Obsèques d’Henri Konan Bédié : communion nationale mais prélude de clivage électoral

Dix mois après le décès de l’ancien président ivoirien, ses obsèques rassemblent un personnel politique qui affiche une unité nationale émue, tout en plaçant des pions politiciens pour la prochaine présidentielle.

 © Damien Glez

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Publié le 23 mai 2024 Lecture : 2 minutes.

Il aura fallu dix mois pour que débutent les ultimes hommages à l’ancien chef de l’État ivoirien Henri Konan Bédié, décédé le 1er août dernier à 89 ans. Il faudra encore quelques jours pour qu’« HKB » repose en paix sous la terre légère de Pepressou, son village natal près de Daoukro.

Du 19 au 21 mai, les endeuillés de tout poil ont présenté leurs condoléances à la famille de l’ancien président, dans sa résidence abidjanaise du quartier de Cocody Ambassades, avant la veillée religieuse du 22 mai, à la cathédrale Saint-Paul du Plateau, la levée du corps et une messe ce 23 mai. Sont prévus ensuite, vendredi 24 mai, l’hommage de la nation et les honneurs militaires au Palais présidentiel et à l’Assemblée nationale.

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Après le recueillement des militants du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), la dépouille prendra la route de Daoukro, avec quelques étapes dans les villes d’Abobo, d’Adzopé, d’Akoupé et de Kotobi. Après une nouvelle veillée religieuse et traditionnelle à Daoukro, le corps finira son périple à Pepressou où il sera inhumé dans le caveau familial, le 1er juin, après d’ultimes recueillements de plusieurs jours.

Adversaires endeuillés

Si la période de deuil et la solennité des cérémonies nationales proscrivent l’affichage de positionnements partisans, chacun verra évidemment midi électoral à sa porte funéraire. L’ampleur des mobilisations et l’expressivité de l’émotion seront des indicateurs de popularité de la génération de Bédié. Tapis dans l’ombre du défunt honoré, ses deux anciens adversaires jugeront si leur ère politique est enterrée avec HKB ou si la nostalgie permet d’envisager une carte à jouer, à la prochaine présidentielle. Laurent Gbagbo veut être candidat mais ne le peut pas, du fait de l’état actuel de son casier judiciaire. Alassane Ouattara n’a pas encore dévoilé ses ambitions.

Les observateurs scrutent également le comportement de la nouvelle génération, notamment au cœur de la formation politique du défunt. Une fois n’est pas coutume, l’héritage semble réglé avant l’inhumation, en tout cas pour ce qui est de la transmission du flambeau électoral. Le candidat du PDCI à la présidentielle de 2025, Tidjane Thiam, tentera de s’oindre de l’aura du « vieux », tentant de faire oublier son profil de banquier à double nationalité ayant résidé deux décennies hors de la Côte d’Ivoire.

À travers Bédié, l’héritage d’Houphouët

Si Ouattara et Thiam sont appelés à vivre ces moments de recueillement chacun dans son couloir de nage, les deux hommes se lorgnent sans doute du coin de l’œil, comme pour détecter la direction que prendra l’âme houphouëtiste du jour. Dans le cadre du protocole funéraire, chacun peut revendiquer une responsabilité plus que logistique, les préparatifs de l’événement requérant, en plus de l’implication de la famille du défunt, celles de la présidence de la République et de sa formation politique.

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Il se murmure, par exemple, que le pouvoir – influencé par le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) – tenterait de contrecarrer une éventuelle prise de parole de Tidjane Thiam dans les environnements très politisés du Palais présidentiel ou de l’Assemblée nationale.

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