Tigritude contre négritude

Publié le 27 novembre 2007 Lecture : 1 minute.

On a encore en mémoire la querelle qui opposa, dans les années 1960, Soyinka à un autre géant de la littérature africaine, Léopold Sédar Senghor. Pour railler le concept de « négritude » forgé par le poète sénégalais (avec ses amis martiniquais Aimé Césaire et guyanais Léon-Gontran Damas), et défini comme « l’ensemble des valeurs de civilisation du monde noir », l’écrivain nigérian avait inventé le terme de « tigritude ». Pour Soyinka, le tigre n’a pas besoin de proclamer sa tigritude, il bondit sur sa proie. Il s’en explique aujourd’hui : « Pourquoi fallait-il gaspiller notre énergie dans de vaines rhétoriques alors que notre continent se débattait dans des problèmes politiques et économiques insurmontables ? La situation nécessitait que l’on agisse avant tout. »
Soyinka va toutefois peu à peu infléchir sa position : « Ma réflexion sur la question de la négritude a beaucoup évolué à partir du moment où j’ai compris que la libération des Africains francophones passait nécessairement par l’affirmation de l’identité noire. Les Senghor, les Césaire, les Damas étaient les produits typiques de la colonisation française, qui, en voulant faire de l’élite noire des Français à part entière, ont déclenché ce mouvement de rébellion intellectuelle et poétique. On a assisté à un phénomène similaire dans les colonies portugaises où l’assimilation des autochtones était la politique officielle. Les Anglais, pour leur part, s’étaient toujours gardés de s’immiscer dans la vie culturelle de leurs sujets africains tout simplement parce qu’ils les croyaient incapables de s’adapter à la culture britannique, nécessairement supérieure. »

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