Ce jour-là : le 2 février 1971, Amin Dada devient président de l’Ouganda

Le 2 février 1971, Idi Amin Dada s’autoproclame président de l’Ouganda ainsi que commandant en chef des forces armées. Il modifie la Constitution, place des militaires aux plus hautes fonctions de l’État et instaure le State Research Bureau (STB), chargé de poursuivre les anciens fidèles de Milton Obote, qui vient d’être chassé du pouvoir.

L’ancien président ougandais Idi Amin Dada. © Archives Jeune Afrique

L’ancien président ougandais Idi Amin Dada. © Archives Jeune Afrique

Publié le 28 janvier 2008 Lecture : 2 minutes.

Tout commence une semaine plus tôt. Il est 15 h 45 lorsque, le 25 janvier 1971, la radio nationale ougandaise interrompt ses programmes. « Les forces armées nationales ont pris le pouvoir », annonce sur les ondes un sous-officier. Trente minutes plus tard, deuxième message : « L’armée a demandé au général Idi Amin Dada de diriger le pays. »

Informé du coup d’État, le président Obote décide de rentrer précipitamment de Singapour où il assistait à une conférence du Commonwealth. Mais son avion atterrit finalement à Nairobi, au Kenya. Inutile de revenir en Ouganda. Le chef de l’État s’envole alors pour Dar es-Salaam, où son homologue tanzanien Julius Nyerere lui offre l’asile.

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La population et l’Occident réjouit de sa prise de pouvoir

Considéré comme fruste, inculte et brutal, Amin Dada, grand escogriffe de 47 ans, a su faire preuve d’une certaine habileté pour mener son coup de force. De fait, l’ancien aide-cuisinier de l’Armée britannique, devenu chef d’état-major en 1968, était parvenu à obtenir le soutien de la bourgeoisie locale et des hommes d’affaires étrangers particulièrement inquiets du virage « socialiste » amorcé par le pouvoir en place.

La capitale ougandaise est le théâtre de scènes de joie populaire

Ainsi, de Kampala à Londres en passant par Tel-Aviv, l’annonce du renversement d’Obote est accueillie avec soulagement. La capitale ougandaise est le théâtre de scènes de joie populaire. Les manifestants qui déferlent dans la rue déchirent les photos du président déchu. Camions et taxis surchargés passent le long des avenues en klaxonnant. Au volant des véhicules : des Asiatiques, mais aussi des Européens.

Les Occidentaux se réjouissent de l’arrivée à la tête du pays de ce musulman issu de la tribu nubienne des Kakwas qui a promis de revenir sur le programme de nationalisation qui risquait de compromettre leurs intérêts. Obote, qui avait menacé de quitter le Commonwealth si les Britanniques reprenaient leurs ventes d’armes au régime raciste d’Afrique du Sud, était devenu gênant.

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Dictature, mégalomanie, enlèvements et massacres 

Mais une fois installé, le chef de l’État ougandais fait rapidement montre de son autoritarisme. Début 1972, il opère un spectaculaire retournement en rompant ses relations avec Israël, qui l’avait pourtant soutenu. Et donne quatre jours aux cinq cents ressortissants de l’État hébreux pour quitter le pays. Pendant plusieurs mois, la police militaire sème la terreur au sein de l’armée.

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Soupçonnés d’être trop proche d’Obote, les soldats langis, acholis et itesos sont la cible de nombreux massacres. En 1974, une ONG suisse indépendante estime qu’entre 25 000 et 250 000 personnes auraient été victimes d’assassinats arbitraires depuis l’avènement de « Big Daddy ».

Le tyran sanguinaire se révèle être aussi un mégalomane cyclothymique. Paré d’une toge et d’un grand collier, il se nomme chancelier de l’université de Makerere. Et s’attribue le titre prestigieux de « conquérant de l’Empire britannique » avant de s’autoproclamer « maréchal » puis « président à vie » en 1976. Sous l’œil complaisant de la communauté internationale.

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