De plus en plus d’Africains intègrent Polytechnique

De plus en plus d’Africains intègrent Polytechnique, la prestigieuse école d’ingénieurs française. Mais malgré les intentions affichées, seule une minorité repartira travailler sur le continent.

Parmi les élèves étrangers de Polytechnique, 27% viennent d’Afrique. © Aurélien Faidy/Divergence

Parmi les élèves étrangers de Polytechnique, 27% viennent d’Afrique. © Aurélien Faidy/Divergence

Publié le 14 novembre 2013 Lecture : 3 minutes.

Parmi les près de 630 diplômés de Polytechnique issus du continent, certains ont marqué les esprits. C’est le cas du Franco-Ivoirien Tidjane Thiam, directeur général de l’assureur britannique Prudential, du Tunisien Mohamed Frikha, fondateur de la société d’informatique Telnet et de la compagnie aérienne Syphax, de Driss Benhima, PDG de Royal Air Maroc, ou de la Sénégalaise Rose Dieng-Kuntz, chercheuse spécialiste de l’intelligence artificielle et première femme africaine à avoir intégré l’X, en 1975. Dans leur sillage, une trentaine d’étudiants du continent rejoignent chaque année le campus de Palaiseau, en région parisienne. En 2012, ils représentaient 27 % des élèves étrangers de l’X. Comme leurs homologues français, ils reçoivent une bourse mensuelle de 800 euros.

À lui seul, le Maroc fournit le contingent le plus important, en raison de la qualité de ses classes préparatoires. Résultat, le réseau d’anciens compte quelque 313 Marocains, 181 Tunisiens, près d’une trentaine d’Algériens, de Sénégalais et de Camerounais, pour l’essentiel.

la suite après cette publicité

polytechnique infoAfin d’élargir son vivier, l’X a créé, en 1995, une voie d’admission ouverte aux étudiants en licence de mathématiques ou de physique, pour les Français comme pour les étrangers. C’est l’une des principales portes d’entrée de la poignée de Subsahariens qui grossissent les rangs du « cycle ingénieur » – la voie royale de Polytechnique – et des nombreux masters et doctorats que propose l’école depuis 2010. « De plus en plus d’Africains tentent leur chance », constate Mathieu Le Traon, directeur adjoint des relations internationales.

Cofondé en 2003 par Alain Ducass, Directeur du pôle économie numérique d’Adetef, l’agence de coopération technique des ministères économiques et financiers français, le groupe X-Afrique favorise leur venue, entre autres en contribuant au parrainage des nouveaux étudiants. « Je suis parrainée par un Marocain entré à Polytechnique en 1962, cinquante ans avant moi ! souligne Khadija Lahlou, étudiante marocaine en deuxième année du cycle ingénieur. Je bénéficie de son recul et de son expérience. »

Le groupe se veut aussi un cercle de réflexion réunissant ses membres deux à trois fois par an et échangeant avec des cercles d’influence comme Maroc Entrepreneurs, Africagora, African Business Club… « Ce qui nous rassemble, c’est la volonté de contribuer au développement du continent », ajoute Hatime Araki, coprésident d’X-Afrique représentant le Maghreb, qui souligne l’esprit de corps qui unit les lauréats.

Lire aussi :

la suite après cette publicité

Afrique francophone : les 25 leaders de demain
Aïssata Lam : « L’objectif, c’est de valoriser le talent »

« Pour les jeunes diplômés qui souhaitent s’installer au Maroc, il arrive souvent que nous prenions des rendez-vous avec des PDG ou des directeurs généraux, eux-mêmes anciens de l’X. Cela a fonctionné deux fois pour moi », note Khalid Safir, président du groupe X-Maroc. « Ce qui compte, c’est l’annuaire, le sentiment d’appartenance et le réseau informel », confirme le Congolais Marcel Kinengue, ingénieur spécialisé dans les télécoms chez Capgemini.

la suite après cette publicité

Patrie

Force est de constater, en revanche, que les liens tissés grâce à Polytechnique poussent le plus souvent les diplômés africains à débuter leur carrière loin du continent, faute de propositions intéressantes. « Je veux me faire une expérience à l’international puis, dans une dizaine d’années, rentrer au Maroc pour rejoindre un groupe comme l’ONE [Office national de l’électricité] ou l’OCP », explique Khadija Lahlou.

En Afrique subsaharienne, même si la patrie reste une préoccupation, les perspectives de retour sont encore moins évidentes. « Je compte travailler dans l’industrie, au service du Sénégal, sur place ou à distance », indique Jean-Charles Faye, en troisième année du cycle ingénieur. Même son de cloche chez son condisciple malien, Cheick Mahady Sissoko : « Je retournerai en Afrique selon les occasions qui se présenteront. » Au final, seule la moitié de ces étudiants regagnera le continent.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires