Une nouvelle génération de leaders politiques

Madani Tall, Tieman Coulibaly, Moussa Mara et Housseini Amion Guindo font partie de la génération de jeunes leaders qui émergent au sein du paysage politique malien.

Façade de l’Assemblée nationale du Mali, haut lieu de la vie politique depuis l’époque coloniale. © www.assemblee-nationale.insti.ml

Façade de l’Assemblée nationale du Mali, haut lieu de la vie politique depuis l’époque coloniale. © www.assemblee-nationale.insti.ml

Publié le 27 octobre 2010 Lecture : 4 minutes.

Mali : en route pour 2012
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Mali : en route pour 2012

Sommaire

MADANI TALL


Président d’Avenir et Développement du Mali (ADM).
© E. DAOU BAKARY POUR J.A.

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Un golden boy dont la cote monte

Né à Bamako en 1968, Madani Amadou Tall a quitté le Mali à l’âge de 6 ans. En France, où il grandit, il obtient une licence en sciences politiques, puis un diplôme de finance de marché et un master en politiques économiques internationales à l’université Johns-Hopkins de Washington. Pendant ses quinze ans d’expérience aux Etats-Unis, il devient l’un des golden boys africains les plus en vue, jusqu’à devenir vice-président d’une filiale du groupe Bank of America.

En 2002, Madani Tall, qui vouait une admiration sans faille à ATT et a oeuvré à son élection en tant que vice-président de sa campagne en Amérique du Nord, est rappelé au pays. À 34 ans, il devient le conseiller économique du président nouvellement élu et prend en charge des dossiers dans les secteurs des télécoms, de l’énergie et de l’agriculture, autant de champs d’expression pour ses idées progressistes, qu’il aime défendre avec conviction. Alors que beaucoup le jugeaient « trop technocrate », il affiche son goût pour la politique et met en place, à partir de 2007, son association, Avenir et Développement du Mali (ADM), active dans tous le pays, où elle apporte un soutien aux populations dans les secteurs sociaux.

Prochaine étape : l’ADM, qui compte déjà, selon ses partisans, 10 000 militants et plus de 100 conseillers communaux (dont Madani lui-même, élu en 2009 dans le pays dogon), prendra le statut de parti à la faveur de son congrès qui se tiendra fin octobre. Brillant et réputé compétent, son président tentera peut-être sa chance à l’élection de 2012. À moins qu’il ne choisisse de soutenir un candidat, par loyauté, ou un autre, par conviction.

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TIEMAN COULIBALY


Président de l’Union pour la démocratie et le développement (UDD).
© ÉMILIE RÉGNIER POUR J.A.

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Engagé volontaire

Son élection, en mars, à la tête de l’Union pour la démocratie et le développement (UDD) est la consécration d’un long parcours militant.

Natif de Bamako, Tieman Coulibaly a été formé à l’université de Saint-Étienne (France), avant de rentrer au pays en 1994 pour intégrer le groupe familial fondé par son père, Moussa Balla Coulibaly. Il entrera ensuite chez Panafcom Mali, une agence alors affiliée au réseau mondial Young & Rubicam, avant de fonder Stellis Communication en 2006.

Dès 1994, il anime les comités, sous-sections, puis la section de la commune V de Bamako de l’UDD. À la recherche d’un ancrage politique, il tente sa chance aux législatives de 2007, à Diéma (région de Kayes, Ouest). Ce sera un échec. Il se rend alors aux quatre coins du pays pour conquérir les militants de l’UDD, dont il sera secrétaire à la communication, secrétaire général adjoint puis secrétaire général.

Avec 3 députés, 186 conseillers communaux, et désormais dotée d’un jeune chef charismatique de 43 ans, l’UDD a pour objectif d’attirer de nouveaux cadres et de peser sur les échéances de 2012.

MOUSSA MARA


Président de Yelema (« Changement » en langue bamanan).
© ÉMILIE RÉGNIER POUR J.A.

Tout pour la jeunesse

À 35 ans, Moussa Mara a déjà mis en ballottage l’ancien Premier ministre IBK, lors de l’élection législative de 2007 à Bamako, sa ville natale, et a conquis le fauteuil de maire de la commune IV en 2009, en tant qu’indépendant. Mais il ne sera édile que quelques mois, à la suite de l’invalidation de l’élection, en décembre 2009.

En juillet 2010, Moussa Mara crée Yelema (« changement », en langue bamanan), « un parti de jeunes, pour les jeunes ». Depuis, malgré un emploi du temps chargé, l’expert-comptable (directeur associé du cabinet Sec Diarra) sillonne le pays pour implanter son parti et, fin octobre, publiera L’État au Mali, son second essai, dans lequel il évoque sa vision de la construction d’un État fort au service des citoyens. Dans les prochains mois, Moussa Mara sera confronté à un nouveau scrutin municipal. En cas d’échec, il sera affaibli pour 2012. S’il gagne, sa victoire lui donnera une nouvelle légitimité. Reste à savoir si ce sera suffisant pour prétendre à un leadership au sein de la nouvelle génération politique.

HOUSSEINI AMION GUNIDO


Député, président de la Convergence pour le développement du Mali (Codem).
© ÉMILIE RÉGNIER POUR J.A.

Sensible, social, surdoué

Derrière la modestie de Housseini Amion Guindo se cache l’un des politiciens les plus doués de sa génération. À 40 ans, le professeur d’histoire-géographie, promoteur de lycées privés et président d’un club de football, est déjà courtisé par les plus grands partis.

Natif de Bandiagara, ce Dogon polyglotte (il parle quatre langues nationales) a grandi dans la région de Sikasso (Sud), où il a été élu député lors d’une partielle, en 2005, contre le candidat de la majorité, et réélu deux ans plus tard. En 2008, il crée son parti, la Convergence pour le développement du Mali (Codem), qui compte 7 députés et s’est imposé aux communales de 2009 comme la quatrième force politique du pays. Guindo, qui se pose en représentant des valeurs rurales, tire son engagement d’un drame survenu alors qu’il avait 9 ans, quand il a vu mourir faute de soins, à une semaine d’intervalle, une sœur et un frère. Son ambition : changer la société malienne et faire « de la santé et de l’éducation des droits constitutionnels ».

Membre de la mouvance présidentielle, son parti n’en garde pas moins une liberté de ton et marque sa différence, notamment sur le code de la famille ou la privatisation de la filière coton.

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