Télécoms : chez Orange, les dirigeants africains brisent le plafond de verre

L’opérateur, Orange nomme le Sénégalais Alioune Ndiaye directeur général des filiales réunies au sein d’Orange Middle East and Africa (OMEA). Quatre autres Africains vont siéger au comité de direction de ce holding.

Orange compte 19 filiales de téléphonie mobile et fixe et près de 130 millions de clients en Afrique et au Moyen-Orient. Un Africain sur dix est un client Orange. © Claude Paris/AP/SIPA

Orange compte 19 filiales de téléphonie mobile et fixe et près de 130 millions de clients en Afrique et au Moyen-Orient. Un Africain sur dix est un client Orange. © Claude Paris/AP/SIPA

Julien_Clemencot

Publié le 28 février 2018 Lecture : 3 minutes.

«Orange est encore un groupe français en Afrique. […] L’an prochain, il y aura des initiatives fortes pour aller plus loin dans son africanisation. Pourquoi ne pas confier […] la gestion de nos filiales à un Africain. » En novembre, Stéphane Richard, PDG de l’opérateur, révélait dans JA sa volonté de voir évoluer le management des opérations.

Désormais assuré du soutien de l’état français, premier actionnaire de son groupe (13,39 %), dans sa candidature à un troisième mandat à la tête d’Orange, le dirigeant appuie sur l’accélérateur. En 2015, le projet Babel avait permis de créer un holding, Orange Middle East and Africa (OMEA), réunissant ses activités en Afrique et au Moyen-Orient.

L’africanisation du management est une question qui lui tient à cœur

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D’ici à quelques mois, il confiera sa direction opérationnelle à Alioune Ndiaye, patron de la filiale sénégalaise Sonatel. Baptisé Kilimanjaro, ce nouveau projet a reçu l’entier soutien de Bruno Mettling, actuel PDG d’OMEA, qui deviendra président du holding. « L’africanisation du management est une question qui lui tient à cœur. Cela va marquer son passage», décrypte une source interne.

Alors que le rythme de la croissance africaine d’Orange (environ 3 %) a ralenti ces dernières années, Stéphane Richard reste persuadé de l’importance du continent. Mais il sait que son groupe doit gagner en agilité pour coller à la révolution digitale en cours et être en phase avec les attentes de ses clients. « Qui mieux qu’un dirigeant africain pour y parvenir », résume notre interlocuteur.

Prise en novembre à l’occasion d’une tournée éclair au Sénégal et en Côte d’Ivoire, la décision de Stéphane Richard a été communiquée au président sénégalais en fin d’année. À 57 ans, Alioune Ndiaye, réputé pour la rigueur de sa gestion et sa diplomatie, affiche un excellent bilan depuis qu’il dirige la quatrième filiale du groupe par son chiffre d’affaires (1,6 milliard d’euros), derrière la France, l’Espagne et la Pologne.

Un tiers des sièges du comité de direction pour des cadres africains

Dans le cadre de la transformation de la gouvernance d’OMEA, Bruno Mettling souhaite également, selon nos informations, qu’un tiers des sièges du comité de direction du holding soient occupés par des cadres africains. Plusieurs nominations vont donc intervenir dans les prochaines semaines.

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Elisabeth Medou Badang a déjà annoncé qu’elle quittait la direction de la filiale camerounaise. Elle devient directrice de zone, chargée du Niger, de Madagascar et de la RD Congo. Elle sera également porte-parole d’OMEA. Le Sénégalais Léon-Charles Ciss, ancien de Sonatel, actuellement directeur du marketing d’OMEA s’occupera de la fonction « éthique et conformité ».

Ils seront accompagnés au sein du comité de direction par l’Égyptien Yasser Shaker, directeur de la technologie d’OMEA, tandis qu’un directeur général venant d’Afrique du Nord sera nommé à la tête de la zone Afrique du Nord et Moyen-Orient dans les prochains mois, en remplacement de Michel Monzani, qui part en retraite.

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Une évolution du mode de pilotage

Ces évolutions dans l’organisation s’accompagnent d’une évolution du mode de pilotage. Au sein de BuyIn, la co-entreprise créée avec Deutsch Telekom pour gérer ses achats, Orange constituera une équipe dévolue à l’Afrique pour mieux répondre à ses besoins. Les technocentres seront spécialisés, celui d’Aman répondra aux attentes des marchés de la zone Afrique du Nord et Moyen-Orient, tandis qu’Abidjan se tournera vers les filiales subsahariennes.

Enfin, sur le plan des ressources humaines, un effort sera fourni pour capter les profils rares issus de la diaspora et offrir des parcours professionnels plus riches à ses cadres. Reste la volonté de Stéphane Richard d’implanter le siège d’OMEA sur le continent. Sur ce point, rien ne devrait être décidé avant la fin de l’année.

OMEA en chiffres

  • 21 filiales
  • 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires
  • 130 millions de clients,
    • dont 34 millions d’utilisateurs d’Orange money
    • Et 11 millions de clients 4G

    Paris reste capital

    Si le siège d’OMEA sera vraisemblablement transféré sur le continent en 2018, les effectifs chargés de la gestion des participations dans les filiales et les activités régaliennes associés resteront à Paris.

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