L’ANC a renouvelé sa confiance au président, Cyril Ramaphosa, pour mener sa famille politique à la victoire électorale. © MONTAGE JA : RAJESH JANTILAL/AFP
L’ANC a renouvelé sa confiance au président, Cyril Ramaphosa, pour mener sa famille politique à la victoire électorale. © MONTAGE JA : RAJESH JANTILAL/AFP

En Afrique du Sud, 2024 verra-t-elle l’ANC déchanter ?

Les élections générales qui vont se tenir entre mai et août 2024 pourraient être particulièrement difficiles pour le Congrès national africain, le parti de Nelson Mandela qui est plus bas dans les sondages.

Publié le 30 décembre 2023 Lecture : 2 minutes.

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2024, un grand test démocratique pour l’Afrique

Ouvertes ou jouées d’avance, de nombreuses consultations électorales, dont neuf présidentielles, sont attendues cette année sur le continent. Tour d’horizon.

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De longues files d’attente serpentent à l’entrée des bureaux de vote. Nous sommes le 27 avril 1994 et, pour la première fois, toute la population a le droit de voter. Ces élections libres signent la fin du régime d’apartheid. Dans les isoloirs, les Sud-Africains marginalisent le Parti national, de Frederik de Klerk (20% des voix), et donnent le pouvoir à l’ANC (62%). Nelson Mandela devient le premier président noir d’Afrique du Sud.

Trente années plus tard, ce score paraît inatteignable pour l’ANC. Plusieurs sondages, dont celui d’Ipsos publié le 27 octobre 2023, place le parti au-dessous de la barre fatidique des 50% aux élections générales censées se tenir entre mai et août 2024 (la date exacte n’a pas encore été annoncée). Le parti de Nelson Mandela, qui obtenait encore 62% des voix en 2014 au moment de la réélection de Jacob Zuma, tomberait bien bas si cette prédiction devait se vérifier. Elle confirmerait la tendance observée lors des élections locales de 2021, quand l’ANC n’avait obtenu que 46% des voix au niveau national.

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Vers une « chaolition » ?

Depuis ce jour, les partis n’ont plus qu’un mot à la bouche : coalition. Plusieurs villes, et non des moindres, sont gouvernées par des plateformes instables, qui se font et se défont au gré d’alliances opportunistes. Johannesburg est ainsi dirigée par le représentant du petit parti musulman Al Jamah-ah. Certains redoutent qu’une coalition soit synonyme de « chaolition » au Parlement.

Si l’ANC perdait la majorité, il lui suffirait cependant de s’allier à une petite formation, créditée de seulement 4% ou 6% des voix. Omnipotent depuis 1994, le parti au pouvoir devrait apprendre à cogouverner tout en restant le maître du jeu. Ce serait tout de même un camouflet pour l’ancien mouvement de libération, qui paierait ainsi le prix d’années de corruption et de mauvaise gestion, ainsi que son incapacité à lutter contre la criminalité et la hausse du chômage.

Malgré ce bilan peu reluisant, l’ANC a renouvelé sa confiance au président, Cyril Ramaphosa, pour mener sa famille politique au combat pour la deuxième fois depuis son élection, en 2019. Probablement plus modéré que ses camarades, le chef de l’État a un profil plus rassembleur. Il n’en devra pas moins assumer les conséquences de la plus grave crise du pays, celle qui a affecté l’ensemble du réseau électrique. En 2022, la population, sous le choc, a pris conscience de l’ampleur du problème. En 2023, la situation s’est encore dégradée, et l’année 2024 ne devrait pas voir la fin des délestages, qui handicapent l’économie nationale. Tout un symbole, alors qu’au temps de Mandela la population noire, notamment dans les zones rurales, avait enfin pu accéder à l’électricité.

« L’œuvre de Mandela continue de nous inspirer et de nous guider », souligne l’ANC dans un communiqué diffusé le 5 décembre, à l’occasion du dixième anniversaire de la mort de Madiba. Aujourd’hui, le parti pâtit surtout de la comparaison avec la manière dont l’ancien président exerçait le pouvoir.

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