Il était une fois un prince et une hôtesse de l’air…

Entre Albert de Monaco et la Franco-Togolaise Nicole Coste, tout a commencé comme un conte de fées. Huit ans après, c’est l’heure des règlements de comptes. Au coeur de la tempête médiatique : Alexandre, 20 mois…

Publié le 6 juin 2005 Lecture : 6 minutes.

Depuis le début de l’année, la principauté de Monaco, ce paradis pour milliardaires, est ébranlée par un véritable séisme. Son nom ? Alexandre, 20 mois. Sur le berceau de cet enfant, fruit des amours illégitimes d’Albert, fils de Rainier III, et d’une Franco-Togolaise de 33 ans, se sont en effet penchées les fées de la discorde et du scandale. Qui aurait imaginé que son père, ce célibataire endurci de 47 ans dont les conquêtes d’un soir alimentent depuis tant d’années les spéculations de la presse people finirait dans la peau d’un papa-gâteau ? Autre question, à la vérité plus sérieuse : Alexandre sera-t-il un jour le souverain des Monégasques ?
Tout commence le 13 juillet 1997. Comme un conte de fées. Sauf qu’en lieu et place d’une bergère, le prince rencontre une hôtesse de l’air. Son nom : Nicole Coste. Il n’a pas de blanc destrier, mais une monture aux ailes d’acier (un appareil de la compagnie Air France). Au cours du vol qui les emmène de Paris à Nice, les jeunes gens sympathisent, se sourient. Elle lui offre son plateau-repas, il lui demande son numéro de téléphone – et l’obtient. Début d’une jolie histoire d’amour.
Entre deux avions, Nicole retrouve le prince non dans son palais juché au faîte du rocher monégasque, mais dans son appartement, plus discret. Ils dînent rarement au restaurant, passent le plus clair de leurs soirées en tête à tête. Nicole joue les épouses modèles, mitonne des petits plats. Parfois, Albert lui demande quand même de l’accompagner lors d’événements officiels, World Music Awards ou tournoi de tennis de Monte-Carlo. « Très amoureuse », l’hôtesse de l’air est sur un petit nuage. Les premières turbulences n’apparaîtront que cinq ans plus tard.
Au cours d’un dîner au palais, Albert présente sa dulcinée à son père. « Voilà la personne dont nous avons parlé », souffle-t-il. Mais Rainier, qui rêve d’unir son fils à une aristocrate de la bonne vieille Europe, n’est pas transporté d’enthousiasme. La Cendrillon africaine sent qu’elle n’est pas la bienvenue et regagne sa chaumière. Albert, qui n’a rien, mais alors rien d’un fils rebelle, ne cherche pas à la rejoindre. Pis, il met un terme à leur relation. Fin du premier acte.
Nicole s’en va soigner son coeur brisé sur la côte basque. De Biarritz, elle appelle l’homme qu’elle aime, l’interroge :
« À ma place, que ferais-tu ?
– J’attendrais, répond Albert. Pas longtemps, mais j’attendrais. »
C’est ce que fait la jeune femme, dans l’espoir qu’un jour son prince reviendra…
Espoir déçu. Peu à peu, Albert se détache d’elle. Leur histoire continue pourtant, vaille que vaille, jusqu’au jour où, un an après les présentations officielles, Nicole tombe enceinte. « Ce n’était voulu ni de lui ni de moi, jure-t-elle. Je prenais mes précautions, mais j’ai fait à cette date un voyage à New York. J’aurais dû prendre mon premier comprimé, mais j’avais oublié ma boîte… » Au début, son amant princier semble se réjouir de l’heureux (?) événement. On le voit feuilleter des répertoires de prénoms masculins… Assez vite, pourtant, Nicole doit déchanter. Sous l’influence de son entourage, Albert de Monaco décrète que garder le bébé serait finalement une mauvaise idée. À plus de quatre-vingt-dix jours de grossesse, Nicole refuse d’avorter. Fin du second acte.
Albert promet d’assumer financièrement l’existence de l’enfant à naître, puis disparaît. Il est désormais injoignable… À partir de ce moment, les anciens amants ne communiquent plus que par avocats interposés. C’est seule que Nicole accouchera, le 24 août 2004, à l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul, à Paris. Rien, pas la moindre corbeille de fleurs… En revanche, l’émissaire d’un laboratoire français accrédité par l’Institut médico-légal suisse a fait le déplacement. Il prélève sur le nouveau-né un échantillon d’ADN. Le test de paternité se révèle positif.
Pour Nicole, qui a déjà, d’un premier mariage, deux petits garçons dont le père a la garde, les mois suivants ne sont pas franchement roses. Le jeune Alexandre est de santé fragile et, peu après sa naissance, doit être hospitalisé pendant six semaines. « J’ai affronté cela toute seule, sans me confier à personne », raconte la jeune femme à un journaliste de Paris Match.
Elle va pourtant finir par se réconcilier avec Albert. Deux mois et demi après la naissance d’Alexandre, le prince prend pour la première fois son fils dans ses bras. « Je lui ai demandé s’il ressentait quelque chose, se souvient-elle. Il m’a répondu qu’il ne réalisait pas. » S’il n’a pas encore la fibre paternelle très développée, Albert tient malgré tout à assumer ses responsabilités. En décembre 2004, il reconnaît officiellement l’enfant, à la seule condition que l’acte ne soit enregistré à la mairie qu’après le décès du prince Rainier. Nicole est soulagée : « Dans mon esprit, la non-reconnaissance, pour un enfant, cela revient à lui refuser ses racines. » Elle n’obtiendra toutefois pas la copie du document qu’elle réclame à plusieurs reprises au cours des mois suivants. Albert accepte en revanche de l’installer dans son appartement du 16e arrondissement de Paris et de lui verser une pension trimestrielle. Petit à petit, Alexandre et lui s’apprivoisent. Paris Match a publié des photos montrant le prince pouponnant avec application…
Peu après le décès, le 6 avril dernier, de Rainier III, Nicole exige, par le biais de son notaire, la copie de la fameuse reconnaissance de paternité. Réponse du nouveau souverain (qui a pris le nom d’Albert II) : niet. La jeune femme se fait insistante, mais ne réussit qu’à agacer l’entourage du prince. Elle tient bon, refuse que son enfant grandisse dans l’ombre et le secret, comme Mazarine, la fille cachée de François Mitterrand. « Je veux qu’Alexandre grandisse normalement, avec un père. Que cessent ces mensonges. Moi, je n’en peux plus de mentir, de me cacher et de passer pour la maîtresse de ses amis. À cause de ce silence, je n’ai plus d’identité, je vis presque dans l’illégalité », raconte-t-elle. C’est alors qu’elle décide de rendre leur histoire publique.
Cette reconnaissance de paternité à laquelle elle tient tant fait-elle pour autant de son bambin un possible prétendant au trône ? Rien n’est moins sûr. Selon l’article 10 de la Constitution monégasque, modifié en avril 2002, la succession « s’opère dans la descendance directe et légitime du prince régnant ». Ce qui semble bien écarter Alexandre. De toute façon, Nicole ne réclame pour son fils ni passe-droits ni privilèges. Elle attend simplement du père de son enfant qu’il assume le fruit de leur « belle histoire d’amour ».
À Monaco, le ciel hésite encore : va-t-il décidément tourner à l’orage ? Déjà traumatisée par la disparition du prince Rainier, la principauté vit désormais au rythme des rebondissements de « l’affaire Nicole ». Réservé et pudique, Albert, qui se sent « piégé », se mure dans le silence. Il confie qu’il a souvent eu la désagréable sensation que les femmes étaient moins intéressées par lui que par l’espoir d’un avenir… princier : « Quand je rencontre une femme, je me dis : OK, elle est charmante, mais que recherche-t-elle vraiment ? Derrière cette apparence aimable, n’y aurait-il pas quelque intention machiavélique ? »
Est-ce ce qu’il pense aujourd’hui de Nicole Coste ? On ne sait. Seule certitude : confronté à une succession difficile et pressé de faire ses preuves, le nouveau souverain, qui est sans doute le plus beau parti d’Europe (sept fois centenaire, la dynastie Grimaldi est à la tête d’une fortune estimée à plusieurs milliards d’euros), se serait bien passé de ces controverses.

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