[Série] Burkinabè d’Abidjan, le business dans les veines

Cacao, immobilier, banques, distribution… Les hommes d’affaires burkinabè diversifient leurs activités dans de nombreux secteurs en Côte d’Ivoire. Qui sont ces pionniers de l’intégration économique régionale ?

Montage JA © Sia KAMBOU/AFP – Olivier pour JA – DR

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Publié le 19 juillet 2023 Lecture : 3 minutes.

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[Série] Burkinabè d’Abidjan, le business dans les veines

Les hommes d’affaires burkinabè diversifient leurs activités dans de nombreux secteurs en Côte d’Ivoire. Qui sont ces pionniers de l’intégration économique régionale ?

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Les entrepreneurs burkinabè sont devenus des acteurs importants de la vie économique de l’Afrique de l’Ouest, où ils continuent de développer leurs activités. « Cela prouve qu’il y a une dynamique qui se crée et qui permet aux entreprises burkinabè d’apporter des solutions », commente d’emblée Jean-Philippe Kaboré, patron du groupe de médias Optimum Media.

Le parcours de Mahamadou Bonkoungou, commencé dans le BTP, avec son entreprise Ebomaf, et poursuivi dans l’aviation, avec sa compagnie aérienne Liz Aviation, confirme l’appétit des businessmen de Ouagadougou pour l’expansion régionale. Une expansion qui doit nécessairement passer par la Côte d’Ivoire, première économie d’Afrique de l’Ouest francophone.

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Contrer les soubresauts politiques

Le cas des Burkinabè est cependant loin d’être isolé dans ce pays. La Côte d’Ivoire mise en effet sur un modèle libéral pour attirer les investisseurs : « Que vous soyez un investisseur israélien, qatari, américain, australien ou autre, ce qui détermine le choix des autorités n’est pas votre nationalité, mais votre compétence et votre expertise, ainsi que la capacité à mobiliser des ressources financières », avance un financier de la place d’Abidjan.

Une politique qui conforte la capitale économique dans son statut de mastodonte régional, avec plus de 40 % du PIB de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), qui regroupe huit pays : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.

Attentifs, voire sensibles aux soubresauts politiques, ces champions burkinabè de l’intégration économique ont choisi de ne pas placer tous leurs œufs dans le même panier, en se diversifiant et en étendant leurs activités au marché commun de l’Union. Mais cette tendance s’est surtout observée il y a vingt ans, quand la crise militaro-économique de 2002 qui a secoué la Côte d’Ivoire a conduit plusieurs milliers de Burkinabè installés en terre ivoirienne à se réinstaller dans leur pays d’origine. Des acteurs de l’économie directement concernés (transports, banque, immobilier) ont profité de ces événements pour asseoir leur position des deux côtés de la frontière.

Ouagadougou-Abidjan-Ouagadougou

Deux profils se dégagent ainsi parmi ces entrepreneurs. Le premier regroupe ceux qui ont bâti leur assise financière au Burkina Faso, avant de se lancer à la conquête du marché ivoirien, voire régional. C’est le cas d’Idrissa Nassa, le fondateur de Coris Bank International, qui domine la place financière de Ouagadougou avec son modèle basé sur le financement et la collecte de l’épargne des PME, ou encore d’Abdoulaye Kouafilan Sory, patron de Fidelis Finance, le leader local du crédit-bail et de l’affacturage, qui s’est établi à Abidjan.

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Le second rassemble ceux qui, à l’inverse, sont natifs de Côte d’Ivoire, ou ceux qui sont originaires du Burkina Faso, mais ont fait leurs armes à Abidjan. La fratrie Ouédraogo, Oumar, Aminata et Souleymane, dirigeants du groupe CTOP, en sont l’illustration. Cette entreprise familiale, qui possède des unités de transformation du cacao et contrôle la distribution des boissons de Solibra, s’est installée à Ouagadougou, où elle a développé une activité de montage et d’assemblage d’engins à deux roues, avec une certaine réussite. De même pour le jeune entrepreneur Issouf Joseph Zagré, créateur de l’entreprise de construction de logements Kastor Africa, ou encore pour Jean-Philippe Kaboré, qui se distingue en tant que patron de presse 100 % ivoirienne.

Pays d’accueil par excellence de la diaspora burkinabè, avec plus trois millions de personnes recensées, la Côte d’Ivoire est aussi, pour certaines d’entre elles, une terre d’investissement. Portraits de ces hommes d’affaires du Burkina qui ont Abidjan pour boussole.

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