Tunisie : Béji Caïd Essebsi réunit les signataires de l’Accord de Carthage

Alors que la majorité traverse une crise politique, le président de la République veut resserrer les rangs. Il a convoqué les signataires de l’accord de 2016 à une réunion ce vendredi, au Palais de Carthage, sans pour autant donner l’ordre du jour.

Le président tunisien Béji Caïd Essebsi, lors d’un discours à Tunis, en mai 2017 (image d’illustration). © Hassene Dridi/AP/SIPA

Le président tunisien Béji Caïd Essebsi, lors d’un discours à Tunis, en mai 2017 (image d’illustration). © Hassene Dridi/AP/SIPA

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Publié le 5 janvier 2018 Lecture : 3 minutes.

Hafedh Caïd Essebsi, fils du président de Nidaa Tounes, Beji Caïd Essebsi, nommé au poste du coordinateur général des structures, pose dans son bureau dans le siège du parti aux Berges du Lac, le 27 mai 2014. © Ons Abid pour Jeune Afrique
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C’est dans un contexte particulièrement tendu que le président Béji Caïd Essebsi a décidé de réunir les signataires de l’Accord de Carthage – feuille de route de l’exécutif, ce vendredi 5 janvier. Aucun ordre du jour officiel n’a été communiqué aux signataires qui seront présents à cette réunion.

Chacun tente donc de deviner ce qu’il risque d’y être discuté. Contacté par Jeune Afrique, Noureddine Arbaoui, directeur du bureau politique du parti Ennahdha, confirme que Rached Ghannouchi, président du parti, sera bien présent lors de la réunion. « En ce qui concerne l’ordre du jour, rien ne nous a été communiqué, mais je pense que cela va concerner l’avenir du gouvernement national », déclare-t-il. Pour d’autres, il s’agit a priori de discussions sur l’état de l’économie tunisienne, comme l’Utica : « La situation économique du pays et les réponses à y apporter seront au centre des discussions », nous promet-on. La présidente de l’Utica fera d’ailleurs le déplacement.

Il ne s’agit pas d’une réunion de crise, mais bien d’une réunion en vue de relancer un processus affaibli

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Tensions dues à la loi de finances 2018

Imed Khemiri, porte-parole d’Ennahdha, se veut franc : « Nous parlerons à la fois de politique et d’économie, car les deux sont liés. Le fait est que l’Accord de Carthage a été lancé pour répondre à des défis, notamment économiques, et que cet accord bat de l’aile. Il ne s’agit pas d’une réunion de crise, mais bien d’une réunion en vue de relancer un processus affaibli. Le dialogue n’était plus assuré entre les parties en présence, entre le gouvernement et la société civile. J’espère que la rencontre va permettre de relancer un dialogue constructif ».

En effet, depuis quelques jours, le gouvernement reçoit de fortes critiques dues à la forte augmentation des prix, après l’entrée en vigueur de la loi de finances 2018. À compter de la nouvelle année, les ménages tunisiens devront débourser environ 300 dinars (100 euros) de plus par mois pour faire face à cette hausse des prix. Une hausse quasi équivalente au minimum salarial dans le pays.

Un gouvernement en perte de soutiens

Mais le contexte économique n’est pas le seul facteur qui pourrait expliquer la tenue d’une telle réunion. Depuis quelques mois, certains partis se sont désolidarisés de l’exécutif, qui se retrouve aujourd’hui très fragilisé.

En décembre, suite au désaccord sur la loi de finances 2018, le parti Afek Tounes, représenté au gouvernement et signataire de l’Accord de Carthage, a officiellement annoncé son retrait de l’Accord et du gouvernement d’union nationale. Un retrait qui n’a pas été du goût du Premier ministre Youssef Chahed, qui a choisi de refuser la démission des deux ministres et de deux secrétaires d’État du parti Afek Tounes.

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Le parti Al Joumhouri a quant à lui annoncé qu’il déclinait l’invitation à la réunion des signataires de l’Accord de Carthage, dans un communiqué publié le 4 janvier sur sa page Facebook. En novembre dernier, le parti avait déjà quitté le gouvernement d’union nationale, en dénonçant la mainmise de Nidaa Tounes et d’Ennahdha sur l’exécutif.

Dans ce communiqué, le parti explique notamment les raisons qui l’ont poussé à décliner l’invitation officielle de la présidence de la République. Il mentionne notamment le contexte d’augmentation des prix, mais aussi la « dégradation du paysage politique », ce qui « a compliqué », selon lui, « la résolution des difficultés que rencontre le pays et qui a vidé l’Accord de Carthage de sa substance. »

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