Dans l’ouest libyen, Zenten en état de guerre

Check-points nerveux tous les dix mètres, pneus qui flambent, tirs et nouvelles alarmistes sur des mouvements de troupes: d’un coup la situation s’est retournée dans Zenten « libérée », la ville de l’ouest libyen est en état de guerre.

Dans l’ouest libyen, Zenten en état de guerre © AFP

Dans l’ouest libyen, Zenten en état de guerre © AFP

Publié le 1 mars 2011 Lecture : 3 minutes.

Brusque montée de tension. La cité, située à à peine 145 km de Tripoli, est aux mains des opposants depuis plus de 10 jours et soudain lundi dans la soirée, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre: des mouvements de troupes.

« C’est la panique. La ville est entourée de nombreux véhicules armés. La population s’attend à être frappée et bombardée d’un moment à l’autre. Kadhafi va se venger car nous avons été parmi les premiers à nous révolter », lance Youssef, dignitaire local, sous couvert d’anonymat.

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Zenten est la première ville de l’Ouest à avoir manifesté le 16 février, en écho à la contestation partie la veille de Benghazi (est), coeur de la révolte contre Mouammar Kadhafi au pouvoir depuis 42 ans, et désormais aux mains des insurgés.

Sur le haut de la montagne, des vigiles ont repéré l’avancée des militaires fidèles au leader libyen à 30-40 km de là: venant du nord montagneux 40 camions et blindés munis de batteries antiaériennes, en provenance du sud plat et désertique des véhicules avec lances-missiles multiples.

« Les camions étaient là depuis un moment mais leur nombre a augmenté aujourd’hui et avant il n’y avait pas de blindés », lâche Youssef.

On craint un siège comme à Zawiyah, plus au nord, passée la semaine dernière aux mains des opposants avant d’être encerclée par l’armée.

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Cerné par les insurgés, Mouammar Kadhafi, qui a déjà perdu l’est lointain, ne veut pas lâcher l’ouest proche de la capitale où plusieurs villes ont été désertées sans bain de sang par les hommes du régime il y a une dizaine de jours.

Les habitants imaginent le pire: des mercenaire déguisés en civil, une base militaire plus au sud où des missiles seraient enterrés. On se rassure aussi: les soldats n’ont jamais été très armés car Kadhafi n’a confiance en personne, les blindés ne passeront pas la route sinueuse de la montagne.

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Déjà des combats éclatent pas loin. « Ils ont commencé à tirer ! » Coups de feu et balles traçantes. Ca se calme vite. De jeunes hommes rentrent en exhibant des sacs militaires comme des trophées.

Dans les rues, voitures brûlées et regards inquiets. Des habitants en parka kaki veillent près de pneus enflammés.

Un pick-up avec batterie antiaérienne volée à l’ennemi passe en trombe. Mais ici les armes sont rares. « Sous le régime de Kadhafi, avoir une arme de guerre est puni de mort », dit Mohamed, commerçant de 52 ans. Les soldats qui ont fait défection ont donné leurs fusils, d’autres ont été volés dans les casernes, expliquent les habitants. Mais ce sont surtout de vieilles pétoires que l’on voit.

Devant la mosquée, une manifestation s’organise. « Il n’y a Dieu que Dieu et Kadhafi est l’ennemi de Dieu », hurlent de jeunes hommes brandissant le drapeau de la monarchie du roi Idriss – noir, avec une étoile, un croissant blanc et deux bandeaux rouge et vert.

A l’intérieur, des Anciens, enroulés dans leur couverture blanche traditionnelle en poils de mouton, représentant de sept villes et villages de l’ouest, viennent lire une déclaration commune pour que le reste du monde sache.

« Nous venons dire au tyran libyen: nous ne sommes plus sous ton commandement. Nous saluons la déclaration du conseil national indépendant (créé à Benghazi, chargé de représenter les villes libérées). Nous sommes tous unis et appelons le peuple libyen à se soulever contre le tyran. Nous promettons de rester engagés contre le régime jusqu’à la mort ».

« Zenten a déjà affronté la féroce brigade du commandant Sahbane envoyée le 17 février pour reprendre la ville. Après les combats, 12 mercenaires africains ont été capturés », dit un ancien, Hassan, 47 ans. Retenus dans un fortin de terre, 10 Maliens et deux Nigérians sont présentés aux journalistes de l’AFP. « Nous voulons rentrer chez nous », lâche l’un d’eux.

Nuit d’angoisse, pas de bombardements. Mardi matin, l’approvisionnement en essence est coupé.

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