Jean-Luc Mélenchon au Maroc, une tournée aux allures de pèlerinage

À l’invitation du PPS de Nabil Benabdellah, le leader de La France Insoumise débute ce 4 octobre une visite au Maroc qui le conduira à Marrakech, Rabat, Casablanca et enfin Tanger, sa ville natale. Au programme : des rencontres avec des hommes politiques et une conférence autour de la sortie de son dernier livre.

Jean-Luc Mélenchon, leader de La France Insoumise (LFI), en septembre 2023. © Facebook Jean-Luc Mélenchon

RYM-BOUSMID_2024

Publié le 4 octobre 2023 Lecture : 3 minutes.

Dix ans après sa dernière visite, Jean-Luc Mélenchon, chef de file des Insoumis, entame ce 4 octobre une tournée au Maroc. Une tournée à haute teneur symbolique pour celui qui a passé ses onze premières années à Tanger. L’idée de ce voyage est née il y a près d’un an de la volonté de renforcer la coopération entre les mouvements de gauche marocains et français. Un sujet d’autant plus brûlant que les relations diplomatiques entre les deux pays demeurent au point mort.

Si la venue de Mélenchon au Maroc a été discutée il y a près d’un an, le séisme qui a frappé le pays en septembre dernier en a accéléré le calendrier. Une figure politique de LFI, à mi-chemin entre le royaume et l’Hexagone, a permis qu’elle se concrétise : la députée Farida Amrani. Elle fera partie, avec Gabriel Amard, élu du Rhône, lui aussi d’origine marocaine, de la délégation qui accompagnera Jean-Luc Mélenchon.

la suite après cette publicité

Visite à Amizmiz

Pour la première étape, à Marrakech, ce 4 octobre, Jean-Luc Mélenchon se rendra à la médina de la ville ocre pour exprimer sa solidarité avec les victimes du séisme qui a ravagé la région d’Al Haouz le 8 septembre, faisant près de 3 000 morts. Il ira ensuite à Amizmiz, un village du Haut Atlas, où il échangera avec le représentant politique local sur le déroulement des opérations de secours. Mais ce déplacement au Maroc sera aussi pour l’homme politique français une tournée promotionnelle, au cours de laquelle il présentera son dernier livre, Faites mieux ! Vers la révolution citoyenne. Un essai politique abordant la planification écologique.

Cette thématique sera d’ailleurs au cœur de la conférence qu’il donnera au grand amphithéâtre de la faculté de droit de l’Université Hassan-II de Casablanca, le 5 octobre. Le lendemain, à Rabat, se tiendra une deuxième rencontre publique, à l’Université Mohammed-V.

Jean-Luc Mélenchon devrait ensuite s’entretenir avec la maire de Marrakech, Fatima-Zahra Mansouri, ainsi qu’avec plusieurs membres de la coalition gouvernementale issus du Parti du progrès et du socialisme (PPS), de Nabil Bendabdellah, mais aussi de l’Istiqlal, à la tête desquels le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka. Un dîner en l’honneur du leader de LFI est également prévu le 6 octobre avec le groupe parlementaire d’amitié France-Maroc chez son président, Mohamed Zidouh.

Ce périple se conclura le 7 octobre par un crochet à Tanger, ville dont le triple candidat à la présidentielle se souvient avec tendresse comme d’un « monde inouï ». En 2022, à un mois de l’élection présidentielle, interrogé sur son enfance à Tanger lors de l’émission « adn » de l’INA, il décrivait « une sorte de mixture de peuples, d’habits et de langues, qui était extraordinaire ».

la suite après cette publicité

Se remémorant des souvenirs sur les bancs de l’École Perrier, ou de l’École Berchet de Tanger, ou des pique-niques aux caps Spartel et Malabata, il racontait une vie « en permanence dans une sorte d’internationalisme actif », et se rappelait « un attachement, une bonhomie du lien au monde musulman ».

Douloureux exil 

Les parents de Jean-Luc Mélenchon, Jeannine et George, pieds-noirs d’Algérie installés au Maroc depuis deux générations, étaient d’origine modeste. La première, institutrice dans l’école d’un bidonville dans la banlieue de Tanger, était une catholique pratiquante. « Missionnaire », tel que la décrit son fils, elle lui aurait « donné les bases d’un socialisme éclairé », les sensibilisant, sa sœur Marie-France et lui, à « la souffrance des hommes et des animaux, très maltraités à l’époque », confiait-il en 2012 à la presse.

la suite après cette publicité

Le petit Jean-Luc, servant lui-même comme enfant de chœur, était alors fasciné par les odeurs et les chants associés aux rituels religieux. « À cette époque-­là au Maroc, dans notre milieu, l’identité française se confondait donc avec la religion catholique », explique-t-il dans Le choix de l’insoumission face à Marc Endeweld. Pendant ce temps, le père, receveur des postes athée, restait « dehors pendant l’office ».

Quelques années plus tard, quand ses parents divorcent, la famille est excommuniée. Une exclusion « totalement injuste » pour Jean-Luc Mélenchon, qui rejoindra la France avec sa mère en 1962. Direction Marseille d’abord – ville dont il sera élu député en 2017 –, puis la Normandie. Une seconde vie mais surtout un « arrachement à des odeurs, à des paysages, à une cohue ». Des années plus tard, nous apprend l’ouvrage Mélenchon le plébéien qui lui est consacré, il gardait encore dans son bureau, au siège du Parti de gauche, « une affiche colorée qui représente le port de Tanger ».

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Au Maroc, Jean-Luc Mélenchon clarifie sa position sur le Sahara

Jean-Luc Mélenchon, quatrième homme de la présidentielle 2012. © AFP

L’Afrique du Nord selon Mélenchon

Contenus partenaires