Guinée-Bissau : le PAIGC remporte les législatives sans obtenir de majorité absolue au Parlement

Le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) a remporté les élections législatives du 10 mars, selon les résultats provisoires de la Commission nationale des élections (CNE). Mais le parti historique, qui domine la vie politique de la Guinée-Bissau depuis son indépendance, n’a pas obtenu de majorité absolue.

Domingos Simões Pereira, le président du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC). © SYLVAIN CHERKAOUI POUR JA

Domingos Simões Pereira, le président du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC). © SYLVAIN CHERKAOUI POUR JA

Publié le 13 mars 2019 Lecture : 2 minutes.

Les Bissau-Guinéens pourraient avoir l’impression de voir l’histoire bégayer. Après la proclamation le 13 mars des résultats provisoires accordant la victoire au Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), son patron Domingos Simões Pereira est de fait en position de redevenir Premier ministre, plus de trois ans après avoir été destitué de ce poste par le président José Mário Vaz, déclenchant une grave crise politique. 

Mais avec 47 sièges sur 102, selon les résultats proclamés par la Commission nationale des élections (CNE), l’ancien parti unique manque de peu la majorité absolue. Le PAIGC devrait toutefois pouvoir gouverner, en vertu d’accords conclus avec de plus petites formations politiques disposant de sept sièges, dont le Parti démocratique de Guinée-Bissau (APU-PDGB), l’Union pour le changement (UM) et le Parti de la nouvelle démocratie (PND).

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Alliance de l’opposition

Le PAIGC n’aura pas la tâche facile, et paye le prix de ses divisions. Les frondeurs de l’ex-parti unique, qui s’étaient regroupés en août 2018 au sein d’une nouvelle formation politique, le Madem G-15, ont obtenu 27 sièges.

Ces derniers se sont alliés avec le Parti de la rénovation sociale (PRS), qui totalise 21 sièges. Selon ces résultats provisoires, le parti du défunt président Kumba Yala, qui avait obtenu 41 sièges en 2014, perd donc son statut de première force d’opposition. Avec cette alliance, les deux partis constituent un bloc parlementaire de 48 sièges.

« Pas de contestation pour l’instant »

Ces résultats provisoires doivent encore être validés par la Cour suprême. Pour éviter de voir le pays replonger dans des violences politiques, les grands partis en lice s’étaient engagés à recourir aux moyens légaux en cas de contestation des résultats. « Le vote s’est déroulé dans un climat pacifique. Il n’y a pas de contestation pour l’instant », a déclaré le président de la CNE, Pedro Sambù.

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La population et la communauté internationale espèrent que ce scrutin contribuera à résoudre – et non à aggraver – la crise que traverse le pays depuis le limogeage en août 2015 par le président José Mário Vaz de son Premier ministre de l’époque, le chef du PAIGC Domingos Simoes Pereira, parti dont sont issus les deux hommes.

Une majorité fragile

Le rôle de faiseur de rois semble dévolu au Parti démocratique de Guinée-Bissau (APU-PDGB) de Nuno Gomes Nabiam, battu au second tour de l’élection présidentielle de 2017 par José Mário Vaz, dont les cinq sièges peuvent faire basculer la majorité absolue dans un sens ou dans l’autre.

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Ce succès du PAIGC, s’il se confirme, pourrait donc conduire à une nouvelle confrontation entre Domingos Simões Pereira et le chef de l’État, qui a marqué sa préférence pour le PRS. Les cartes pourraient cependant être rapidement rebattues : une élection présidentielle dont la date n’a pas encore été annoncée doit en effet avoir lieu en 2019.

« Rien ne dit que ces élections permettront de résoudre les problèmes qui minent le pays », avait prévenu en décembre le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, appelant à réformer la Constitution bissau-guinéenne pour clarifier les rôles respectifs des deux têtes de l’exécutif, à l’origine de nombreuses tensions ces dernières années.

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