Blocage du canal de Suez : le commerce international tourne au ralenti

Un porte-conteneurs, enlisé depuis quatre jours en raison de vents violents, bloque le passage de plus de 200 navires sur cet axe qui voit passer près de 10 % du commerce maritime international.

Le porte-conteneurs Ever Given de la compagnie maritime Evergreen bloque le canal de Suez, le 25 mars 2021. © ABC/Andia.fr

Le porte-conteneurs Ever Given de la compagnie maritime Evergreen bloque le canal de Suez, le 25 mars 2021. © ABC/Andia.fr

Publié le 26 mars 2021 Lecture : 3 minutes.

Faudra-t-il quelques jours ou quelques semaines pour débloquer le canal de Suez ? Les efforts se poursuivent vendredi pour dégager un porte-conteneur de 400 mètres de long coincé depuis quatre jours en travers de cette voie cruciale pour le fret maritime, qui relie la mer Rouge à la mer Méditerranée.

La société mandatée pour le « sauvetage » de l’Ever Given, battant pavillon panaméen, s’est montrée prudente, évoquant « des jours voire des semaines » pour la reprise du trafic sur le canal, qui voit passer, selon les experts, près de 10 % du commerce maritime international. L’incident, survenu mardi possiblement en raison de vents violents combinés à une tempête de sable selon différentes sources, a entraîné des embouteillages massifs.

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La Turquie a proposé vendredi à l’Égypte d’envoyer un remorqueur pour tracter le porte-conteneurs immobilisé, dernier signe de l’offensive de charme d’Ankara envers Le Caire après des années de crise.

200 navires bloqués

Selon la revue spécialisée Lloyd’s list, plus de 200 navires sont actuellement bloqués aux deux extrémités et dans la zone d’attente située au milieu du canal, entraînant d’importants retards dans les livraisons de pétrole et d’autres produits, avec une brève répercussion sur les cours de l’or noir mercredi.

Le géant du transport maritime Maersk et l’Allemand Hapag-Lloyd ont indiqué jeudi qu’ils envisageaient de dérouter leurs navires et de passer par le Cap de Bonne-Espérance, soit un détour de 9 000 kilomètres et dix jours supplémentaires autour du continent africain.

Or, les coûts globaux sont élevés dans le domaine du transport maritime de marchandises en conteneurs, avec une estimation d’environ 5,1 milliards de dollars par jour en direction de l’Europe (4,3 milliards d’euros) et 4,5 milliards de dollars vers l’Asie (3,8 milliards d’euros), selon Lloyd’s list.

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Peut-être « des semaines »

Depuis mercredi, l’Autorité égyptienne du canal de Suez (SCA) tente de dégager le navire de plus de 220 000 tonnes. « Des remorqueurs et des dragues sont utilisés pour briser des rochers », a déclaré à l’AFP une responsable de la société japonaise Shoei Kisen Kaisha, propriétaire du bateau.

Selon la SCA, il faudrait retirer entre 15 000 et 20 000 mètres cube de sable pour atteindre une profondeur de 12 à 16 mètres et remettre le navire à flot. La SCA a annoncé vendredi que 87 % du processus de retrait du sable avait été effectué par les dragues. Une importante marée haute, prévue en début de semaine prochaine, pourrait aider les équipes techniques. L’Égypte a reçu plusieurs propositions d’aide internationales, dont celle des États-Unis, selon la SCA.

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Mohab Mamish, conseiller du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi en matière portuaire, a indiqué jeudi soir à l’AFP que la navigation reprendrait « dans 48 à 72 heures maximum ». Cet ancien président de la SCA a supervisé la récente expansion de cette voie maritime. Mais, quelques heures plus tôt, la société néerlandaise Smit Salvage avait prévenu que l’opération pourrait prendre « des jours, voire des semaines ».

Près de 19 000 navires ont emprunté le canal en 2020

La société qui exploite le navire, Evergreen Marine Corp, basée à Taïwan, a sollicité Smit Salvage et l’entreprise japonaise Nippon Salvage pour mettre en place « un plan plus efficace » de sauvetage. Les premiers experts sont arrivés jeudi.

Smit Salvage a participé à de grandes opérations de sauvetage ces dernières années, notamment sur le Costa Concordia, navire de croisière Italien qui s’était échoué au large de la Toscane en 2012, et sur le sous-marin nucléaire russe Koursk, qui avait sombré avec 118 hommes en août 2000.

Incidents « rares »

Près de 19 000 navires ont emprunté le canal en 2020, selon la SCA, soit une moyenne de 51,5 navires par jour.

Selon un rapport de l’assureur Allianz Global Corporate & Specialty sur la sécurité maritime, « le canal de Suez présente un excellent bilan de sécurité dans l’ensemble, les incidents de navigation étant extrêmement rares – au total, 75 incidents de navigation ont été signalés au cours de la dernière décennie ».

L’assureur précise que la valeur assurée de ces navires, coque uniquement, dépend de nombreux facteurs tels que l’âge, mais se situe entre 70 et 150 millions de dollars (60 et 130 millions d’euros).

Selon la journaliste britannique Rose George, autrice d’un livre sur le transport maritime, ce dernier « nous apporte encore 90 % de tout (…) et nous en sommes fondamentalement dépendants ». Selon elle, « plus des deux tiers des accidents maritimes sont dus à l’erreur humaine ».

Parmi les possibles causes de l’incident évoquées par la SCA et par les experts jusqu’à présent figurent des vents violents, qui auraient déporté le navire, et la tempête de sable, qui aurait entraîné un problème de visibilité.

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