle… et dix-huit autres récompenses.

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Egérie de Lancôme

La suite ? Elle est faite de films à gros budgets, souvent issus des studios Disney. Outre deux épisodes de Star Wars, où elle incarne l’alien Maz Kanata, elle apparaît dans Queen of Katwe (l’histoire vraie d’une joueuse d’échecs surdouée, née dans un bidonville ougandais) et dans Black Panther – deux superproductions qui célèbrent la fierté noire et l’empowerment féminin.

Sur cette lancée, elle a confirmé qu’elle adapterait Americanah, le roman à succès de Chimamanda Ngozi Adichie, en mini-série télévisée. Et elle doit jouer dans une adaptation de The Woman King, contant l’histoire des amazones du Bénin.

Fière d’incarner l’idée que la beauté doit être l’expression d’une femme libre face à elle-même

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Hors des plateaux, la lutte continue. Devenue l’égérie de la marque de luxe Lancôme, Lupita se dit fière d’incarner l’idée « que la beauté doit être l’expression d’une femme libre face à elle-même ». Première Noire recrutée par la marque, elle contribue à favoriser l’acceptation des peaux foncées.

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À cet égard, elle a révélé, ce 18 janvier, que son livre pour enfants, Sulwe, paraîtra chez Simon & Schuster en janvier 2019. L’histoire ? Celle d’une petite Kényane au teint plus sombre que celui des autres membres de sa famille et qui, complexée par cette différence, veut se blanchir la peau. Le conte se conclut sur un happy end, la fillette comprenant, grâce à l’aide de sa mère, que la beauté s’accommode de toutes les nuances.

Cette enfant pourrait être Lupita, elle qui eut du mal à accepter sa couleur de peau à l’adolescence, jusqu’à ce que des mannequins noirs, comme Alek Wek, changent sa perception. En 2014, le magazine américain People l’a élue plus belle femme du monde…

Tribune contre Harvey Weinstein

Loin de se satisfaire de ces victoires, Lupita mène beaucoup d’autres combats. Ambassadrice de l’association WildAid pour la préservation des éléphants, elle se bat aussi pour la conservation de monuments historiques aux États-Unis, est impliquée dans Mother Health International, qui soutient les maternités ougandaises, promeut l’art dramatique au Kenya.

Dans le New York Times, elle raconte comment le producteur Harvey Weinstein l’a harcelée, en 2011, lorsqu’elle était étudiante

Et ce n’est pas tout ! En octobre 2017, elle a signé dans le New York Times une tribune dans laquelle elle raconte comment le producteur Harvey Weinstein l’avait harcelée, en 2011, lorsqu’elle était étudiante. Depuis, elle a bien sûr refusé de travailler avec lui. Et dit préférer évoluer avec des réalisatrices ou des réalisateurs féministes. Les voilà prévenus.

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