Pourquoi appelle-t-on le cinéma septième art ?

Question de Sabina Carlotti, Nice, France

Publié le 29 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

L’expression « septième art » a été forgée au début du XXe siècle – soit quelques années seulement après l’invention du cinéma – par le critique italien Ricciotto Canudo, auteur, en 1923, d’un « Manifeste des sept arts ». Probablement ce dernier avait-il repris à son compte la classification de Hegel (1770-1831), qui, dans son Esthétique, distinguait six arts : architecture, sculpture, peinture, musique, danse, poésie.
La liste du philosophe allemand était pourtant d’autant plus contestable que la nomenclature des arts a beaucoup fluctué au cours de l’Histoire. Dans l’Antiquité grecque, ils étaient au nombre de neuf, symbolisé chacun par une muse : la poésie épique (Calliope), l’histoire (Clio), la poésie lyrique (Érato), la musique (Euterpe), la tragédie (Melpomène), l’art d’écrire et la pantomime (Polymnie), la danse (Terpsichore), la comédie (Thalie), l’astronomie (Uranie).
Comme on le voit, la distinction entre arts et sciences n’était pas celle que l’on pratique aujourd’hui. Au Moyen-Âge, les choses se compliquent, puisque le mot art, conformément à son étymologie latine (ars signifie « science, savoir »), prend le sens d’activité, de métier. Ainsi parlait-on des sept arts pour désigner les disciplines enseignées en tant que méthodes (par opposition aux connaissances abstraites) : grammaire, dialectique, rhétorique, arithmétique, géométrie, histoire, musique. À côté figuraient les « arts mécaniques » : architecture, sculpture, peinture et orfèvrerie.
Ce n’est que plus tard que le mot art sera utilisé en tant que tel pour les activités consacrées à la création esthétique. Ainsi apparaît-il en 1752 dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, mais sous la forme « beaux-arts ». Ceux-ci, limités à quatre (architecture, sculpture, peinture et gravure), correspondent à ce qu’on appelle aujourd’hui les « arts plastiques ».
Si l’expression « septième art » a connu le succès que l’on sait, elle n’a pas d’équivalent dans les autres domaines de la création. Sauf dans la bande dessinée, qui est devenue pour tout le monde le « neuvième art ». En revanche, l’expression « huitième art » ne s’est pas imposée. On a voulu l’appliquer au théâtre, à la photographie, mais c’est finalement à la télévision qu’elle est revenue, même si les professionnels rechignent à l’utiliser.
Et quel sera le « dixième art » ? Certains pensent au jeu vidéo.

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