Au Soudan, les négociations pour une trêve à la peine

Les « pré-discussions » organisées en Arabie saoudite n’ont débouché sur « aucun progrès majeur », alors que les forces des généraux Burhane et Daglo continuent de s’affronter à Khartoum.

Des soldats de l’armée soudanaise, le 6 mai à Khartoum. © AFP.

Publié le 9 mai 2023 Lecture : 3 minutes.

Les combats faisaient encore rage le 8 mai à Khartoum et dans d’autres régions du Soudan entre les camps des généraux Abdel Fattah al-Burhane et Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemetti ». Les nombreuses trêves annoncées n’ont quasiment pas été respectées. L’ONG Acled dénombre déjà plus de 750 morts dans le pays et les autorités soudanaises 5 000 blessés.

À Jeddah, en Arabie saoudite, les émissaires des deux camps sont censés négocier une trêve. Ces « pré-discussions » sont uniquement « techniques », tempèrent depuis plusieurs jours les négociateurs soudanais et internationaux. Elles ne concernent aucun volet politique, dans un pays en plein marasme depuis le putsch de 2021.

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Les combats ont provoqué un vaste exode des habitants des régions touchées, l’ONU parlant de 335 000 déplacés et de 117 000 réfugiés.

Couloirs humanitaires

Les experts assurent que les pré-discussions se limiteront à dégager des corridors sécurisés pour l’aide humanitaire qui arrive sur la côte est, à Port-Soudan, afin de nourrir et soigner les civils pris au piège à Khartoum et au Darfour, autre région très touchée par les affrontements, située dans l’ouest frontalier du Tchad. Dans ces deux zones, quasiment plus aucun hôpital ne fonctionne et les réserves humanitaires ont été bombardées ou pillées dans leur majorité.

« Les principaux locaux du Programme alimentaire mondial [PAM] ont été pillés », a affirmé le 8 mai Farhan Haq, le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, António Guterres. Il a dénoncé des pillages « massifs » dans un pays où, avant la guerre, un Soudanais sur trois souffrait déjà de la faim. « Notre priorité est de parvenir à un cessez-le-feu durable » et de permettre l’accès de l’aide humanitaire, a déclaré de son côté l’ambassadeur américain au Soudan John Godfrey.

Malgré l’urgence humanitaire, les discussions à Jeddah n’ont pour le moment pas débouché sur des « progrès majeurs », a affirmé un diplomate saoudien au deuxième jour des discussions. Selon un fonctionnaire de l’ONU, le responsable de l’ONU pour les affaires humanitaires, Martin Griffiths, arrivé le 7 mai à Jeddah, a demandé à y participer.

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L’Égypte et les Émirats arabes unis, seuls recours ?

Pour Kholood Khair, spécialiste du Soudan, le manque de résultat n’est pas surprenant. Avec ces pourparlers, les deux camps cherchent surtout « à s’attirer les bonnes grâces des Saoudiens et des Américains, plutôt que d’arriver à un accord », dit-elle.

De plus, les partisans d’un pouvoir civil, écartés depuis le putsch et qui font le lien avec les humanitaires sur le terrain, ne sont pas représentés à Jeddah. Tout comme les acteurs qui pourraient changer la donne, note-t-elle, en référence aux Émirats arabes unis, grands alliés de Daglo, et l’Égypte, partenaire historique de l’armée soudanaise. Ces deux pays « sont les seuls qui sont parvenus jusqu’ici à arracher une trêve et à la faire respecter », dit-elle.

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La piste sud-soudanaise

Parallèlement aux Américains et Saoudiens, l’Union africaine (UA) – qui a suspendu le Soudan en 2021 et n’a donc plus de grands leviers de pression – et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), le bloc régional d’Afrique de l’Est dont fait partie le pays, tentent d’organiser des discussions sous l’égide du président du Soudan du Sud, Salva Kiir.

Ce dernier a reçu le 8 mai à Juba un émissaire du général Burhane, pour qui les discussions de Jeddah ne diminuent pas « le rôle que l’Igad et le président Salva Kiir » pourraient jouer dans les négociations entre les deux généraux.

(avec AFP)

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