Martin Fayulu, Augustin Matata Ponyo, Moïse Katumbi et Delly Sesanga, leaders de l’opposition congolaise, ont été empêchés le 25 mai par la police de se rendre devant le siège de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) où ils avaient prévu de manifester contre le « chaos électoral » qui s’annonce, selon eux, en RD Congo. Tôt le matin, des policiers anti-émeute déployés en nombre ont bloqué les accès vers la Ceni, située sur le boulevard du 30-Juin, l’une des principales artères de Kinshasa.
Conduits par les opposants et candidats à la prochaine présidentielle, les manifestants ont tenté à plusieurs reprises d’avancer vers les barrières métalliques dressées par les forces de l’ordre, mais ont été à chaque fois repoussés. Des échanges entre les leaders politiques et des responsables de la police ont duré au moins trois heures, sans parvenir à un compromis.
Les manifestants « n’ont pas un memorandum ni un document » à déposer à la Ceni, « nous n’avons pas reçu l’ordre de la hiérarchie » de les laisser passer, a expliqué un officier de police, sous couvert d’anonymat.
« Processus chaotique »
Des manifestants ont enflammé des pneus sur la chaussée, et entonné des chants hostiles au président Félix Tshisekedi. Ils ont aussi lancé des pierres ou des bouteilles en plastique en direction de la police, qui les a repoussés à coups de matraques ou en avançant avec des véhicules dans la foule, la poussant à se disperser. Au moins deux hommes qui formaient une ceinture de protection autour de Moïse Katumbi ont été brutalisés par la police. L’un d’eux a été blessé au visage.
L’opposition manifeste contre « un processus [électoral] chaotique que Monsieur Tshisekedi et les siens veulent rééditer pour 2023, le peuple dit non ! » a déclaré à la presse Delly Sesanga. La présidentielle est prévue le 20 décembre et Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis 2019, est candidat à sa réélection.
Contre-attaque du gouvernement
Une précédente manifestation de l’opposition avait été réprimée le 20 mai à Kinshasa par la police, répression condamnée par l’épiscopat congolais ainsi que par plusieurs instances internationales, dont les Nations unies (ONU) et l’Union européenne. Trois jours plus tard, l’opposant Katumbi avait été empêché de se rendre dans la province du Kongo-Central (ouest).
Devant la presse, le 24 mai, le ministre congolais de l’Intérieur, Peter Kazadi, a accusé des leaders politiques de chercher, avec des « manifestations non autorisées », à « provoquer des violences et des tueries pour les mettre sur le dos du gouvernement ». « Le gouvernement, garant de l’ordre public et de la paix sociale, n’entend pas se laisser intimider », a-t-il ajouté. L’opposition a affirmé son intention d’organiser des manifestations chaque jeudi à Kinshasa.
(avec AFP)