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Des enfants sud-africains jouent devant une fresque murale représentant Nelson Mandela, le 2 mai 2014, dans le quartier Soweto de Johannesburg © Ben Curtis / AP / SIPA

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Nelson Mandela, l’Africain du XXe siècle

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Nelson Mandela : 1940-1950, l’engagement dans l’ANC et la lutte contre l’apartheid

Jeune Afrique retrace dans ce dossier les grandes périodes de la vie de Nelson Mandela (1918-2013). Des textes tirés pour l’essentiel de « Mandela, The Authorized Biography », par Anthony Sampson (HarperCollins Publishers, 2011, 704 p.).

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Mis à jour le 18 juillet 2022 à 11:45

Au tribunal de Johannesburg, en 1952, à la suite d’une campagne de désobéissance civique. © Eli Weinberg/IDAF/JA

Le premier contact direct de Mandela avec le Congrès national africain (ANC) se situe en août 1943, lorsqu’il participa au boycottage des bus d’Alexandra (township de Johannesburg). Sous la conduite d’un nouveau président élu en 1940, le Dr Alfred Xuma, l’ANC, fondé en 1912, commençait alors à sortir de la torpeur où il avait sombré dans les années 1930.

Aux élections de 1948, l’alliance du Parti national du Dr Daniel Malan et du petit Parti afrikaner battit d’une courte tête – huit sièges – le Parti uni de Jan Smuts. Pour la première fois, des nationalistes afrikaners se retrouvèrent en mesure d’exercer le pouvoir sans l’appui, mais aussi sans l’influence modératrice, des anglophones. Certains, comme Tambo, se réjouirent de cette victoire, pensant qu’elle obligerait les Noirs à s’unir contre un ennemi déclaré. Personne, pas même Mandela, n’imaginait que pendant quarante ans les gouvernements successifs du Parti national enchaîneraient les lois qui permettraient de jeter en prison les dirigeants noirs ou les contraindraient à l’exil. Les premières furent votées en 1949 : tous les Sud-Africains seraient classés selon leur race ; les différentes races habiteraient dans des quartiers différents ; les mariages mixtes seraient interdits. Ce serait l’apartheid, la « séparation » réclamée depuis quelques années déjà par les Afrikaners pour lutter contre l’afflux dans les villes de travailleurs noirs.

Élégance et militantisme

Alors commencèrent pour Mandela, jusqu’à son arrestation en 1962 et son emprisonnement après le procès de Rivonia en 1964, une douzaine d’années de militantisme et de luttes de plus en plus rudes qui finiraient par empiéter complètement sur sa vie privée.

Mandela arrive au palais de justice de Johannesburg, le 19 decembre 1956, pour y être jugé pour "haute trahison". © IDAF/JA

Mandela arrive au palais de justice de Johannesburg, le 19 decembre 1956, pour y être jugé pour "haute trahison". © IDAF/JA

Dans les années 1950, les townships de Johannesburg, Soweto en tête, connaissaient une grande animation, intellectuelle et culturelle. Mandela, qui commençait à gagner de l’argent comme avocat, y participa tout d’abord volontiers. Il fréquentait les restaurants chic qui acceptaient les Noirs. Il accordait, comme il le fit toujours, un soin particulier à sa toilette et se faisait habiller, sur mesure, par Alfred Kahn, le tailleur du milliardaire Hany Oppenheimer. Il s’abstenait de boire et ne fréquentait guère les bars, les shebeens. Il était grand admirateur du légendaire boxeur Joe Louis et du poids mouche sud-africain Jack Tuli, champion de l’Empire britannique. Lui-même poids lourd – il mesurait 1,88 mètre-, il s’entraînait une ou deux heures tous les week-ends dans une salle d’Orlando.

Mais sa vie, désormais, c’était la politique. Harcelé, dans l’impossibilité d’exercer sa profession, Mandela fut à plusieurs reprises interdit de parole, emprisonné ou assigné à résidence. En décembre 1956, il fait partie des leaders de l’ANC arrêtés pour « haute trahison ». Ils seront relâchés sous caution.


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